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Fracture numérique et confinement : - Tous les Français ont été concernés" (Pascal Plantard, anthropologue) - Un communiqué de l’association EPI (Enseignement public et informatique)

17 juin 2020

« L’éducation nationale n’était pas du tout prête à ce fait national total qu’a été le confinement »
Comment les professeurs se sont-ils emparés de l’enseignement à distance pendant le confinement et ensuite ? Premier bilan avec Pascal Plantard, professeur d’anthropologie des usages des technologies numériques.

[...] Quid de la « fracture numérique » entre les familles ?
Si le confinement a pu révéler des inégalités entre les familles, il a aussi montré que le concept de « fracture numérique » est une vision caricaturale et idéologique. Personne n’est véritablement in ou out face au numérique.

Résumer le décrochage des élèves de milieu populaire au manque d’équipement numérique, comme on l’entend parfois, c’est faire fi des autres problématiques – économique, sociale, immigration, etc. – qui touchent ces populations et qui expliquent, en grande partie, leur éloignement de l’institution scolaire. Autrement dit : on pouvait s’attendre à ce qu’ils décrochent.

Ce que la crise a mis en avant de manière plus surprenante, ce sont les fragilités numériques de tous les autres. L’envahissement du numérique par l’école à la maison et le télétravail a mis en difficulté nombre de familles traditionnelles, recomposées, monoparentales, des personnes modestes comme des « cadres sup » ayant fait de bonnes études. Et je ne parle pas que de ceux qui se sont aperçus que leur maison de campagne ne disposait pas d’assez de réseau… Si on exclut les jeunes adultes sans enfants des grands centres urbains, tous les Français ont été concernés.

Extrait de lemonde.fr.education

 

« L’École de demain s’appuiera largement sur de l’enseignement à distance »
selon Jean-Michel Blanquer : attention danger !

Il s’agit là d’une annonce de J.-M. Blanquer dans deux entretiens, sur France Inter le 8 mai et dans le JDD le 10 mai [1]. La pandémie du Covid-19 serait l’occasion de « moderniser le système éducatif ». La rentrée de septembre verra des expérimentations de « modalités de fonctionnement mixtes ». Le ministre a parlé de la place du sport, de la culture, « qu’il souhaite développer ». Et du périscolaire. Il est clair que l’appel au périscolaire en lieu et place des temps d’enseignement est ancré dans ses réflexions. Le dispositif 2S2C ne manque pas d’inquiéter les enseignants. Il signifie que ni l’EPS ni les enseignements artistiques n’ont leur place dans la scolarité. L’avenir de l’École pourrait être moins d’école. Il s’agit pour le ministre « de faire de notre école une réelle source de transmission du savoir et d’épanouissement ». Excusez du peu.

L’expérience amène à être plus que dubitatif. On peut avoir le sentiment légitime qu’il s’agit pour le ministre, s’appuyant sur la crise sanitaire, de faire en sorte que « l’après » soit pire que « l’avant ». Classique et pas circonscrit à l ’éducation. C’est tout l’enjeu de la période à venir.

Ci-après, quelques raisons de s’opposer à cette instrumentation de l’informatique et des technologies de l’information et de la communication, instrumentation classique également. L’informatique est une discipline à enseigner, au même titre que la physique ou la biologie, et l’on sait aussi depuis un demi-siècle que l’informatique et le numérique recèlent pour les enseignants des potentialités pédagogiques réelles pour faire des choses qu’ils ne peuvent pas faire sans ou qu’ils peuvent faire mieux avec. Mais il faut que ce soit des usages ciblés et raisonnés. Pas de solution miracle réponse à tous les problèmes et apportant le bonheur sur la « terre éducative ». Et, si les fabricants de matériel et logiciel informatique « se lèchent les babines », il n’est pas inutile de redire que l’éducation, comme la santé, est un bien commun et que le nécessaire service public d’éducation doit être à l’écart de la sphère des rapports marchands.

L’aggravation des inégalités sociales [...]

Extrait de epi.asso.fr du 15.06.20

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