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Extrait de Libération du 30.06.06 : On est tous très motivés
Laurence Cerchiari, institutrice, a accepté cette nouvelle fonction :
« On est tous très motivés »
Laurence Cerchiari, 32 ans, institutrice, a accepté un poste de « professeur référent » au collège Elsa-Triolet de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne).
« Ce poste est un challenge, qui s’inscrit aussi dans une continuité, car je me suis toujours intéressée aux gamins en rupture scolaire. J’ai exercé trois ans comme professeure des écoles dans une classe ordinaire, puis dans un atelier-relais qui accueille des collégiens de 6e et 5e en très grande difficulté. On y reçoit six ou sept élèves pendant un mois.
J’aime ce public. J’ai grandi dans des cités de Seine-Saint-Denis, je sais ce que je peux apporter à ces élèves. J’ai appris à travailler avec le milieu associatif et c’est cet esprit de partenariat que j’espère mettre en place dans ma fonction.
« Nous n’avons aucune prime mais un bonus de points qui permet une mutation au bout de cinq ans. Nous devons effectuer une dizaine d’heures de travail en face des élèves, et au moins autant en coordination et animation d’équipe. Il existe de fortes oppositions au dispositif "ambition réussite".
Je ne me considère pas "superprof", je crois pouvoir apporter mon expérience aux autres et apprendre autant d’eux. Par exemple, dans le primaire, on évalue les élèves par compétence, et au collège uniquement avec des notes. On peut travailler là-dessus. La notation est un facteur de stress et de découragement pour les élèves en échec.
« Parmi les trois autres professeurs référents du collège Elsa-Triolet, il y a un autre instit et deux enseignants qui y travaillaient déjà : on est tous très motivés. Notre mission concerne les élèves du collège, mais aussi ceux des écoles primaires alentour et du lycée voisin. Nous allons mettre l’accent sur les CE1-CE2, les 6e et 3e, et les élèves de 2de. L’objectif étant de construire des Programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE), en associant les parents et les associations.
« Dans les quartiers difficiles, les parents ont peu de culture scolaire. Il faut commencer par les réconcilier avec l’école, pour qu’ils encouragent leurs enfants à s’accrocher. De nombreux élèves font acte de présence en classe.On peut changer les choses si les moyens sont suffisants. Certains trouvent notre mission trop floue. Pas moi. Tout reste à construire auprès de ces élèves, et j’en ai très envie. »
Marie-Joëlle GROS