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25.08.06 - Entretien avec Richard Descoings, l’inventeur des conventions ZEP / Sciences- Po

25 août 2006

Extrait du « Monde » du 25.08.06 : Richard Descoings : "Je crois au foisonnement des expérimentations"

Pendant l’été, le quotidien « Le Monde » publie une série d’entretiens « Une certaine idée de la France ». Voici celui de Richard Descoings, paru dans le numéro du 24 août.

Directeur de l’Institut de sciences politiques de Paris, il a battu en brèche les idées reçues et les convenances pour ancrer cette institution dans la vie, tout en préservant son âme et son aura.

Son initiative, la plus spectaculaire de ces dernières années, fut de permettre à de brillants lycéens venus de quartiers populaires et défavorisés de pouvoir intégrer cette école. La première promotion est sortie cette année.

La France que j’aime

"Notre pays a une conception étrange et sans doute dangereuse de l’expérimentation. Pour nous, une expérimentation n’a que deux destins possibles : l’abandon - ce qui veut dire que l’on a échoué - ou la généralisation. Ce qui laisserait entendre qu’une expérimentation serait nécessairement bonne, partout, au même moment, pour tout le monde.

"Je crois plutôt au foisonnement des expérimentations et des innovations, sortons simplement des solutions binaires et acceptons de faire face à la complexité du réel. Jusqu’à ces dernières années, on pensait encore que le concours était l’instrument de la mise en oeuvre d’une égalité réelle entre tous les candidats.

"Aujourd’hui, nous nous apercevons que cette pratique, qui a pu être efficace lorsqu’il y avait une forte homogénéité de la population des lycéens, joue à rebours. Nous avons donc réfléchi et opté pour une nouvelle voie de sélection. Au départ nous avons travaillé avec sept lycées, ils sont trente-trois en 2005-2006. Et il y a dix-sept lycées supplémentaires candidats pour entrer dans cette procédure en 2006-2007.

"Nous avons avancé des idées, nous avons soumis notre expérience à la critique, nous avons eu des résultats et depuis nous sentons bien que, même sur le plan politique, le débat a évolué. Quand le président de la République appelle à créer un quota dans les classes préparatoires aux grandes écoles, en 2006, on se dit qu’en cinq ou six ans les esprits ont évolué.

La France que j’aime moins

C’est celle qui se complaît dans le discours des déclinologues, qui se repaît des difficultés rencontrées, qui nous traite en permanence d’incapables : incapables de réformer, de comprendre la construction européenne, incapables de faire face à la globalisation. Il faut avoir les mains dans le cambouis pour prendre conscience des graves difficultés que nous traversons. Mais il faut surtout chercher à comprendre, pour répondre et convaincre. Cela ne sert à rien de dire que "tout le monde est nul". Ce n’est pas en recevant cette présentation défaitiste que nous allons aller plus vite et plus fort.

Portrait chonois

Si la France était un personnage de roman ?

Un personnage de théâtre : Phèdre. Le devoir qui l’emporte sur la passion ; la culpabilité ne vient pas tuer le sentiment.

Un genre littéraire ?

Les essais intellectuels. Tocqueville bien sûr pour sa réflexion sur la démocratie qui continue d’éclairer nos débats.

Une oeuvre d’art ?

Le Grand Palais rénové. Un ancrage lyrique dans un passé pas très lointain. Cette alliance du talent de l’ingénieur, de l’artistique.

Un style de femme ?

Une générosité réfléchie. Simone Veil, l’incarnation de l’histoire et de l’espoir. C’est un magistère moral et d’humanité.

Un style d’homme ?

Pascal Lamy. Le directeur général de l’OMC. Un homme de sobriété, de travail, d’investissement et qui veut bouger les montagnes.

Un monument dans le monde ?

Le Taj Mahal, l’hymne à l’amour.

Une autre planète ?

Dans une chanson, Nicole Croisille dit : "Si j’avais à choisir une autre vie, je choisirais la mienne." Notre planète.

Avec Radio Classique

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