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Insertion plus difficile pour les enfants de chômeurs

12 mai 2006

Extrait du «  Monde » du 12.05.06 : Les difficultés d’insertion des jeunes s’aggravent en France, selon l’Insee

Si l’on en croit les Données sociales de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiées, jeudi 11 mai, les difficultés des jeunes et des seniors à s’insérer sur le marché du travail français, à trouver des emplois stables ou à les conserver, s’aiguisent.

Quelques semaines après le succès du mouvement social contre le contrat première embauche (CPE), que le premier ministre avait voulu imposer pour, disait-il, faciliter l’insertion des moins de 26 ans, et à quelques jours de la présentation du plan senior censé permettre aux plus de 50 ans de retrouver une meilleure place dans le monde du travail, la 12e édition de ce rapport sur "La société française" montre une grande vulnérabilité des jeunes et des seniors et une structure de l’emploi (type de contrats, rémunération, sécurité, etc.) qui fragilise encore ceux qui sont déjà les plus exposés à l’intérieur de ces tranches d’âge.

Présentées tous les trois ans, les Donnée sociales proposent cette année, pour 37 euros, 70 études thématiques (emploi, logement, santé, patrimoine, etc.) sur 667 pages. Selon l’une de celles qui sont consacrées à "l’accès des jeunes à l’emploi", ces derniers "terminent leurs études de plus en plus diplômés", mais trouvent un emploi "plus souvent temporaire ou déclassé".
Ce déclassement touche un jeune sur quatre, si l’on considère que "trois ans après la fin de leurs études, de 20 % à 28 % des jeunes occupent un emploi salarié" pour lequel ils possèdent un "niveau de formation supérieur à celui normalement requis" pour cet emploi. Selon les auteurs de l’étude, "aucun niveau de diplôme ne garantit une protection absolue contre le déclassement", même si les diplômés de troisième cycle et des grandes écoles sont moins exposés à ce phénomène. Conséquence, "les jeunes déclassés sont plus souvent insatisfaits et quittent plus fréquemment leur emploi".

Risque d’instabilité accru

Une autre étude démontre le poids prépondérant des origines socioculturelles dans l’accès à l’emploi. L’insertion est "plus lente et difficile" pour les enfants d’ouvriers, les jeunes issus de l’immigration extra-européenne ou les "individus confrontés dans leur enfance à diverses difficultés sociales ou familiales", dont le chômage des parents, les problèmes de santé, etc. Le risque de non-emploi est accru de 30 % lorsqu’un parent a connu le chômage de longue durée. Et le cumul de ces "événements précarisants", fréquent selon les auteurs de cette recherche, aggrave le risque d’instabilité.

Parmi les jeunes interrogés en 2003, issus de l’enquête Génération 1998, qui ont connu une période continue d’emploi de plus de dix-huit mois au cours des cinq années qui ont suivi leur sortie de formation initiale, les enfants de cadres ou de professions intermédiaires sont deux fois moins concernés que les enfants d’ouvriers par les parcours où domine le non-emploi. Et ces derniers connaissent aussi une "surreprésentation des périodes d’emploi temporaire".

Les jeunes issus de l’immigration extra-européenne, dont le père est d’origine maghrébine, ont des difficultés plus importantes : "La moitié d’entre eux n’a pas d’emploi stable contre un tiers des jeunes dont le père est né en France."

Une fois insérés sur le marché du travail, les jeunes sont confrontés, plus que les autres salariés, aux emplois de courte durée (moins d’un an) : "40 % des heures rémunérées aux salariés de moins de 25 ans le sont dans le cadre d’emplois de courte durée."

Enfin, les perspectives de fin de carrière n’incitent pas à l’optimisme. Selon une autre étude, qui porte sur l’évolution des conditions de départ en retraite au fil des générations et qui intègre les effets de la réforme Fillon de 2003, les salariés partiront plus tard et toucheront des pensions moins élevées, le taux de remplacement - ce que représente la première retraite en pourcentage du dernier salaire perçu - diminuant. Ce serait alors les "très qualifiés", ayant terminé leurs études après l’âge de 23 ou 24 ans, qui subiraient le plus souvent des pertes de pensions.

Rémi Barroux

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