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Les ZEP dans le Café pédagogique n° 75 - 1

19 septembre 2006

Extrait de « Café pédagogique » du 17.09.06 : Extraits du numéro 75

Le Café pédagogique

Septembre 2006, première partie (sur 4)

Les élèves ne sont pas sans valeurs

"Les collégiens font part d’un plus grand rejet à l’égard des discriminations et d’une plus grande ouverture d’esprit que les écoliers. Ils s’affirment également plus nettement au sein de leur groupe de camarades et attachent plus d’importance aux libertés d’expression. Mais ils respectent beaucoup moins scrupuleusement les règles, notamment celles de la vie scolaire.". Alors qu’ils sont guettés par la nouvelle note de vie scolaire, le ministère publie les résultats d’une enquête sur "les attitudes à l’égard de la vie en société des élèves de fin d’école et de fin de collège".

Au hit-parade des valeurs des écoliers et des collégiens, la tolérance et la défense de l’environnement l’emportent de loin. La solidarité est assez partagée. Enfin, l’enquête révèle une grande acceptation de la loi et des contraintes de la vie scolaire chez les écoliers qui s’émousse nettement au collège.

Fils d’ouvriers et fils de patrons. Mais le premier enseignement est sans doute dans la constatation de valeurs partagées par tous ces jeunes. En ce sens, l’Ecole fonctionne comme un creuset. Avec ses limites. Si 19% des écoliers trouvent inacceptables les grèves, c’est le cas de 18% des enfants des ZEP et de 23% des écoliers du privé. " Au niveau des différences notables, on remarque que les élèves de ZEP/REP se déclarent moins soucieux de l’écologie et de l’environnement et moins tolérants que leurs camarades des autres types d’écoles. En revanche, ils obtiennent 1 point de plus que les élèves du secteur public hors ZEP/REP dans le domaine Vie scolaire. Les élèves du privé défendent moins les libertés publiques que les autres élèves".

Les jeunes ne sont plus ce qu’ils étaient. Comparativement aux jeunes de 1994, les élèves de 2005 sont plus tolérants mais font preuve d’un moindre respect envers les normes scolaires.

L’étude (en pdf)

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Genève, laboratoire des fusions conservatrices

"Heureusement, c’est bien le peuple qui tranchera". Le 24 septembre, les citoyens du canton de Genève (Suisse) auront à se prononcer sur l’avenir de leur école. Une pétition signée par 28 000 citoyens a permis à la droite de provoquer un référendum (une "votation") le 24 septembre sur l’organisation de l’école genevoise.

Deux thèses s’affrontent. Pour la droite genevoise (parti libéral, parti démocrate chrétien), fédérée dans l’Arle, "l’évolution de la société et des mours sert depuis quinze ans de prétexte à une innovation effrénée qui transforme l’école en un laboratoire d’expérimentation. Les réformes scolaires à répétition entravent l’acquisition des connaissances de base.

La mission élémentaire de l’école primaire - apprendre à lire, à écrire et à compter - n’est pas efficacement assurée. L’idéologie qui inspire la rénovation de l’enseignement primaire est remise en question depuis longtemps. Elle consiste à inviter l’élève à découvrir et à « construire » les connaissances par lui-même et en interaction avec ses camarades. Les plus récentes études confirment les doutes émis sur cette méthode". On aura reconnues les thèses des "anti-pédagogistes". Ils demandent le rétablissement des notes, la suppression des cycles et le retour du redoublement. Ils revendiquent " une école qui instruise avant d’éduquer. Les maîtres y transmettent des connaissances pas à pas, des plus simples aux plus complexes". Cette initiative demande l’abrogation d’une loi de rénovation de l’école, largement inspirée par les travaux de l’école de Genève (P. Perrenoud etc.), adoptée en 1994 et qui n’est encore que partiellement appliquée. Elle met en avant les mauvais résultats du système éducatif genevois.

Les partis de gauche, socialistes, verts etc., et le principal syndicat enseignant soutiennent une position inverse. Ainsi pour le ministre socialiste de l’éducation, Charles Beer, "Tout ne se joue pas sur la manière d’enseigner et d’évaluer. Il y a par exemple le nombre d’heures d’enseignement. On ne passe pas d’une semaine de cinq jours à quatre jours, comme l’a fait Genève, sans conséquences, même si cela n’explique pas tout.

La question des moyens donnés à l’enseignement est aussi primordiale. Au début des années 1990, Genève consacrait davantage de ressources financières à son éducation que l’ensemble des autres cantons, aujourd’hui on est pratiquement en queue de peloton. Or, pendant la même période, notre canton a connu une forte croissance de la population, qui place Genève comme l’un des principaux pôles de croissance démographique d’Europe, une montée des inégalités et une augmentation importante de la pauvreté. Difficile de mesurer les effets de la rénovation dans ce contexte".

A Genève, l’Ecole est devenue ouvertement le premier champ d’affrontement entre la droite et la gauche. En quelques années, on a vu la droite y construire un discours conservateur sur l’Ecole en puisant dans l’argumentaire des anti-pédagogues, quelque soit leur origine. Ce message exploite à la fois la nostalgie d’une école mythique, la peur de l’avenir, la défense de la ségrégation sociale et des hiérarchies. Ce discours s’appuie sur une tendance encore plus forte des sociétés occidentales : une méfiance envers l’Etat et le collectif qui génère une forte demande de personnalisation des services publics.

On voit bien que cette évolution s’affirme également en France. C’est elle qui est à l’oeuvre dans la remédiation personnelle promise par les PPRE, dans l’expulsion des élèves à problèmes, dans l’apologie du mérite individuel et l’attribution de passe droits aux élèves méritants des ZEP. La petite coterie des réactionnaires de l’Ecole voit maintenant ses théories relayées dans l’appareil d’Etat. Elle s’invite et est mise en avant dans les meetings de la droite, par exemple lors de la dernière convention UMP. Le conservatisme éducatif et le conservatisme politique s’unissent sous nos yeux. Cette évolution ne peut qu’interpeller la gauche française : faut-il affronter la droite sur ce terrain ou le lui laisser ?

Documents de la votation

Article du Courrier

Article du Courrier

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L’aménagement de la carte scolaire et le plan Ambition réussite

"Aujourd’hui il y a aussi un débat sur la carte scolaire. C’est un débat légitime. Pour ma part, je suis profondément attaché au principe de mixité sociale. C’est un gage de cohésion de notre pays. La suppression totale de la carte scolaire ne me paraît pas la bonne solution : elle conduirait inévitablement tous les parents à vouloir inscrire leurs enfants dans les mêmes établissements. Comment ferait-on alors le choix entre les enfants ?

Sur la base de quels critères ? On courrait le risque de l’arbitraire. Je préfère avancer dans deux voies pragmatiques : améliorer le niveau des établissements les plus en difficulté comme nous le faisons avec les collèges « ambition-réussite » ; assouplir les règles de la carte scolaire. Vous le voyez, je suis pour une carte scolaire aménagée. Cet aménagement ne peut se faire qu’en concertation étroite avec tous les acteurs du système éducatif". S’exprimant à Thionville 8 septembre, le premier ministre a annoncé le lancement d’une concertation sur la carte scolaire "dans les prochaines semaines".

L’initiative fait suite aux déclarations de N. Sarkozy et S. Royal. Aussi, pour les associations de parents apparaît-elle comme une manouvre pré-électorale. La Peep estime cependant qu’il "faut réellement traiter ce problème, peut-être en l’assouplissant". La Fcpe "rappelle son refus de voir instaurer une concurrence scolaire hasardeuse. Supprimer la sectorisation aurait immanquablement pour conséquence de créer une véritable désorganisation du système éducatif et du territoire".

Les syndicats accueillent négativement la proposition. Le Snpden, qui représente les chefs d’établissement annonce qu’il ne négociera que "si la base des discussions, ce n’est pas la suppression mais une ouverture de la carte". Pour l’Unsa-éducation, selon l’AFP, "on essaie de vendre aux parents un principe de libertés alors qu’on va créer plus d’inégalités". Pour le secrétaire général de la FSU, " la question de la carte scolaire ne peut pas se régler uniquement à travers la question de l’Ecole parce que cela renvoie à toute la politique de la ville, du logement social : quand on a des ghettos urbains, on a aussi des ghettos scolaires".

Dans Le Monde, les sociologues François Dubet et Marie Duru-Bellat estiment qu’il "n’y a pas à être scandalisé par la remise en question de la carte scolaire et l’on peut même se féliciter que les réalités s’imposent pour une fois aux slogans et aux principes que les pratiques trahissent tous les jours". Mais ils soulignent les risques de creusement des inégalités. "Il ne suffit pas de dénoncer la carte scolaire pour proposer une politique et, plus encore, une politique plus juste que celle que l’on condamne. La seule suppression de la carte scolaire serait probablement un remède pire que le mal.

En effet, on imagine aisément que, comme sur n’importe quel marché, les acteurs ayant le plus de ressources et d’informations s’en tireront nettement mieux que les autres et que, une fois encore, les plus démunis auront moins de choix, moins d’opportunités et moins encore de chances de réussir dans l’école. D’ailleurs les pays qui ont choisi cette solution de "rupture" ont vu les inégalités s’accroître, et s’accroître aussi la délinquance, la marginalité, les fossés entre les groupes sociaux et les cultures".

Peut-on lutter contre ce mouvement ? Les spécialistes chiffrent avec l’aggravation de la ghettoïsation sociale, l’écart des résultats scolaires entre les ZEP et les autres. Cette réalité rend inévitable le sauve-qui-peut des familles. Les géographes observent la fragmentation croissante de nos villes qui va de pair avec la ségrégation sociale. Les aides publiques elles-mêmes poussent les ménages à quitter la ville pour s’installer dans un pavillon en grande banlieue. Le plan type des lotissements actuels vise à les isoler de la circulation de passage : ses rues sont souvent des impasses. Les quartiers clos se multiplient en Ile-de-France et dans le sud du pays à l’image des "gated communities" américaines. Ce mouvement spontané nous dit à quel point notre société fuit l’urbanité et ce qu’elle implique comme brassage social. L’objectif de la mixité sociale semble s’éloigner chaque jour. Le débat sur la carte scolaire a au moins l’avantage de poser la question du tissu social dans le débat politique.

Sans perspective de ce côté, la réponse à un assouplissement de la carte scolaire ne peut se trouver que dans un effort d’égalité, c’est-à-dire des moyens supplémentaires pour les zep. C’est la condition préalable à tout assouplissement de la carte scolaire.

Finalement, la première victime de ce débat pourrait bien être le ministre de l’éducation nationale. Car ce qui est mis en évidence c’est l’insuffisance de la politique d’éducation prioritaire du gouvernement. Quelques jours après de fracassantes déclarations sur la "relance" des ZEP, G. de Robien est invité à revoir sa copie.

Discours du premier ministre

Francois Dubet et Marie Duru-Bellat

Communiqué Fcpe

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Des élèves sans manuels dans les collèges à la rentrée

"Pourquoi le ministre change-t-il les programmes s’il ne nous donne pas les moyens de les appliquer ?" s’interroge une collègue sur le blog du Café. Elle témoigne que dans son collège, "dans ma matière, l’anglais, nous changeons de méthode (presque de programme) pour nous mettre au niveau des exigences européennes. Pas un sou pour changer les manuels".

Des messages similaires sont arrivés des académies de Strasbourg, Limoges, Lille, Orléans-Tours et Poitiers. Dans le Nord, un père d’élève, membre du conseil d’établissement, témoigne que le collège dispose de 6 500 euros pour renouveler les manuels (10 500 euros), acheter les carnets de correspondance (1 300 euros), payer les droits de reprographie (1 150 euros) et les frais de stage et les actions pédagogiques. Dans le Pas-de-Calais, la dotation d’un collège est passée de 11 055 euros à 4 190 en un an. Pour changer les manuels de 5ème dans les trois disciplines scientifiques (tant pis pour l’anglais !), il faudrait 3 400 euros et il n’y a que 2 700 euros.

Dans un collège ZEP de l’académie de Poitiers, un professeur remarque qu’il y aura un ordinateur pour 2 élèves mais un manuel pour 4. Le ministre attend-il des manuels électroniques ?

Le blog du Café

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Lecture : De la GS au CP, B. Devanne dénonce les dangers des consignes ministérielles

" Au vu des directives très pressantes qui arrivent en cette fin juin dans les écoles, la question se pose avec une acuité nouvelle : que vont vivre ces élèves au CP durant les premiers mois de l’année scolaire, alors qu’il s’agit de la seconde année d’un cycle d’apprentissages ? A suivre donc, en espérant que ce ne sera pas avec une immense amertume".

Dans une tribune, Bernard Devanne réagit à l’envoi par le ministère d’un guide sur l’apprentissage de la lecture. Tout au long de l’année il nous a fait suivre, sur le site du Café, les progrès en lecture des enfants d’une grande section de ZEP. C’est la question de leur avenir, et globalement de la continuité des apprentissages de la GS vers l’école élémentaire, que pose B. Devanne. Car, n’en déplaise au ministre, l’apprentissage de la lecture ne débute pas au cours préparatoire.

Le Café pédagogique

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Huit projets retenus pour l’accompagnement scolaire en ZEP

Huit projets portés par des collectivités locales, des associations éducatives ou des éditeurs sont retenus dans le cadre de l’appel à propositions "accompagnement à la scolarité, égalité des chances et TIC". Ces projets visent à aider scolairement des élèves en difficulté de la fin de l’école primaire au début du collège.

Ainsi le projet proposé par le Conseil général de la Somme (qui est également repris par le C.G. du Val d’Oise) s’appuiera sur l’équipement des collèges en salles multimédia, des ressources numériques (Kne, Cns, Paraschool, Lesite.tv) et un ENT (espace numérique de travail) pour piloter l’ensemble. Le projet déposé par la Vile de Lyon avec le Crdp propose d’équiper 30 écoles et 30 associations en matériel informatique et de créer des ateliers parents - enfants. Odile Jacob et Domicours s’associent pour proposer des stages tutorés de soutien scolaire qui associent les logiciels d’O. Jacob et les moyens de Domicours. Les autres projets retenus ont été déposés par l’Afev, le Cemea, le Cned et Maxicours et l’Inspection académique de la Moselle.

Le début de mise en ouvre de ces projets interviendra en septembre. Mais le gouvernement a décidé le 11 juillet, lors du Cisi, d’étendre cette opération à tous les quartiers Zep dès la rentrée 2007.

"L’accompagnement à la scolarité ayant pour objectif central la réussite scolaire, l’éducation nationale doit s’y impliquer avec détermination. Elle pourra y trouver sa place et jouer le rôle majeur qui lui revient à travers ses compétences et son expertise propres, qu’elle doit mobiliser en faveur de la réussite du dispositif. Afin d’éviter d’être confrontée à un constat d’empilement d’actions nées d’initiatives locales parfois désordonnées, il lui appartient de promouvoir un mode de pilotage fondé sur le principe de subsidiarité". Dans un rapport remis en juin dernier, les inspecteurs généraux Jean-Michel Bérard, Christian Loarer, Guy Menant (IGEN), Alain-Maie Bassy, Jean-Yves Dupuis et Robert Jammes (IGAEN) préconisaient une intervention déterminée de l’Etat dans le secteur de l’accompagnement scolaire, appuyée sur l’utilisation des TICE. " Si elles ne sont pas la panacée, il est clair que les TICE peuvent constituer un levier puissant des politiques d’accompagnement à la scolarité, comme d’ailleurs plus globalement des politiques éducatives, et qu’elles peuvent contribuer à « universaliser » le soutien scolaire pour tous à des coûts et des conditions de solvabilité jugés intéressants".

Sur le site Educnet

Dans le Café pédagogique

Dans l’Expresso

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