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Evaluation à mi-CP : les commentaires et réactions (Le Café, ToutEduc, SNUipp), qui s’interrogent sur l’efficacité des dédoublements

11 mars 2021

CP : Que nous disent vraiment les évaluations ?
"Les évaluations de mi CP montrent que le retard a été compensé. Les évaluations de janvier février 2021 sont meilleures qu’il y a un an. On a fait plus que rattraper le retard". JM Blanquer s’est décerné un satisfécit devant la commission de l’éducation de l’Assemblée le 9 mars. Pourtant les résultats des évaluations de mi CP envoient aussi des signaux inquiétants comme le creusement des écarts entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres.

Des évaluations de tous les élèves et tous les professeurs

Chaque année le ministère organise deux évaluations en CP. La première a lieu à l’arrivée des enfants en CP qui sont immédiatement évalués sur leurs compétences en français et en maths. Cette évaluation exerce une pression sur les apprentissages en maternelle et permet de calculer la plus value de chaque enseignant de CP, même si cet aspect est peu mis en avant pour le moment. Une autre évaluation a lieu en janvier à mi CP pour estimer les progrès réalisés par chaque élève de chaque professeur. Les évaluations portent uniquement sur le français et les maths . On évalue le décodage, la fluence, et la compréhension en français, et l’utilisation des nombres entiers, leur lecture et écriture et des calculs en maths. D’après la Depp, les évaluations 2021 ont utilisé les mêmes questions et les mêmes seuils de corrections qu’en 2020.

Des résultats identiques en 2021 et 2020

Les résultats montrent que le niveau des élèves de 2021 est sensiblement le même qu’en 2020 malgré un niveau de début d’année plus faible à cause du confinement. Cela aussi bien en maths qu’en français avec une exception en compréhension des phrases à l’oral où il n’y a pas de progrès. La compréhension reste le point faible des écoliers de CP (avec un tiers des élèves en échec) alors que la fluence est réussie par 90% des élèves. En maths la résolution de problèmes et le calcul sont des points faibles pour un tiers à la moitié des élèves.

Il y a donc effectivement progrès. A vrai dire ce résultat est presque un plaidoyer contre la réforme de la maternelle voulue par le CSP. On peut progresser rapidement en CP après une année de maternelle chaotique. Mais on voit aussi que le niveau reste assez faible. On est très loin des 100% de réussite promis il y a 3 ans.

Quelle efficacité des dédoublements ?

Plus grave : l’écart entre les écoliers de l’éducation prioritaire et les autres augmente. Ainsi en compréhension à l’oral 14% des écoliers hors rep ont des difficultés mais 2% en Rep et 38% en Rep+. L’écart a aussi augmenté pour la compréhension d’un texte lu seul. En Rep+ malgré les dédoublements la moitié des élèves sont en difficulté sur cet item. C’est aussi un des enseignements de l’évaluation, pas mis en avant par le ministère, d’interroger l’efficacité des dédoublements. En maths on va retrouver la même problématiques. Hors éducation prioritaire un tiers des élèves a du mal à additionner. En Rep+ dédoublé c’est la moitié.

A quoi sert l’évaluation ?

Un dernier élément mérite attention. C’ets tout ce que l’évaluation nos dit des usages qui en sont faits. On voit d’abord que certains items, comme placer un nombre sur une ligne numérique, sont encore très rejetés alors que l’évaluation a été largement testée sur plusieurs années. Surtout on peut se demander à quoi ces évaluations servent. En principe elles devraient permettre à l’enseignant de découvrir les difficultés des élèves et d’y remédier. En fait c’est à peine la moitié des enseignants qui lui reconnaissent une certaine influence. Seulement 30% la juge utile pour découvrir des difficultés d’élèves. Elle sert surtout pour se justifier lors de rencontre avec les parents (65% des professeurs) mais sert très peu entre enseignants (27% en conseil d’école).

Les seuls professionnels qui s’en servent sont les IEN qui déclarent à 90% qu’elle sert pour le plan de formation. Apparemment cette évaluation sert surtout à rendre visible le travail enseignant dans un système qui met en place l’évaluation des écoles et établissements.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 10.03.21

 

La lettre de la lettre de Touteduc du 10 mars 2021

EDITORIAL. Les statisticiens de l’Education nationale sont parmi les meilleurs. Mais ce qui fâche n’est pas forcément dans le résumé en tête de leurs publications. En se fondant sur les résultats des évaluations de CP du mois de janvier tels qu’analysés par la DEPP, Jean-Michel Blanquer se flatte, dans une interview au Monde daté de ce 10 mars, des "nets progrès" observés cette année. Ils sont d’environ deux points de pourcentage, ce qui n’est pas tout à fait négligeable, sans annoncer pour autant la fin de l’échec scolaire. De plus, ces progrès sont mesurés avec les tests nationaux standardisés, qui ne reflètent pas l’ensemble des compétences normalement travaillées. Or, nous dit la DEPP dans les pages intérieures de son document, les enseignants ont modifié leurs pratiques. C’est un phénomène amplement décrit sous le nom de "teach to the tests" dans les pays anglo-saxons où le pilotage par les résultats a longtemps été l’alpha et l’oméga des politiques éducatives, une sorte de "bachotage" avant la lettre.

La DEPP ajoute, mais comme un détail du texte, que le degré d’adhésion aux tests des inspecteurs de l’Education nationale a fléchi d’une vingtaine de points en un an, passant de 95 à 75 % environ. Quant à l’écart entre les écoles REP+, là où les classes sont dédoublées, et les écoles hors éducation prioritaire, il s’est accru alors qu’il avait, l’année dernière, diminué au premier semestre (avant d’augmenter au second). Ce sont là trois sérieux bémols.

Extrait de touteduc.fr du 10.03.21

 

A mi-CP, les résultats des élèves aux tests progressent mais l’écart REP+/hors REP s’accroît (DEPP)
En milieu de CP, en français et en mathématiques, la DEPP estime à deux points de pourcentage environ les progrès des résultats aux tests des élèves entre 2020 et 2021. Le service statistique de l’Education nationale se fonde sur l’évaluation standardisée sur support papier qu’ont passée au mois de janvier quelque 800 000 élèves de cours préparatoire du public et du privé sous contrat.

A noter que la proportion d’IEN (inspecteurs de circonscription) "qui jugent les exercices pertinents pour connaitre les besoins des élèves" régresse de 20 points environ en un an, passant de quelque 95 % à 75 % (avec des variations selon les items). Ils ont par ailleurs observé "des modifications dans les pratiques enseignantes" dans plusieurs domaines, notamment la lecture à voix haute, les exercices de fluence, la résolution de problèmes et la "ligne numérique".

Comme l’année dernière, la DEPP constate qu’en français, "les filles présentent globalement de meilleures performances que les garçons", l’écart va de 3,4 à à 4,7 points selon les items, sauf pour la lecture à voix haute, "le seul domaine dans lequel il n’y a pas d’écart significatif". En écriture de mots, l’écart avec les garçons est moins important qu’en 2020. En mathématiques, "les garçons présentent de meilleures performances que les filles dans tous les domaines évalués", sauf sur l’exercice "comparer les nombres" pour lequel "l’écart n’est pas significatif".

La DEPP compare également les résultats des élèves du public en éducation prioritaire et hors éducation prioritaire. En français, "l’écart le plus important concerne la compréhension orale" : "pour l’exercice "Comprendre des phrases lues par l’enseignant", il y a 23,7 points de différence éentre les proportions d’élèves de REP+ et ceux du public hors EP "présentant une maîtrise satisfaisante". Comparé à 2020, l’écart entre élèves de REP+ et hors EP augmente d’un point en moyenne en français. La DEPP fait valoir que cette augmentation est moins forte que celle notée en début de CP, qui était de près de deux points.

"En mathématiques aussi, on observe des écarts de performances selon le secteur de scolarisation", mais "les écarts sont comparables entre 2020 et 2021".
Extrait de touteduc.fr du 09.03.21

 

Jean-Michel Blanquer se félicite des résultats des évaluations en CP
Réalisées en janvier auprès de 800.000 enfants, elles indiquent, selon lui, que les conséquences du confinement ont été « effacées ».

[...] « Une forme de bachotage »
« Les écarts avec l’éducation prioritaire se sont accentués alors même que les classes ont été dédoublées dans ces zones en CP et CE1 », relève Guislaine David, au Snuipp, le premier syndicat du primaire, « preuve » selon elle que le dispositif voulu par Emmanuel Macron « ne résout pas tous les problèmes ». Le syndicat d’enseignant s’est toujours opposé au principe même des évaluations Blanquer, mises en place depuis 2017. « Pour nous, lire, c’est comprendre. Pour le ministre, c’est décoder », explique Guislaine David, alors que la bataille autour des méthodes de lecture est toujours vive au sein de l’école. « Il faut prendre les résultats de ces évaluations, ajoute-t-elle. L’amélioration est en partie liée au fait que les enseignants, désormais rodés à ce dispositif et à ses items, sont dans une forme de bachotage. » Elle précise que ces évaluations « ne concernent que les élèves de CP et uniquement le français et les mathématiques ». « Il ne faudrait pas en conclure que la crise a amélioré les choses. Le Covid a eu des effets psychologiques sur les élèves, sur leurs compétences sociales. Et cela n’a pas été évalué à ce jour », conclut le Snuipp.

Extrait de lefigaro.fr du 09.03.21

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