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Roland Castro : « Il faut des profs du supérieur dans les ZEP »

27 mai 2006

Extrait de « Libération », du 26.05.06 : « Il y a une vraie situation d’apartheid urbain en région parisienne »

L’architecte, candidat à la présidentielle sous la bannière de son mouvement pour « l’utopie concrète », a défendu vendredi pour les internautes de libération.fr son projet de « Grand Paris ».

Lo : votre projet à un côté « les villes à la campagne », dites nous en quoi ce projet de Grand Paris n’est pas un projet utopique de plus ?

Roland Castro : ce n’est pas Alphonse Allais qui me guide, c’est plutôt la vie dans la ville telle qu’elle est aujourd’hui. Ce qui est naïf c’est de supposer que Paris intra-muros est à l’échelle de ce qu’est devenu Paris : une agglomération de plus de 10 millions d’habitants. Donc ce projet est tout à fait réaliste. Il est même économiquement réaliste. Mais il bouscule pas mal les habitudes et les usages des cabinets ministériels et des énarques.

Falou : pensez-vous que l’urbanisme puisse répondre à la crise des banlieues ?

Pas tout seul bien sûr. Mais il y contribue. Il y a une vraie situation d’apartheid urbain, il y a trop de disparité entre quartiers riches et pauvres. Et le sentiment d’être exclu est beaucoup plus marqué dans les quartiers qui vont mal, qui sont le plus enclavés, et le moins en réseau. Evidemment, il y a des tas de conditions immatérielles en plus de la condition urbaine à modifier. Ça fait 20 ans que je demande le droit de vote des étrangers aux élections locales. Et aussi les meilleurs profs dans les collèges, les meilleurs flics, pas des jeunes mais des anciens avec de l’expérience. Toutes les carrières aujourd’hui dans la fonction publique sont inversées par rapport à ce qu’il serait souhaitable. Je propose même que tous les professeurs du supérieur aient une obligation de service dans les zones d’éducation prioritaires. Et enfin, dans certains collèges, il faut revoir drastiquement le nombre d’élèves par classe. Il faut donc réfléchir collège par collège, et pas de façon normative. Bien sûr que la question urbaine ne règle pas le racisme, tout comme la question du chômage. Mais bien faire la ville, embellir la ville, ça a un rapport avec la dignité de chacun.

Bachibok : vous travaillez sur ce projet avec George Sarre et Jean-Luc Romero..., est ce que pour certaines causes il faut dépasser le clivage gauche-droite ?

Oui je pense absolument. Il faut arrêter d’être idiot et ce n’est pas de ma faute si madame Boutin parle des prisons beaucoup mieux que certains socialistes. Je pense vraiment que plus que l’identité de la gauche et de la droite, la question cruciale de cette élection, c’est l’identité de la France. C’est ce que j’appelle fabriquer une République métissée. Bien sûr, il y a un camp conservateur et un camp du mouvement. Alors je suis plutôt du côté du mouvement, historiquement, je suis de gauche. Mais je pense qu’il y a pas mal de conservateurs à gauche, et s’il y a des gens qui veulent bouger les choses à droite, il ne faut pas s’en priver. J’ai trouvé très dommageable par exemple, sur le même sujet, que le parti socialiste au lieu de saluer le geste de François Bayrou d’avoir voté la censure, l’ait renvoyé dans ses cordes. Et je trouve qu’il faut que ces mœurs sectaires et idiotes cessent.

Périf : les élus parisiens et certains de la banlieue parisienne ont l’air de ne pas vraiment souscrire à votre projet de Grand Paris ? Pourquoi selon vous ?

Peut-être faut-il attendre un peu qu’on puisse l’expliquer profondément. La campagne pour la présidentielle est là pour ça. Et surtout pas mal d’élus ont des logiques parfois trop partielles, très accrochées à leur propre clocher, et ont très peur d’une fédération des clochers, qui obligerait que, sur certains points, ils aliènent leur pouvoir communal. Il est tout à fait possible que vingt maires d’arrondissements de Paris et une centaine de maires de banlieue puissent se mettre d’accord sur les questions d’intérêt général tout en conservant leur pouvoir actuel dans le cadre communal, auquel je tiens beaucoup. Vu l’actuel discrédit dont souffrent des hommes politiques de droite ou de gauche, les seuls élus qui échappent à ce discrédit sont les maires, car les gens les sentent beaucoup plus proches d’eux que le député dont le travail paraît très abstrait, dominé par son parti. C’est vrai qu’il y a une peur de l’annexion de Paris. C’est pourquoi je pense que s’il y a une conférence générale, une fédération de tous les maires du Grand Paris, il faut qu’il y ait 20 maires d’arrondissement de Paris, et pas le maire de Paris comme interlocuteur unique des 80 autres communes. Il faut donner aux arrondissements de Paris un statut de commune.

Polnareff : Avez-vous un projet de révision de notre Constitution ? Êtes-vous favorable à une VIe République ?

Oui. J’ai mis mes 89 propositions sur mon site Internet

(...)

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1 Message

  • Monsieur Castro,
    J’aimerai pour une fois que l’on ne mette pas l’urbanisme en cause dans les problèmes des banlieues. Si tel était le cas, aucune des personnes habitant dans les ZEP ne s’en sortirait socialement. Hors il y a des cas qui prouvent le contraire et bien heureusement.Le problème est encore une fois bien humain. Les vrais soucis sont l’incapacité des professeurs à tenir une classe d’enfants qui bien souvent ne le sont pas non plus par leurs propres parents. Ces pauvres enseignants ne suivent aucun véritable enseignement pédagogique durant toute la durée de leur formation, que ce soit le CAPES, ou l’IUFM. Pourquoi ne passent-ils pas par une formation du type BAFA renforcée ? Tous les enseignants de ZEP à qui il m’a été donné de discuter n’avait qu’une hâte, être muté ailleurs. Et je parle de professeurs de primaire !!! C’est un systéme conçu pour faire échouer les enfants. Personne ne prend véritablement les choses en main, et mettre des policiers expérimentés, déjà dégoutés par la politique de statistiques de Monsieur Sarkozy, afin de jouer les éducateurs est une erreur....Ils ne sont pas là pour cela. Il faut réformer les programmes scolaires ainsi que les formations des maîtres et professeurs...Pourquoi n’y a t-il pas une formation spéciale ZEP pour les enseignants ? Aprés tout c’est un régime scolaire à part.
    Avant de créer un GRAND PARIS, commençons par créer une génération de gagnants , ainsi qu’un système où personne, je dis bien personne, ne sera laissé pour compte.

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