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En Gironde, avec la mise en place des dédoublements et la transformation de postes de Grande Section en postes à profil, les professeurs des écoles en REP et REP+ sont invités à repasser un entretien d’embauche (Le Café)

18 mars 2021

En Gironde, les professeurs des écoles invités à repasser un entretien d’embauche
En Gironde, les professeurs des écoles invités à repasser un entretien d’embauche
Il était une fois des professeurs qui passaient un concours et finissaient par être titulaires de leur poste. Ce bon vieux temps devient légendaire en Gironde où déjà environ un professeur des écoles sur cinq est invité à passer un entretien d’embauche ou à déguerpir là où il pourra. Cette situation violente, mise en place avec les dédoublements des classes de l’éducation prioritaire, gagne cette année les grandes sections de maternelle.

Des postes de GS en éducation prioritaire deviennent à profil

"La priorité c’est de faire du ménage , se débarrasser des "vieilles" pour les remplacer par du sang neuf genre start’up". Clémentine (1) enseigne en grande section de maternelle en Gironde et ne décolère pas. Elle qui enseigne depuis plusieurs années à ce niveau et est titulaire de son poste en éducation prioritaire est convoquée à un entretien à Bordeaux. Si elle n’est pas retenue elle devra laisser sa place et trouver un point de chute là où ce sera possible.

Tous les enseignants de grande section du département en Rep ou Rep+ ont reçu une fiche "d’appel à candidature pour poste spécifique donnant lieu à commission d’entretien" qui n’hésite pas à faire appel à "l’école de la confiance".

Interrogés sur quelles compétences ?

"Pour bâtir l’école de la confiance, le choix a été fait de combattre la difficulté scolaire dès les premières années de l’école en soutenant les élèves les plus fragiles. Cela se traduit par le dédoublement des classes de Grande Section en REP et en REP+", annonce l’inspection académique de Gironde. Les enseignants en poste doivent donc se porter candidats pour garder leur propre poste à la rentrée 2021 !

La fiche énumère les compétences attendues des candidats : "mettre en oeuvre une pédagogie explicite", "exploiter les résultats des évaluations", "s’inscrire dans un projet d’évolution de ses pratiques professionnelles", "avec en transversalité l’utilisation des outils numériques".

Les enseignants qui se portent candidats sont convoqués devant une commission de 2 ou 3 IEN chargés de sélectionner les bons candidats sur des critères qui restent imprécis. Ceux qui ne sont pas reçus ou qui enseignent en GS en Rep ou Rep+ et ne se portent pas candidats perdent leur poste d’office. A eux d’en retrouver un autre dans le département. Inversement ceux qui sont reçus e trouvent étiquetés GS et ne pourront plus en bouger pour suivre une classe par exemple.

20% des postes

"Passer de 24 élèves à 12 ne justifie pas du tout cette procédure", nous dit Marc Vieceli, co-secrétaire départemental du Snuipp 33. L’argument qui consiste à faire croire qu’enseigner en classe dédoublée demande des compétences autres que celles demandées à tous les professeurs des écoles est spécieux. On n’est pas sur un poste d’enseignant spécialisé. Et c’est difficile de dire à un enseignant qui a 30 élèves en maternelle et qui s’en sort qu’il n’est pas capable d’enseigner à 12. D’autant que les enseignants nommés reçoivent une formation et un accompagnement". Mais la procédure est la même pour les CP et Ce1 dédoublés dans le département.

Le Snuipp 33 affiche son désaccord avec le Dasen, François Coux, sur ce point. Les postes à profil devraient être marginaux. Or ils concernent environ 20% des enseignants du département selon le Snuipp Fsu.

Une volonté managériale

"On voit une volonté managériale s’affirmer et apparaitre un controle sur les enseignants", dit M Vieceli. " Il y a davantage de choses descendantes, de "bonnes pratiques" qui nient la liberté pédagogique des enseignants. Davantage de pression managériale comme ces entretiens. Au final on voit des enseignants avec de bons états de service prendre des avis réservés parce qu’ils n’ont pas su répondre à une question dans un entretien".

" Un(e) enseignant(e) expérimenté(e), et qui connaît les enfants, les fratries, les familles, avec qui il(elle) sait trouver les mots, les façons de parler et de dédramatiser les situations, qui est aux avant-postes pour résoudre un sacré grand nombre de situations conflictuelles et extrêmement compliquées ; le truc, donc, c’est que cet(te) enseignant(e) risque l’éjection, ni plus ni moins", nous dit Clémentine. "Enseigner dans ces conditions plutôt difficiles n’est possible qu’au sein d’équipes soudées, où c’est l’entente et la concertation qui règnent, équipes qui bien souvent sont solidement constituées depuis pas mal d’années ; dans des contextes où la stabilité est une condition sine qua none. Ces enseignant(e)s-là sont en fait un des tout-derniers remparts qui permet de tenir encore un semblant de micro-paix sociale dans ces zones compliquées. Finalement, le projet c’est de casser tout ça..."

François Jarraud

Contacté le Dasen de Gironde n’a pas répondu à nos questions.

(1) ce n’est pas le vrai prénom

Extrait de cafepedagogique.net du 17.03.21

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