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« Quelques moyens supplémentaires pour les ZEP » (L’Humanité}

6 septembre 2006

Extrait de « L’Humanité » du 05.09.06 : Pour Robien, tout va bien...

Rentrée scolaire

Seul le ministre est content. Suppressions de postes, raréfaction des offres pédagogiques et ambitions revues à la baisse marquent d’ores et déjà cette nouvelle rentrée.
Tout plein d’amour et les plus grands moyens du monde. Ce n’est pas le texte d’une carte de voeux tartignolle, ce sont les propos que tenait Gilles de Robien, samedi sur TF1, pour qualifier la rentrée scolaire. Elle se passe, aujourd’hui, pour une majorité des 12,4 millions d’élèves. Impeccablement, donc, selon le ministre de l’Éducation.

Précarisation de l’école

Les 50 000 enfants menacés d’expulsion ? Les 2 083 profs et 4 500 postes de non-titulaire (vacataires, contractuels...) supprimés ? Les taux d’encadrement à la baisse dans le primaire dont souffre singulièrement l’école maternelle ? La précarisation des personnels, l’appel à la grève nationale - le 28 septembre, les organisations devraient le confirmer ce matin -, le climat pourri par les suspicions de violence et les provocations de Nicolas Sarkozy... ? Tout cela glisse sur la conscience du ministre comme un pet sur une toile cirée.

Lequel n’a sans doute pas tort quand il dit que cette rentrée ne sera pas plus explosive que celle de 2005. La détonation résonne sur le moyen terme. Les offres pédagogiques se réduisent. Les options disparaissent, de même que les cours de soutien au lycée. L’enseignement technologique voit mourir ses sections les plus coûteuses.
Le projet de budget 2007, qui dicte la suppression de 8 500 postes d’enseignants, laisse présager d’un avenir plus noir encore. Au total, depuis 2003, ce seront 26 712 profs qui auront disparu des bahuts. Et déjà, des audits commandés par le ministère des Finances et attendus cet automne, envisagent les réductions du nombre d’heures de cours en collèges et lycées.

Et puis il y a les réformes, mises en oeuvre depuis 2005 par la droite et qui s’installent progressivement. Accordant - par redéploiements - quelques moyens supplémentaires aux « collèges ambition réussite », celle des ZEP offre un écran de fumée idéal. Combinée à la nouvelle loi d’orientation pour l’école et au dispositif « apprenti junior », elle n’en transforme pas moins sur le fond, notre système éducatif. L’école échoue à résorber l’échec ?

la sélection pour modèle

On en rabaisse les exigences. L’ascenseur social est en panne ? On fait de la sélection un modèle de fonctionnement. Avec, sous-jacente, l’idée que tout le monde n’a pas les capacités de réussir. Pour la première fois dans l’histoire, un gouvernement - y compris de droite - fait machine arrière sur l’ambition d’élever le niveau général des connaissances et rabaisse l’âge de la scolarité obligatoire.

Le règne de la mise en concurrence des élèves commence aujourd’hui, et malheur aux perdants dont on prévoit qu’ils seront les plus pauvres. Alors il y a de l’amour, oui. Mais il y a de la haine, aussi.

Marie-Noëlle Bertrand

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