> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. prior. (Déclarations officielles) > La réforme des ZEP, élément de la réforme du « mammouth »

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

La réforme des ZEP, élément de la réforme du « mammouth »

20 avril 2006

VOIR LES MESSAGES DE REPONSE EN BAS DE L’ARTICLE

Extrait de « Libération » du 19.04.06 : Robien rattaque « le mammouth par petits bouts »

Gilles de Robien est un ministre serein. La crise du CPE ne l’a pas affecté, elle l’a même conforté dans ses positions. Dressant hier le bilan des dernières semaines, le ministre de l’Education a souligné « le temps perdu » pour cette année universitaire et les conséquences des grèves sur l’image de l’enseignement supérieur français. « C’est très dommageable, nous aurons moins d’étudiants étrangers l’an prochain. Ces cerveaux vont partir en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis », s’est désolé le ministre sans parvenir à donner d’exemples de filières désertées.

Méthode de l’autruche. Lui, qui s’est attaché à soutenir sans relâche le couple Chirac-Villepin tout au long de la crise, a encore témoigné hier de son zèle : « A chaque fois que je croiserai un jeune au chômage ou sans qualification, je regretterai qu’il n’ait pu bénéficier d’un CPE [...]. J’espère que chacun sera conscient des blessures occasionnées. Les plus pauvres vont le payer très cher. » Au passage, l’unique ministre UDF du gouvernement a réécrit l’histoire, assurant que « le CPE était très populaire à sa création ». Autant nier l’unanimité du monde syndical contre ce contrat, sitôt l’annonce de sa création. Il a également évacué d’une phrase ce conflit social qui a jeté deux fois de suite trois millions de manifestants dans les rues : « Une démocratie bien faite est une démocratie paisible. »
Villepin pourra toujours compter sur Robien pour lui emboîter le pas. Le Premier ministre a appelé à un grand débat sur la professionnalisation de l’université, le ministre de l’Education souhaitant « mettre le paquet ». La « commission du débat national », qui va s’engager sans tarder dans chaque académie, planchera sur le renforcement des liens entre l’université et l’emploi, l’orientation, l’insertion professionnelle, la professionnalisation des études, l’apprentissage et le développement de l’alternance. Aux manettes, le recteur de Limoges, Patrick Hetzel, doit remettre un rapport d’étape fin juin, à l’orée des grandes vacances. « Allègre disait qu’il était impossible de réformer le mammouth. C’est faux. Il suffit d’y aller par petits bouts, assure Robien. Quand on additionne les petites touches, ça donne des grands points. »

Provocation.

Faux modeste, Gilles de Robien se félicite lui-même de son efficacité. Il annonce « quinze chantiers ouverts » et trois dont il est particulièrement fier : 1) le remplacement des profs absents ; 2) la réforme des ZEP ; 3) sa circulaire sur les méthodes de lecture, qu’il qualifie de « libération ».
Sans chercher à gâcher la joie du ministre, il faut rappeler que ces trois points ont déclenché pétitions, grèves et manifestations jusqu’à ce que la crise du CPE vienne les reléguer en arrière-plan. Les principaux syndicats d’enseignants, la fédération de parents d’élèves FCPE et la Ligue de l’enseignement ont même élaboré mi-mars une déclaration commune dénonçant les méthodes du ministre pour modifier des programmes scolaires à l’école primaire. Robien n’en a que faire. Il assure préparer ainsi le « socle commun des connaissances », partie la plus décriée de la loi Fillon sur l’école, qu’il compte mettre en oeuvre dès la rentrée 2006.

En annonçant qu’il allait désormais s’attaquer à l’enseignement de la grammaire et du calcul, Robien prend le risque de provoquer une fois de plus les enseignants. Sur ses gardes, le syndicat des enseignants SE-Unsa évoque un ministre « incurable ». Et l’avertit : « Le travail d’évaluation, l’écoute et la connaissance du terrain, la concertation, sont assurément indispensables en politique, comme le CPE l’a démontré. En pédagogie, encore plus. » Ça tombe bien : le ministre compte également réformer les IUFM « avant de partir ». Un beau chantier, où il sera nécessairement question de pédagogie. Et dans ce domaine, Robien a su montrer son tact.

Marie-Joëlle Gros

Répondre à cet article

2 Messages de forum

  • J’aimerais comprendre une chose, peut-être pouvez-vous m’éclairer ?

    En tant que parent, je ne suis pas spécialiste des méthodes pédagogiques, mais il se trouve que j’ai très près de moi des enseignants avec qui nous pouvons échanger de façon sereine et détendue, sans crispation "corporatiste". D’autre part j’ai lu pas mal de choses sur tel ou tel site...

    J’ai compris ceci : les enseignements actuels de la lecture, de la grammaire et du calcul sont jugés peu satisfaisants par pas mal de monde. On dit même que certains apprentissages actuels "déstructureraient" les enfants. La grammaire est étudiée par les textes et les enfants n’ont pas accès au sens des textes. L’orthographe est négligée. On ne fait plus lire les classiques car les enfants n’auraient pas le vocabulaire (mais où l’apprendraient-ils ailleurs que dans ces mêmes textes ?). L’apprentissage du calcul fait souvent l’impasse sur la manipulation concrète qui est pourtant une phase nécessaire pour accéder à l’abstraction. Environ un quart des enfants ne savent pas leurs tables de multiplication à l’entrée en 6eme...

    Le fait que le ministre passe outre la concertation est certes très désagréable et assez insultant.

    Mais ne pensez-vous pas qu’il serait temps maintenant de revoir en profondeur la façon dont sont transmis les fondamentaux, par exemple en prenant en compte les découvertes des neurosciences et de la psychopédagogie ?

    Si la Corée et l’Inde arrivent à former une masse d’excellents élèves en y consacrant moins d’argent que nous, celà devrait nous faire réfléchir tous.... Non ?

    Répondre à ce message

    • Savez-vous qu’en Corée, les parents consacrent des sommes astronomiques à des cours du soir, qu’il n’est pas rare de voir des élèves de 9 ans cartable sur le dos rentrant à 22h de leur journée de cours ? Je n’invente rien, j’ai découvert tout celà lors de la journée consacrée par france info à la Corée, renseignez-vous : cela coûte effectivement peu cher à l’état, mais représente une partie très importante des budgets des familles...
      Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’interroger sur le façon dont on enseigne en France, mais ne vous y trompez pas non plus, les enquêtes consacrées à la façon dont sont appliqués les programmes de 2002 le montrent, ce qui prédomine dans l’enseignement de la lecture, c’est le syllabique, dans la grammaire, c’est l’enseignement des règles, etc... M. de ROBIEN n’a paut-être pas de mauvaises intentions, mais il TRES mal entouré et ne connaît RIEN de la réalité de ce qui se passe dans les classes.
      Une enseignante qui est aussi une mère d’élève.

      Répondre à ce message