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Les centres Défense 2ème chance de l’armée pour les jeunes défavorisés

12 juillet 2006

Extrait du Monde du 11.07.06 : Le ministère de la défense donne une autre chance à des jeunes en déshérence

Dans le centre Défense 2e chance de Montlhéry (Essonne), on ne badine pas avec la discipline. Cheveux ras pour les garçons, attachés pour les filles, et uniformes pour tous : treillis militaire dans les salles de classe, survêtement estampillé armée de l’air pour les activités de plein air.
Annoncés par le premier ministre en 2005, dans le cadre de son plan de "bataille pour l’emploi", les centres Défense 2e chance s’adressent à des jeunes de 18 à 21 ans, sans diplôme ni emploi. Au programme : remise à niveau scolaire, acquisition de règles de vie, préparation à une formation ou un métier.

Créés à l’initiative du ministère de la défense, financés par celui de l’emploi, ces centres devraient être au nombre de 20, à la fin 2006, et accueillir 6 000 jeunes. Le septième, à Val-de-Reuil (Eure), devait être inauguré, mardi 11 juillet, par la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie.

[Planté au milieu d’une base militaire de 700 hectares, le centre de Montlhéry offre peu de tentations pour les pensionnaires. Leur univers se limite à quatre bâtiments spartiates mis à disposition par l’armée. Dans les dortoirs, le mobilier est réduit au strict minimum : un lit, un tabouret et une armoire métallique par personne.

L a journée commence à 5 h 45 par la toilette et le nettoyage des bâtiments. Cours et exercices au grand air se succèdent jusqu’à 18 heures A 22 h 30, extinction des feux. Chaque vendredi matin, les jeunes assistent dans la cour au lever des couleurs en chantant La Marseillaise.

Arrivés par le biais des missions locales, des journées d’appel de préparation à la défense (JAPD), ou sur candidature spontanée, ils établissent un projet professionnel en fonction des différents métiers qui leur sont proposés : maintenance informatique, métiers de la route, du bâtiment, mécanique, déménagement, hôtellerie-restauration, armée. Le but ? Intégrer, en sortant, un centre de formation d’apprentis ou trouver directement un emploi.

"Avant, je vivais la nuit, je traînais avec mes potes dehors et je me levais vers 14-15 heures. Ça n’a pas été facile de se remettre dans le rythme mais, maintenant, ça ne me dérange pas plus que ça", assure Sébastien Jobic, 19 ans, qui veut devenir chauffeur routier. Ce qui lui pèse le plus : "nettoyer les toilettes, le matin".

Noura Moussaïf, 19 ans, a découvert le centre à l’occasion d’une JAPD, en novembre 2005. Après avoir échoué à son BEP restauration, elle avait "la flemme de trouver du travail". Aujourd’hui, cette formation lui a redonné du tonus. "Ici, j’ai choisi section militaire. Je veux entrer dans l’armée comme brancardière secouriste."

Les jeunes signent, en arrivant, un contrat de six mois renouvelable dans la limite de deux ans. Au nombre de 210, ils sont répartis en deux "compagnies", elles-mêmes divisées en "sections".

"DONNER DU SENS"

Patrick Sécretin, 57 ans, autrefois colonel dans les troupes de marine, veille à la destinée des volontaires. Il a accepté ce poste "par devoir". "Nous savons gérer ces jeunes, explique-t-il. Notre organisation est inspirée largement du système militaire. Pour l’instant, je n’ai connu qu’un seul gros incident. Une bagarre qui a conduit un jeune en prison et l’autre en arrêt de travail longue durée." De son tiroir, il sort un sac rempli de joints de cannabis confisqués au hasard des rondes. "Des jeunes viennent me voir et me disent : aidez-moi, je n’arrive pas à arrêter." Pour ceux-là, il existe, sur place, une consultation spécialisée.

Marine Fay, 26 ans, est la seule enseignante titulaire à avoir demandé un détachement de l’éducation nationale. Professeur d’éducation physique et sportive, elle donne, à Montlhéry, des cours de maths, de vie sociale et professionnelle, ainsi que d’histoire-géographie. "A l’éducation nationale, je n’arrivais pas à donner du sens à mon métier, explique-t-elle. Ici, on donne beaucoup de temps et on voit immédiatement les effets de notre action. Un jeune qui a réussi à faire une division, c’est du bonheur."

Il est trop tôt pour faire un bilan - une première promotion de jeunes est arrivée en décembre 2005, une deuxième en mai 2006 - mais les premiers indices sont positifs. "J’avais 37 illettrés dans la première promotion, explique Patrick Sécretin. Six mois après, j’ai eu 95 % de réussite au test du certificat de formation générale (qui garantit l’acquisition des fondamentaux scolaires)".

Côté insertion, les choses se présentent bien. Xavier Chouteau, qui a la responsabilité de 22 jeunes, témoigne : "Quand ils sont arrivés ici, ils ne connaissaient pas le respect, ni merci, ni bonjour, ni au revoir. Aujourd’hui, la plupart ont été sélectionnés pour entrer en septembre dans un centre de formation des apprentis."

Martine Laronche

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Rapport du conseil économique et social

Résumé : Une partie de notre jeunesse est confrontée à un cumul de difficultés d’ordre scolaire et social. Le plan " Défense 2ème chance " leur offre la possibilité d’acquérir une formation afin de réussir leur insertion par l’accès à un emploi.

Saisi par le gouvernement de ce thème qui répond à un enjeu majeur de cohésion sociale, le Conseil économique et social, tout en adhérant au principe, considère qu’il convient de donner à ce plan les moyens nécessaires à sa réalisation en cultivant une approche réaliste qui n’autorise pas la désillusion.

Le rapport du CES en PDF

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