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Un programme politique avec l’obligation pour les profs du supérieur d’aller en ZEP

9 août 2006

Extrait du site « Politique digitale.fr » du 09.08.06 : 89 propositions pour restaurer le lien social

Mouvement de l’Utopie concrète

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Proposition n°38 : Obligation de service des profs du supérieur dans les ZEP

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2 Messages de forum

  • Je suis (j’enseigne) en ZEP depuis 7 ans, je ne suis pas du tout issu de ce milieu bien au contraire. Malgré toute ma bonne volonté, je n’arrive pas à m’intégrer, certains ne me pardonnent pas ma différence (et pourtant je fais tout pour me fondre au paysage !). (en plus mon mari est chef d’entreprise et mon fils ainé de 21 ans est déjà à l’ENS ! Un vraie provoc pour eux). Et moi je ne suis pas forcée d’y aller ou d’y rester, alors je pense que si on forcait les gens on court à la catastrophe !
    Pour ce que je connais ceux qui sont en ZEP sont ceux qui en sont issu, au moins géographiquement.
    D’un autre côté, cela ne leur ferait pas de mal de voir qu’il y a autant de gens différents d’eux et que dans un sens c’est eux qui sont différents (et identiques entre eux), parce que le problème c’est qu’ils ne tiennent pas à évoluer, c’est plus facile de se rassurer en restant entre eux et en rejetant les autres. C’est le phénomène de groupe qui est le plus fort en ZEP.
    Comme vous le comprenez, je finis par voir les choses comme eux : "eux-nous" et je laisse tomber, l’année prochaine je m’en vais ! Expérience très décevante !

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    • Comme vous l’avez bien compris, La revue de presse du "quotidien des ZEP" reproduit des articles fort divers qui n’engagent pas, bien entendu, l’OZP.

      L’extrait émanant du "Mouvement de l’Utopie concrète", à savoir la proposition n°38 : "Obligation de service des profs du supérieur dans les ZEP", n’aurait sans doute pas été reproduit s’il y avait eu de nombreux articles à signaler. La période estivale nous a amené à reproduire une information sans grande importance et bien irréaliste.

      Cela dit, l’idée d’une qualification "naturelle" sinon de "d’appartenance d’origine" pour enseigner en ZEP, selon laquelle les professeurs issus de ZEP seraient ipso facto qualifiés et ceux issus de milieux favorisés ipso facto disqualifiés, est une idée absurde et dangereuse. Il est vrai que les problèmes d’adaptation aux élèves qui se posent à tout enseignant ne sont pas tout à fait semblables pour l’une ou pour l’autre catégorie de professeurs. Mais de là à en déduire que seuls les premiers peuvent enseigner en ZEP serait une erreur : des milliers d’exemples le montrent quotidiennement.

      L’OZP avait étudié cette question à la fin des années 90, lors d’une étude qualitative sur 20 années de la ZEP de Garges-les-Gonesse : en effet, il avait été noté que les professeurs qui y avaient été nommés dans les années 80 étaient pour une bonne part issus de milieux sociaux modestes alors c’était l’inverse depuis le milieu des années 90. Or les observateurs locaux et départementaux n’avaient pas enregistré de baisse de qualité des enseignements, simplement de nouvelles questions dans l’adaptation au premier poste.

      En conclusion, l’arrivée de professeurs issus de milieux aisés en ZEP n’était pas néfaste à la ZEP et, disait-on, "apportait du sang neuf".

      A la suite de ce constat, d’autres observations ont été faites dans différentes académies et jamais le changement d’origine sociale n’a été perçu comme un problème insoluble ou handicapant pour l’évolution des pratiques pédagogiques et des résultats scolaires. Il faudrait néanmoins avoir un appui scientifique pour passer de ce constat à une certitude.

      Les phénomènes grégaires que vous décelez entre élèves et professeurs issus du même milieu social existent, hélas ! dans tous les milieux. Ils sont choquants en ZEP car, effectivement, ils freinent l’ouverture vers l’extérieur si nécessaire, mais ils s’expliquent par les situations de discriminations collectives et ne sont pas moins condamnables que les phénomènes grégaires qui existent dans des milieux aisés où, là aussi, on trouve parfois une collusion entre élèves et professeurs issus de milieux très favorisés.

      Vous partirez l’année prochaine, dites-vous, et votre ZEP sera moins hétérogène, du point de vue de la composition sociale des professeurs : dommage. Mais il est préférable que vous puissiez donner la pleine mesure de vos talents pédagogiques ailleurs s’il s’avère, au bout de 7 ans, que cela vous est impossible là.

      Espérons que celui ou celle qui vous remplacera, issu ou non de ZEP lui-même, parviendra à faire comprendre à tous, collègues et élèves, que l’école publique est un lieu de rencontre et de diversité sociale et que les condamnations a priori en fonction de l’origine sociale sont détestables pour tous, y compris ceux qui ne sont pas défavorisés.

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