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Le site du PS fait un compte rendu du colloque UNSA éducation / OZP / Ligue sur l’avenir des ZEP

24 mars 2006

Extrait du site du PS, le 24.03.06 : Où vont les ZEP ?

Alors que le ministre de l’Education nationale, Gilles de Robien, proposait, le 8 février 2006, des mesures de relance de l’éducation prioritaire, pour la plupart superficielles, l’Unsa Education en partenariat avec l’Observatoire des zones prioritaires (OZP) et la Ligue de l’enseignement, organisait un colloque, le 22 mars, sur le thème « Quel avenir pour les ZEP ? ». Il s’agissait surtout de dépasser les préjugés persistants, tout en présentant des projets innovants destinés à améliorer leur fonctionnement et leur image.

« Quel avenir pour les ZEP ? ». La question peut sembler surprenante, après les nombreuses déclarations du gouvernement sur ce thème, dans le cadre de l’après crise des banlieues. Pourtant, les effets d’annonces ne sont pas à la hauteur des besoins de l’éducation, notamment dans les ZEP. Les zones d’éducation prioritaires, créées en 1981 par Alain Savary, sont au cœur du système éducatif français puisqu’elles concernent 1 700 000 élèves, soit un élève scolarisé sur cinq. « Le colloque tombe à point nommé, il y a actuellement une remise en cause de l’éducation dans ce pays. Le regard porté sur la jeunesse est très négatif. Le colloque est là pour faire le point sur les ZEP, alors que le gouvernement supprime des moyens. Il est là aussi pour ouvrir des pistes et des perspectives, car la question de l’égalité, de la justice sociale, de l’éducation et de l’accès à l’éducation dans ces quartiers est une question qui reste en suspend », explique Patrick Gonthier, secrétaire général de l’UNSA Education.

A travers cette réunion, il s’agissait d’abord de savoir si ’éducation en ZEP était spécifique ou non. L’un des intervenants, Jean-Louis Auduc, directeur-adjoint de l’IUFM de Créteil, a insisté sur le fait que les conditions d’exercice d’enseignement devaient être pensées de la même façon pour les ZEP que pour les autres zones d’éducation. Selon lui, le principal problème des ZEP est lié au manque de formation des personnels enseignants. En effet, les ZEP ont « l’honneur » de jouir du système des listes complémentaires. Ainsi, les élèves mis sur liste d’attente à l’issu du concours, peuvent être appelés au gré des besoins. Ils sont mis face à une classe sans n’avoir jamais reçu de formation au préalable. De plus, une enquête menée, dans le cadre du colloque, montre que sur 600 personnes travaillant en ZEP, 94% d’entre elles n’ont jamais reçu de formation spécifique pendant leur formation initiale. Le gouvernement sous-entend que lorsque les élèves sont en difficulté, il serait meilleur pour eux de sortir du système scolaire à 14 ans. Ce manque d’ambition de l’Etat pour son école effare personnels et syndicats de l’éducation.

Des propositions ont bien sûr été élaborées et répétées au cours de ce colloque. Tous demandent un accès à la formation continue pour les nouveaux professeurs. Il serait, en effet, utile de suivre « les nouveaux » pendant leur première année d’exercice afin de les encadrer et de les conseiller. Mais, c’est encore et toujours une question de moyens. Les personnels enseignants souhaitent du temps pour se consacrer au bon exercice de leur métier.
Patrick Gonthier rappelle que « les ZEP ne sont pas un élément à part, elles sont un élément central d’une politique éducative. C’est une question de moyens, de classes moins chargées, d’enseignants supplémentaires et d’architecture des établissements. Il faut des établissements de petite taille. De plus, aujourd’hui, trop d’enseignants ne connaissent pas la réalité des ZEP. On demande à des jeunes profs de s’adapter trop rapidement. Enseigner est un métier. Il faut être de très bons professionnels et cela s’apprend ».

Les ZEP ne sont donc pas dans l’impasse, mais doivent avoir des moyens physiques et financiers, et l’appui de l’Etat pour réussir leur mission première de rétablissement de l’égalité dans des zones qui souffrent de discrimination, de mal-logement et de difficultés sociales. D’ailleurs, le colloque a permis de mettre en avant des projets et des expériences qui détruisent de nombreux a priori répandus sur les ZEP.

Dominique Garcon, principale du collège Stendhal à Toulouse, a réussi à mettre en place dans son établissement une Unité pédagogique d’intégration (UPI), afin d’accueillir des élèves handicapés mentaux. Elle a travaillé avec ses élèves et leurs parents pour comprendre et mettre en place des mesures de prise en compte du handicap. Installée en septembre 2001, cette unité est aujourd’hui un franc succès. Elle a montré que les élèves de ZEP étaient très attentifs au projet, et se sont montrés capables de vivre avec des jeunes, eux aussi en difficulté. Ils se sont rapidement portés volontaires pour être tuteur ou accompagnateurs, tous comme les professeurs.

Didier Bargas, inspecteur général de l’administration de l’Education nationale et de la Recherche, a, quant à lui, énuméré les facteurs qui lui semblaient être les « clés » de la réussite pour les ZEP. Le principal doit piloter son établissement et non se contenter de le gérer ; les enseignants doivent se mobiliser contre l’échec scolaire ; des liens étroits doivent être mis en place avec les familles, voilà quelques unes des recommandations émises. L’avenir des ZEP fut mis en lumière lors de cette journée, sans langue de bois et sans tabous.

Fanny Costes

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