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Le « lycée d’excellence » du 93 existera sous une nouvelle forme

8 juin 2006

Extrait de « Yahoo actualités », le 08.06.06 : Le projet de "lycée d’excellence", mort-né, renaît sous une autre forme

Bobigny - (AFP)

Le projet contesté de "lycée d’excellence" voulu par le directeur de Sciences-Po en Seine-Saint-Denis ne verra pas le jour sous la forme annoncée, mais finalement, quatre lycées devraient accueillir dès la rentrée 2006 des classes expérimentales de Seconde, une formule plus consensuelle.

Ce projet mal compris, baptisé "lycée d’élite" - à tort selon ses initiateurs, un collectif d’acteurs de terrain soutenu par Sciences-Po Paris et plusieurs universités - a été largement remanié pour plaire à son principal financeur, la région.

Il rassure ceux - proviseurs et professeurs- qui redoutaient de voir partir leurs meilleurs élèves vers le "pôle d’excellence" annoncé.

"L’expression de lycée d’élite a été dévastatrice. Ce projet est exactement l’inverse d’une filière d’élite, puisqu’il vise d’abord à repêcher les élèves en perdition en leur enseignant autrement", regrette Carole Diamant, professeur de philosophie au lycée Auguste-Blanqui, où quatre classes de Seconde sur un total de sept devraient tenter l’expérience.

"On ne sélectionnera pas les élèves, souligne la professeur, membre du groupe de réflexion, rappelant qu’il a toujours été question que le futur lycée obéisse aux règles de sectorisation pour accueillir les collégiens du quartier. Et ne soit pas une "réserve d’Indiens" en ghetto urbain.

Elisabeth Gourevitch, vice-présidente du Conseil régional, avait mis dans un premier temps son véto au projet annoncé en décembre par le patron de Sciences-Po, Richard Descoings.

"Philosophiquement, on n’aimait pas l’idée d’un pôle d’excellence regroupant les bons élèves et les pistonnés. On considère que tous les lycées doivent avoir des pôles d’excellence. Et techniquement, on ne peut pas faire un lycée en six mois. Il faut cinq années", justifie Mme Gourevitch.

Pour le nouveau projet, la région a débloqué 400.000 euros et prévoit d’ajouter 1,5 millions d’euros pour financer les bâtiments - des bungalows démontables - qui seront installés cet été dans les quatre lycées pressentis pour mener l’expérience : Jean-Renoir à Bondy, Nobel à Clichy-sous-Bois, Jacques-Feyder à Epinay-sur-Seine et Auguste-Blanqui à Saint-Ouen.

Les conseils d’administration de ces quatre établissements de Seine-Saint-Denis, département emblématique de l’échec scolaire et du malaise des banlieues, doivent encore donner leur accord avant la fin du mois de juin, indique le rectorat, prudent sur le sujet.

Les équipes de professeurs volontaires y enseigneront avec des pédagogies innovantes (travail en petits groupes, pluridisciplinarité, emplois du temps sur mesure, intervention de professeurs d’université, tutorat...) tirées des "bonnes pratiques" recensées par le groupe de réflexion mené par Richard Descoings.

"Partout en France, des tas de choses réussissent dans des lycées installés dans des quartiers populaires, parce que des professeurs sont inventifs et des proviseurs entreprenants. Notre ambition est d’aider à diffuser ces innovations", explique le directeur de Sciences-Po.

M. Descoings espère que l’expérience, qui devrait concerner entre 400 et 600 élèves la première année, connaîtra la réussite des Conventions éducation prioritaire (CEP) lancées en 2001 par Sciences-Po pour diversifier son recrutement.

"On parie sur le même effet boule de neige. En 2001, on avait signé une convention avec 7 lycées, on en est maintenant à 34 et douze dossiers en attente", souligne-t-il.

Sylvie Husson

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