> Taille des classes (principalement en EP) > Taille des classes (Positions) > Fabius et DSK suggèrent de diminuer le nombre d’élèves par classe en ZEP

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Fabius et DSK suggèrent de diminuer le nombre d’élèves par classe en ZEP

27 octobre 2006

Extrait du « Monde » du 25.10.06 : Les candidats socialistes se différencient sur la jeunesse et l’école

La jeunesse, principal objet de confrontation entre les candidats socialistes à l’investiture. Dans leur débat sur la société française, Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn se sont largement focalisés sur la place des jeunes, leur éducation, la lutte contre leurs comportements déviants et l’absence d’égalité des chances. Des lignes de fracture importantes sont apparues entre les candidats, sauf sur un point, consensuel : la nécessité, selon eux, d’accroître l’effort budgétaire en direction de l’éducation nationale et de la jeunesse.

Le premier sujet concerne l’égalité des chances. Les trois candidats se retrouvent pour dénoncer les promesses non tenues de la République. Mais ils s’engagent dans deux voies radicalement différentes. La première marque une rupture dans la doctrine éducative du PS : Ségolène Royal propose désormais d’assouplir la "carte scolaire". Semblant reconnaître que sa suppression comporterait des risques, elle suggère l’élargissement des secteurs scolaires actuels pour donner aux parents le choix entre deux établissements. Elle ne précise pas, toutefois, comment elle éviterait la concurrence à l’intérieur des secteurs, ni comment elle redéfinirait la carte, une opération que l’Etat et les collectivités locales ne sont jamais parvenus à réaliser.

La seconde voie, empruntée par Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, correspond au corpus idéologique traditionnel du PS en matière d’éducation : les deux candidats proposent, avec des modalités différentes, d’accroître de manière significative les moyens. M. Strauss-Kahn suggère de diminuer le nombre d’élèves par classe (15 élèves par classe en ZEP contre 22 en moyenne aujourd’hui), s’inspirant des travaux conduits par l’économiste Thomas Piketty sur le bilan des ZEP.

M. Fabius propose, lui, d’augmenter fortement l’encadrement pédagogique en visant notamment un meilleur soutien scolaire après les classes. MM. Strauss-Kahn et Fabius collent ainsi aux discours des syndicats d’enseignants. Des revendications satisfaites sur le long terme : entre 1990 et 2004, le coût annuel d’un collégien a augmenté de 33 % et celui d’un lycéen de 50 %.

Le second thème, abordé par M. Strauss-Kahn, concerne l’autonomie des jeunes. (...)

La troisième grande thématique concerne la délinquance des mineurs. Conformément à la vision traditionnelle du PS en matière de sécurité, les trois candidats ont martelé leur volonté d’équilibre entre répression et prévention. Mme Royal se distingue en suggérant une alternative à l’emprisonnement des mineurs avec l’envoi de ces jeunes dans des camps devenus "humanitaires" pris en charge par l’armée, les pompiers ou les gendarmes. De ce point de vue, l’ancienne ministre déléguée à l’enseignement scolaire peut se targuer d’une expérience réussie avec le développement des "classes-relais" dans les collèges, un dispositif de prise en charge des élèves gravement perturbateurs.

M. Strauss-Kahn s’est placé dans une logique plus traditionnelle à gauche. L’ancien ministre des finances entend peser sur les "causes" supposées de la délinquance (crises de l’emploi, du logement, etc.), mais est resté vague sur la gestion concrète des questions de sécurité, hormis la proposition du rétablissement de la police de proximité, créée sous le gouvernement Jospin. Une approche également défendue par M. Fabius.

Luc Bronner et Catherine Rollot

------------

Extrait du « Monde » du 26.10.06 : Fabius, Royal et Strauss-Kahn exposent leurs différences sur les sujets de société

(...)

On sait qu’en moyenne, aujourd’hui, une famille sur trois contourne la carte scolaire. Voulez-vous, oui ou non, la supprimer ?

Ségolène Royal

(...) Le coeur de mon projet, c’est l’éducation, encore l’éducation, toujours l’éducation parce que tout revient à la question éducative. (...) Je suis favorable à l’élargissement de la carte scolaire, des secteurs scolaires, au sein desquels les familles pourraient choisir, par exemple, entre deux écoles. (...) Si on élargit la carte scolaire et si l’on prend une circonférence plus large qu’aujourd’hui, on aura une certaine mixité. Comme cela se fait dans certaines villes, comme à Lyon, où Gérard Collomb a redécoupé la carte scolaire en triangle, en englobant à la fois les écoles de la périphérie et les écoles du centre. (...) Vous savez, là où cela marche, là où il y a des résultats, qui atteignent même le niveau national, c’est là où, dans les établissements scolaires, il y a une cohérence des équipes pédagogiques avec un chef d’établissement. Dans les collèges où cela marche, les équipes pédagogiques se constituent ensemble, les chefs d’établissement connaissent individuellement les élèves, on investit massivement dans la culture et dans le sport. Et on réalisera, ce qui est dans le projet des socialistes (...), le soutien scolaire gratuit pour les élèves, pour qu’ils rentrent chez eux en ayant fait leurs devoirs et appris leurs leçons.

DSK

(...) C’est moi qui ai poussé pour que soit introduit (dans le projet socialiste) le service public de la petite enfance. (...) En créant des crèches où tous les enfants doivent pouvoir aller, car tout le monde doit pouvoir avoir un soutien lorsqu’il est à cet âge-là, en organisant des soutiens personnalisés à partir du CP par des instituteurs volants... (...)

Nous voulons la mixité sociale et on constate qu’il y a beaucoup de dérogations. (...) Dans les quartiers où les écoles ont mauvaise réputation, il faut qu’il y ait 15 élèves par classe, qu’on rebâtisse les écoles, comme on l’a fait dans ma commune, qu’on crée là des classes d’excellence comme la classe européenne à Vaulx-en-Velin ou les classes préparatoires à Sarcelles. (...) Il faut que les parents aient envie de laisser les enfants dans ces écoles-là. (...) La solution n’est pas de se débarrasser de l’outil et d’oublier par-là l’objectif, la mixité sociale. La solution est de mettre le paquet là où il faut (...).

Laurent Fabius

(...) D’abord, il faut accroître l’encadrement scolaire dans les zones en difficulté, ça, c’est concret ; garantir, dans les ZEP en particulier, un soutien scolaire après la classe ; donner une place accrue à l’éducation physique et artistique, développer la prise en charge massive de la petite enfance. (...) L’éducation, c’est décisif. Le premier projet, le premier budget, le premier sujet. Maintenant, sur l’enseignement supérieur, il y a beaucoup de choses à changer, en particulier il y a un effort financier à faire parce que, aujourd’hui, nous sommes au tiers par étudiant des Etats-Unis, ce qui est absurde, alors qu’on sait que c’est là la ressource humaine, c’est là la clé du futur... (...)

Quand un étudiant est obligé de travailler pour ses études, il a 40 % de chances en moins de réussir et il faut donc créer cette allocation d’autonomie. (...) Quant à la question de l’autonomie, (...) j’entendais, Ségolène, qu’il faudrait une régionalisation des universités. Je ne suis pas d’accord. Il faut bien sûr qu’on donne plus de poids aux régions, mais il faut une péréquation nationale et que l’Etat affirme que les diplômes ont une valeur nationale.

(...)

-------------

Extrait du site du « Nouvel Obs », le 26.10.06 : " Société et institutions : le point sur les propositions des candidats du PS

PARIS (AP) — Au lendemain du deuxième débat télévisé entre Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn, voici un récapitulatif des propositions nouvelles et anciennes qu’ils ont avancées sur les questions de société, qui complètent le projet du PS :

Laurent Fabius

 laïcité : il promet d’être "un président laïc" qui "refusera de toucher à la grande loi de 1905" sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Il préconise d’adosser une Charte de la laïcité à la Constitution, comme le prévoit le projet du PS.

 banlieue : réunir dès l’automne 2007 des "états généraux de la jeunesse et des quartiers" pour "aller plus loin dans la lutte contre les discriminations et pour la promotion de tous les talents". Il réclame "un vrai plan de renaissance urbaine".

 sécurité : revenir sur la suppression de la police de proximité. Créer un conseil national de sécurité intérieure présidé par le Premier ministre, et décliné au niveau local.

 immigration : régularisation "large mais pas aveugle" des sans papiers. Référendum en septembre 2007, notamment pour accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales.

 éducation : "soutien scolaire après la classe" dans les ZEP et "place accrue" à "l’éducation physique et artistique". Il avait aussi proposé de "moduler fortement" les moyens des établissements en fonction de l’origine sociale des élèves pour "donner aux plus défavorisés les mêmes chances de réussir".

 homosexualité : légaliser le mariage et l’adoption par les homosexuels même s’il "faudra en convaincre l’opinion".

 institutions : le référendum de septembre 2007 prévoirait aussi la parité au sein du gouvernement et la responsabilité pénale du chef de l’Etat. La Constitution rendrait obligatoire la saisine des partenaires sociaux avant toute loi sur le droit du travail ou sur la "Sécu".

Ségolène Royal

 sécurité : les jeunes primodélinquants pourraient être placés dans "un camp humanitaire dans un pays pauvre, encadré par l’armée", "les pompiers" ou "les gendarmes". Elle avait aussi proposé fin mai des "stages" des parents au "premier acte d’incivilité" de leur enfant en primaire, un "deuxième poste d’enseignant" dans les classes difficiles et une mise sous tutelle des allocations familiales des parents défaillants.

 éducation : "élargissement" de la carte scolaire pour laisser les familles choisir "entre deux écoles" en attendant "une vraie réforme" ; "tutorat" des étudiants sur les collégiens pour leur apporter "un soutien scolaire gratuit", en échange de "points supplémentaires pour leur diplôme". "Investir massivement" dans les établissements de ZEP et permettre aux proviseurs d’y "choisir" leur équipe.

 immigration : hostile à une régularisation "massive", elle préfère un règlement "au cas par cas", géré de façon "décentralisé" par les préfets. Elle veut "revenir à la régularisation au long cours" après dix ans de présence irrégulière. "Visa saisonnier régulier" pour les travailleurs saisonniers. Quant aux expulsions, "un Etat de droit doit respecter la loi", mais il faudra le faire en "coopération avec les pays européens" et "toujours dans le respect des personnes".

 homosexualité : initialement réservée, elle a indiqué que "oui", il faudrait élargir le mariage et l’adoption aux homosexuels.

 institutions : créer des "jurys de citoyens" pour "aider les élus à évaluer leur politique" dans le cadre de la "démocratie participative". Ouvrir aux citoyens le conseil des ministres. Instaurer le vote obligatoire, le non-cumul des mandats, la reconnaissance du vote blanc, une décentralisation "radicale".

Dominique Strauss-Kahn

 banlieues : suppression de la taxe d’habitation dans les quartiers populaires. Pour assurer la mixité sociale, les obligations sur les logements sociaux seraient étendues au secteur immobilier privé. Créer des "villes nouvelles" pour résorber la pénurie de logements.

 immigration : pour une "régularisation régulière" sur la base "de critères" qui peuvent évoluer "avec le temps". Créer "un ministère des Migrations" pour "traiter plus directement la question".

 éducation : "mettre le paquet" sur les écoles défavorisées en y mettant "15 élèves par classe" ou en "créant des classes d’excellence". Garantir à tous 18 ans de formation initiale. Face au "déclassement" des universités, qui pourraient être mises en concurrence, il n’exclut pas que des entreprises leur fassent des "dons", mais sans "droit de regard sur ce qui est enseigné". Un "patrimoine de départ" serait "donné à chaque jeune" pour "commencer dans la vie", financé par la suppression des baisses d’impôt accordées aux plus hauts revenus. Réserver les allocations familiales à "ceux qui en ont le plus besoin".

 homosexualité : il revendique d’avoir été l’un des premiers à se prononcer pour le mariage et l’adoption par les couples de même sexe.

 institutions : pour un président "qui agit" et pas "arbitre". AP

Répondre à cet article