La réunion nationale des réseaux « ambition réussite »

31 mai 2006

VOIR LA REPONSE DE FORUM EN BAS DE L’ARTICLE

Extrait de « L’Expresso », du 31.05.06 : Journée nationale des réseaux "ambition réussite"

Le 30 mai, Gilles de Robien réunissait les 249 principaux des collèges ambition-réussite, c’est-à-dire les collèges ZEP les plus en difficulté, avec une préoccupation majeure : convaincre qu’on peut faire mieux sans investir davantage. "Je suis en effet convaincu qu’il ne sert à rien d’avancer tel ou tel budget, tel ou tel chiffre, si derrière tout cela il n’y a pas un objectif clair, et surtout, des personnes prêtes à s’investir !...
Enfin, la démarche par projet vous donne une grande autonomie. Je veux en effet qu’une grande liberté soit donnée aux initiatives des réseaux « Ambition réussite ». Cette liberté, elle se situe d’abord en amont, dans la définition des projets. C’est pourquoi j’ai souhaité qu’une grande latitude vous soit donnée pour la définition des projets pédagogiques".

Plaidant pour l’esprit d’initiative, la solidarité et la personnalisation des parcours, le ministre avait peu de moyens supplémentaires à offrir : 1000 postes d’enseignants "expérimentés", 3000 "assistants pédagogiques", une infirmière promise dans chaque réseau (associant plusieurs écoles et un collège). Des postes qui sont financés par une réduction des horaires dans tous les collèges.
Le ministre a annoncé deux dispositifs pédagogiques. D’une part, dans ces établissements, l’option découverte professionnelle pourra être avancée en 4ème. D’autre part, les élèves bénéficieront en 4ème, 3ème, 2de et terminale d’un entretien d’orientation conduit par le professeur principal ou le conseiller d’orientation, assisté d’une personne issue du monde professionnel.

La question des moyens a été soulevée par plusieurs principaux. Ainsi, dans le Nord, un collège voit les financements de ses projets culturels réduits de 50% : "comment mettre en place un pôle d’excellence quand les moyens pour financer les projets PAC sont réduits de 50% ?".
A Montbéliard, un principal pense avoir du mal à faire venir un professeur expérimenté si on ne lui offre pas de réel avantage de carrière. Il apparaît assez clairement que ces professeurs "expérimentés" seront choisis parmi les enseignants déjà présents avec le risque d’attributions purement administratives (par exemple pour sauver un poste menacé).
Ailleurs encore on s’inquiète du sort des "assistants pédagogiques" qui pourraient être embauchés sous contrat d’accès à l’emploi (CAE).

Dans une contribution envoyée au Café, Elisabeth Bruchet et Catherine Aduayom, coordinateurs REP, rappellent la situation des autres établissements de l’éducation prioritaire. " Les établissements des réseaux « de réussite scolaire » ne se voient attribuer aucun moyen supplémentaire et la classification « sensible » qui recouvrait elle aussi des difficultés et des moyens spécifiques n’est plus mentionnée alors même que les établissements dits sensibles n’ont pas tous été labellisés « ambition réussite » ce qui est le cas par exemple pour le département du Rhône des REP Casarès à Rillieux, Valdo et Noirettes à Vaulx-en-Velin, Eluard et Michelet à Vénissieux... En somme, 249 REP « ambition réussite » jouent malgré eux le rôle de l’arbre qui cache la forêt".

Pourtant le projet ministériel séduit aussi des principaux. Ainsi, Nicolas Renard, président de l’Observatoire des Zones prioritaires (OZP) et principal à Asnières (92), se réjouit qu’enfin "on mette des moyens en enseignants pour faire face à des problématiques pédagogiques au lieu de baisser de quelques unités les effectifs par classe".
Dans son collège, les moyens horaires attribués pour les professeurs référents seront utilisés pour faire des cours de français intensifs à des élèves en grande difficulté déjà repérés au CM2. Il estime que le dispositif Robien lui laisse plus de liberté pour faire face aux difficultés. Il lui permet de mieux gérer son équipe et de mieux accompagner les élèves qui en ont le plus besoin.

A l’issue de cette Journée, une question demeure. L’étude de T. Piketty, censurée par le ministère, a mis en évidence l’effet positif d’une forte réduction des effectifs en ZEP. Et si les ZEP méritaient mieux qu’une mobilisation sans frais des enseignants ?

Le discours de Gilles de Robien

La contribution d’Elisabeth Buchet et Catherine Aduayom

Le dossier spécial du Café

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Extrait de « Libération », le 30.05.06 : La réforme des ZEP mijote

L’Education nationale organisait hier une journée débat.
Journée de discussions hier pour les chefs d’établissements concernés par la réforme des ZEP. Initiée par Gilles de Robien qui vient tout juste de fêter son premier anniversaire au ministère de l’Education nationale, cette réforme doit entrer en vigueur à la rentrée. De nombreuses questions restant en suspens, les principaux de collèges étaient invités hier à rencontrer le tout nouveau « délégué à l’éducation prioritaire » et ancien inspecteur, Pierre Polivka. Attendu en fin de journée, Robien leur a délivré ses encouragements.

Mystère

En résumé, trois catégories d’établissement sont créées. Les EP1 (pour éducation prioritaire 1) doivent bénéficier d’une augmentation de moyens, les EP2, rester à moyens constants et les EP3, sortir du dispositif des ZEP. Pour cette catégorie, le mystère subsiste : Robien a renoncé à en dresser la liste avant la présidentielle.

Depuis février en revanche, toute l’attention du ministre se concentre sur les EP1, soit 249 collèges labellisés « ambition-réussite ». Mais bénéficier de ce titre semble démultiplier les interrogations des enseignants. Ceux du collège République de Bobigny (Seine-Saint-Denis) viennent de reprendre le travail après un mois de grève. Ils demandaient notamment un allégement des effectifs des classes, le renforcement de l’équipe « vie scolaire » (conseiller principal d’éducation, surveillants, conseiller d’orientation, psychologue, infirmière), et le dédoublement des classes pour certaines matières. Les grévistes n’ont pas obtenu satisfaction, mais la confirmation, comme pour tous les EP1, d’un renfort de quatre « enseignants confirmés » censés les épauler.

Manque

Mille enseignants référents, recrutés sur des postes à profil, doivent en effet rejoindre les 249 collèges EP1. Ces recrutements semblent délicats : la moitié de l’effectif manque encore à l’appel. « Tant que les missions de ces super-profs ne seront pas clairement définies, on aura du mal à trouver des candidats », commente un enseignant de Seine-Saint-Denis. Il va pourtant falloir faire vite, l’été approche.

Marie-Joëlle Gros

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La réunion des principaux de collèges ZEP à Paris

Extrait du site « VousNousIls », le 02.06.06 : La réforme des ZEP en préparation

Gilles de Robien recevait mardi 30 mai les chefs d’établissements concernés par la réforme des ZEP qui doit entrer en vigueur à la rentrée. Lors de ces assises nationales "ambition réussite" organisées à l’Ecole nationale de chimie à Paris le ministre de l’Education nationale a confirmé que trois catégories d’établissement sont créées. Les EP1 doivent bénéficier d’une augmentation de moyens, les EP2, rester à moyens constants et les EP3, sortir du dispositif des ZEP.

Les EP1 concernent 249 collèges labellisés "ambition réussite" pour lesquels mille enseignants référents doivent être recrutés. Leur mission sera de mieux structurer les équipes pédagogiques, développer l’accompagnement et la formation des jeunes enseignants, permettre une concertation accrue et favoriser la mise en œuvre des programmes personnalisés de réussite éducative.

Selon Pierre Polivka, délégué national à l’éducation prioritaire, la moitié de ces mille enseignants a déjà été recruté. Il précise qu’une fois nommés, ces enseignants garderont leurs points et leur ancienneté.

Sources Libération, AEF

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Extrait de « L’Humanité » du 02.06.06 : Les promesses de Gilles de Robien

Le ministre clarifie ses visées pour les collèges « ambition réussite » et réitère ses promesses.

Fayotage ? Mardi, à l’issue des premières assises « ambition réussite », organisées par le ministère de l’Éducation nationale, Gilles de Robien a promis un décret conférant un statut aux parents dans l’école avant août. Parole lâchée in extremis, quand la FCPE - leur principale fédération - le réclame depuis des lustres... et tient congrès ce week-end. Sceptique, Georges Dupont- Lahitte, son président, ne s’en laisse d’ailleurs pas conter. « Le ministre peut dire ce qu’il veut, pour l’heure, je n’ai rien entre les mains, pas même un projet de texte. »
Les autres points énoncés ont, en outre, été entendus lors de précédents discours : interprètes pour aider les parents non francophones, remise en mains propres des bulletins scolaires, devoir d’expliquer le règlement intérieur aux parents, enfin, et « si possible », aménagement d’une salle à leur attention. Essentielle, selon le ministre, surtout dans les 249 collèges « ambition réussite », dont il recevait les principaux, afin de leur faire connaître les mesures engagées dans leurs établissements (1).

Il n’aura clarifié que sa visée : autonomiser la gestion financière des collèges - des crédits supplémentaires leurs seront accordés en fonction des projets qu’ils auront établis ; individualiser et externaliser le parcours des élèves - ils devront s’appuyer sur les programmes de réussite éducative des villes, prévus au plan de cohésion sociale ; réduire, enfin, chacun de ces parcours. Gilles de Robien rappelle que l’apprentissage junior concerne prioritairement l’école prioritaire. Et espère que 15 000 enfants de 14 ans s’engageront dans cette voie l’an prochain.

(1) Prioritaires sur les autres ZEP, les collèges « ambition réussite » (EP1) se verront attribuer, nationalement, 1 000 « super-profs » dont les profils ne sont toujours pas définis.

Marie-Noëlle Bertrand

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1 Message

  • Thomas Piketty et la taille des classes

    1er juin 2006 18:15, par François-Régis Guillaume

    Il est étonnant que, sur un site comme le Café pédagogique qui sur d’autres sujets montre une vraie compétence pédagogique, ce soit T. Piketty qui constitue encore la référence dès qu’on parle des ZEP.

    Non, il n’a pas du tout "mis en évidence" qu’une forte diminution des effectifs par classe en ZEP avait un effet significatif. L’élévation de 4 points sur 100 des performances des élèves de ZEP aux évaluations en début de CE2, résultant d’une l’extrapolation statistique, n’est pas un progrès suffisant pour décider d’affecter 8000 postes à la diminution des effectifs des classes des écoles élémentaires de ZEP.

    Si l’on suivait T.Piketty, dans une école ayant 10 classes de 22 élèves, chacune devrait recevoir 3 postes supplémentaires pour qu’on obtienne 13 classes de 17 élèves.

    Qui peut prétendre que ce serait le meilleur usage de ces postes ?

    F.- R. Guillaume

    Voir sur le site de l’OZP "Questions à Thomas Piketty"

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