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La rentrée idéale selon la « Conférence Périclès »

24 août 2006

Extrait de « Libération » du 23.08.06 : Une rentrée idéale

On connaît les pistes pour une école de l’égalité des chances, de la réussite de la promotion sociale. Aux candidats à la présidentielle d’en débattre.

Mehdi Ouraoui et Pierre Singaravelou, animateurs de la conférence Périclès, cercle de promotion de l’égalité dans l’enseignement.

Cette année encore, les espoirs des élèves, de leurs parents et professeurs, risquent d’être déçus dès les premiers jours de la rentrée scolaire. Nous attendons depuis trop longtemps une rentrée idéale, placée sous le signe de l’égalité et de la réussite éducative.

Une rentrée idéale ne laisserait aucun enfant, aucun jeune sur le bord du chemin de l’école, a fortiori après les émeutes de banlieue et les contestations anti-CPE. Les 150 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans diplôme seraient accueillis dans des « écoles de la deuxième chance » ou en service civique pour recevoir une formation diplômante.

Une rentrée idéale serait véritablement gratuite et égalitaire.

Aucun enfant ne serait absent ni n’arriverait le ventre vide en classe, grâce à un ramassage scolaire individualisé, suivi d’un petit déjeuner à l’école. A midi, aucun enfant ne se verrait refuser l’entrée d’une cantine publique. L’école serait sanctuarisée face aux inégalités sociales : les sorties et voyages scolaires seraient gratuits et obligatoires, et chaque enfant aurait accès à un service public de soutien scolaire et à des activités périscolaires. Dès le début de l’année, parents et personnel encadrant pourraient se rencontrer dans des « maisons des adultes ». La ségrégation urbaine ne serait plus une source de ghettoïsation scolaire : la carte scolaire serait maintenue, mais comprendrait des objectifs précis de mixité sociale au sein des établissements. Chaque classe à faible réussite éducative, en ZEP ou hors ZEP, serait limitée à quinze élèves, comme le propose Thomas Piketty. Aucun enfant n’arriverait au collège sans maîtriser parfaitement la lecture, grâce à un nouveau plan national pour la lecture, défini comme objectif scolaire prioritaire et renforcé par un corps volant d’instituteurs spécialisés à la disposition des enfants en difficulté. Au-delà de l’allocation de rentrée scolaire, les prestations sociales seraient accrues pour les familles. Aucun enfant ne serait contraint d’entrer en apprentissage à 14 ans, ni de travailler de nuit à 15 ans. Le nombre des enseignants, et, plus généralement, le personnel encadrant (médecins, infirmières, psychologues, assistants sociaux...), ne diminuerait plus d’année en année, alors qu’ils sont chaque année davantage nécessaires, en particulier dans les zones sensibles.

Une rentrée idéale serait citoyenne, mixte et laïque. L’année scolaire débuterait par l’étude de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », affichée sur les murs de la classe. Dans les « ateliers du respect », un accompagnement pédagogique compléterait des sanctions sévères contre tous les comportements discriminatoires et les violences scolaires. Un dialogue apaisé pourrait exister entre garçons et filles, qui connaîtraient mieux leurs droits et leurs obligations réciproques, a fortiori dans les écoles où les libertés des jeunes femmes sont parfois méconnues ou contestées. L’éducation civique, l’éducation à la parité, l’éducation à la diversité et à la lutte contre les discriminations seraient au coeur de la vie scolaire.

Une rentrée idéale, dans l’enseignement supérieur, serait réellement méritocratique et ambitieuse. Le budget des universités françaises, actuellement de 1,2 % du PIB, dépasserait les 2 % du PIB des universités américaines, sans augmentation des frais d’inscription des étudiants. Le budget par étudiant serait doublé, rattrapant ainsi celui des élèves de classes préparatoires. Avant leur fusion progressive avec les universités dans des « pôles d’excellence » mieux adaptés à la compétition mondiale, les grandes écoles s’ouvriraient davantage aux enfants des milieux populaires : 10 % des lycéens pourraient entrer automatiquement en classes préparatoires, selon la proposition du chercheur Patrick Weil. Le transport, la santé et le logement ne seraient plus des motifs permanents d’inquiétude pour les étudiants, grâce à de nouvelles aides spécifiques. Chacun serait soutenu par une allocation autonomie jeunesse, au lieu d’être contraint de cumuler études et emploi.

Ils sont nombreux ceux qui, enseignants et élus locaux, syndicalistes et hauts fonctionnaires, parents et élèves, ont dressé les contours d’une école républicaine au service de l’égalité et de la promotion sociale. A la veille du grand débat public de 2007, les prétendants présidentiels peuvent choisir d’entendre ces voix pour offrir à la jeunesse de notre pays, dès l’an prochain, la « rentrée idéale » qu’elle mérite

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