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Un entretien avec Nicolas Renard, président de l’OZP

17 avril 2006

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Extrait de « L’Enseignement public » de mars 2006 : Où en sont les ZEP ?

Les ZEP ont 25 ans. Créées en 1981 pour « donner plus à ceux qui ont moins », ont-elles rempli leur mission principale : réduire les inégalités scolaires ? Pour Nicolas Renard, président de l’Observatoire des Zones Prioritaires (OZP), le bilan est mitigé. Il estime que les ZEP doivent redevenir une priorité nationale et entraîner une mobilisation qui leur a souvent fait défaut.

Quel jugement portez-vous sur vingt-cinq ans d’expérience en ZEP ?

Le bilan est mitigé. Les ZEP ont représenté une ouverture très intéressante entre le primaire et le secondaire et entre l’école et son environnement. Des équipes se sont mobilisées dans les situations de grand échec pour essayer de travailler autrement avec les enfants On a réussi à prendre en compte de façon beaucoup plus efficace les facteurs environnementaux (santé, citoyenneté, familles...) et on s’est soucié de créer plus de cohérence dans le suivi de la scolarité, notamment au moment de l’entrée en sixième.

Des ZEP ont été de véritables lieux d’innovation qui ont réussi à faire progresser des enfants de façon remarquable. Mais cela n’a pas toujours été le cas et il est aussi beaucoup de lieux où les ZEP sont restées assez formelles, où les moyens ont été utilisés pour une réduction mécanique des effectifs des classes sans que cela ait eu de véritables effets pour les élèves les plus en difficulté. Cette inégalité de mobilisation des ZEP n’a pu être corrigée du fait de l’absence d’un pilotage clair et volontaire qui aurait pu permettre de tirer bénéfice de ces innovations et d’en faire profiter les autres. Le bilan reste donc mitigé. Les ZEP ont probablement évité que certaines situations scolaires ne se dégradent. Elles n’ont pas permis une mobilisation suffisamment importante, à la hauteur du défi que représentaient les difficulté de la scolarisation dans certains quartiers.

Quels sont les facteurs essentiels pour la réussite en ZEP ?

La première époque des ZEP a souvent été marquée par l’ouverture des écoles sur les quartiers, sur le social, le culturel sans qu’on se soit toujours soucié suffisamment des apprentissages. On y est revenu ensuite. C’est essentiel. La fonction première de l’école, c’est de faire réussir les élèves dans les différentes disciplines qui leur sont proposées. Certes, on ne fera pas réussir un élève qui se nourrit mal ou qui ne respecte pas les autres.
Mais l’école doit se focaliser sur sa mission première : les apprentissages. Elle doit se mobiliser autour des « décrocheurs », de ceux qui, à tous les niveaux, commencent à perdre pied sans pouvoir remonter ensuite à la surface. Nous devons faire preuve d’imagination aussi bien dans les aspects pédagogiques qu’institutionnels. L’école doit travailler avec des partenaires extérieurs mais en conservant clairement la finalité de son effort : aider les élèves les plus en difficulté dans leurs apprentissages.

Quel rôle l’OZP a-t-il joué ?

L’OZP est une association indépendante qui réunit depuis quinze ans les différents acteurs de ZEP : enseignants, chercheurs, cadres de l’éducation nationale. Nous avons donc une longue connaissance des ZEP et de ce qui s’y est fait et c’est cette expérience qui nous a permis d’élaborer des propositions aussi bien dans le domaine institutionnel que pédagogique pour que l’éducation prioritaire réponde plus efficacement à ce pour quoi elle a été créée. Récemment, nous avons été consultés quand le dossier a été remis en chantier par le ministre. On nous a seulement demandé notre avis sans que nous en sachions plus sur les projets qui étaient en cours d’élaboration. Nous continuons à organiser des réunions publiques pour confronter les points de vue de tous ceux qui sont mobilisés à des titres différents dans l’éducation prioritaire.

Quelles sont les propositions de l’OZP pour l’avenir ?

Il y avait au moins deux urgences : retravailler tout d’abord sur la carte des ZEP pour éviter la dilution actuelle des moyens sur un trop grand nombre de sites et pour faire porter l’effort dans les zones de plus grande urgence. Il fallait ensuite rétablir un pilotage fort à tous les niveaux, local, académique, national, pour permettre aux ZEP de se redynamiser en mutualisant leurs réussites. Il fallait enfin que les équipes de terrain soient encouragées et qu’on leur donne les moyens de travailler efficacement. Le dispositif était devenu erratique et, en dehors des militants, plus personne ne s’y intéressait. Il faut en faire à nouveau une priorité nationale et se mobiliser en conséquence.

Propos recueillis par Gilles Vella

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1 Message

  • > 17/04/06 - Un entretien avec le président de l’OZP

    17 avril 2006 22:48, par Véronique DECKER

    URGENCE
    Il y avait au moins deux urgences : retravailler tout d’abord sur la carte des ZEP pour éviter la dilution actuelle des moyens sur un trop grand nombre de sites et pour faire porter l’effort dans les zones de plus grande urgence.....

    Oui, mais voilà. Les "zones" sont découpées non pas en fonction des besoins, mais en fonction de critères aussi absurdes que les précédents. Je redonne :
    % des élèves ayant deux ans de retard (rigolo comme critère, je croyais que c’était interdit de faire redoubler les enfants deux fois en élémentaire),
    % de CSP défavorisées ( attention, c’est le % du collège qui compte, la pauvre école élémentaire qui vient de changer de secteur, elle ne sera pas prise en compte..., alors que des écoles privées le seront...)
    % des non francophones (absurde, puisqu’ils sont regroupés indépendamment du secteur sur des classes d’accueil)
    et enfin le % de réussite aux évaluations (là, pourtant, en raison de la grève administrative des directeurs d’école, il y a des communes où les chiffres sont réputés manquants, ce qui n’a pas empêché la désignation d’école élémentaires...

    On se retouve donc avec un nouveau dispositif, qui se surajoute à tous les précédents (Contrat de Ville, REP, ZEP, zone sensible, GPV,...) dont les critères sont tout aussi inadéquats.
    Et comment ça commence pour l’élémentaire ?
    Un assistant d’éducation en plus dans l’école retenue... super.
    Un priorité pour les remplacements... moins sympa...
    Des budgets...
    Un pilotage...

    Sans aucun bilan des dispositifs précédents.
    Ni de leur disparition.
    Moi, je serai moins enthousiaste que vous sur les EP1...

    Véronique DECKER
    directrice d’une école non retenue EP1
    en raison d’un changement de secteur de collège en 2006.
    alors que dans l’école il y a bien plus de 67 % de CSP défavorisées....

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