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Extrait du site « Nouvel.Obs.com », le 16.03.06 : Tristan Rouquier (Fidl) invité de nouvelobs.com
Tristan Rouquier, 17 ans, élève de première à Vitrolles (Bouches-du-Rhône) a été élu le 29 janvier à l’unanimité président de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl).
Arrivé à la Fidl, deuxième syndicat lycéen, pendant les manifestations contre la loi Fillon à l’hiver 2005, Tristan Rouquier a déclaré lors de son discours d’investiture que ’’le principal enjeu’’ immédiat était de ’’s’organiser contre la masse de réformes anti-jeunes du gouvernement : apprentissage à 14 ans, suppression des ZEP et CPE’’.
La Fidl a voté deux résolutions, contre les violences à l’Ecole et contre le Contrat première embauche (CPE).
Extrait des « Echos » du 15.03.06 : Robien s’en prend vertement aux organisations étudiantes
Le ministre de l’Education nationale ne masque plus l’agacement que lui inspirent les méthodes des organisations étudiantes. Les mots employés risquent de laisser des traces.
Il est arrivé Rue de Grenelle précédé d’une image d’homme de dialogue, d’habile négociateur, rompu aux tractations syndicales. Pourtant, depuis l’essor du mouvement anti-CPE, les relations entre Gilles de Robien et les organisations étudiantes se sont considérablement tendues- hormis avec l’UNI, favorable au contrat.
Sur le fond, le ministre de l’Education nationale s’est montré fidèle aux consignes de fermeté gouvernementale. Mais, sur la forme, les mots employés par Gilles de Robien frisent l’invective. Le week-end dernier, il s’en est pris vertement à l’Unef (marquée à gauche). Les 45 universités en grève ? « Ce sont des mensonges », a-t-il assené. Les dégradations à la Sorbonne ? « Ceux qui ont appelé au mouvement » seront tenus pour « responsables en cas de nouveaux dérapages », a-t-il averti. La chute - accidentelle ou non selon les versions - d’une étudiante dotée d’attelles dans un escalier de Nanterre ? « C’est inadmissible. C’est un tournant qui devrait faire réfléchir celles et ceux qui lancent des mots d’ordre, qui sont encore très jeunes, qui n’ont pas d’expérience, qui sont tout juste des adultes et qui envoient comme ça des étudiants dans la rue », a commenté Gilles de Robien.
Son ministre délégué, François Goulard, n’est pas en reste, estimant que « l’Unef essaie de gagner une surenchère absurde » et qu’elle « renoue avec l’époque où ses intérêts étaient strictement politiques ». En termes à peine voilés, les organisations étudiantes, qui ont soutenu l’occupation de la Sorbonne, sont accusées d’être peu ou prou manipulées et de prendre leurs ordres auprès des partis de gauche et d’extrême gauche.
« Un autre homme qui apparaît »
Riposte immédiate et guère amène du leader étudiant Bruno Julliard, qui s’est dit « choqué » par les propos de Gilles de Robien. « Je savais qu’il était un mauvais ministre, parce que j’ai eu l’occasion de le constater en le rencontrant plusieurs fois : il ne connaît pas ses dossiers. Mais je ne savais pas que c’était un pyromane », a-t-il attaqué.
Ces passes d’armes laisseront forcément des traces, alors que des discussions sont censées s’engager dans les prochaines semaines sur le dossier social étudiant. Elles risquent aussi de compliquer la donne avec les syndicats d’enseignants, engagés dans un bras de fer - bien moins spectaculaire - sur la réforme de la lecture et des ZEP. « C’est une tactique relativement classique que de dire que les jeunes sont manipulés pour les disqualifier. Mais, là, Robien a beaucoup durci ses propos, et c’est un autre homme qui apparaît. Cela nous rend forcément méfiants, alors que, justement, nous étions entrés dans une phase de normalisation de nos rapports après un automne très tendu », commente Patrick Gonthier, le secrétaire général de l’Unsa-éducation. Samedi, dans un communiqué, la FSU s’était aussi demandé « si le gouvernement (...) ne cherche pas à jouer la provocation ».
Laurence Albert
Extrait de « L’Humanité » du 15.03.06 : Le pays persiste
Dominique de Villepin a tenté une nouvelle manoeuvre de diversion en prétendant sur TF1 que le CPE n’était pas destiné aux étudiants mais aux jeunes chômeurs. Comme si le premier ministre était plus populaire parmi les seconds ! Comme si les 11,5 millions de spectateurs qui ont suivi sa prestation télévisée ne se considéraient pas eux-mêmes comme menacés par un démantèlement du Code
du travail ! Comme si les jeunes sortant
de l’enseignement supérieur n’étaient pas promis
en moyenne à deux ans de stages et de chômage
et vivaient comme les privilégiés du CAC 40 !
Le gouvernement avait entamé le week-end en mettant en scène des tensions autour de la Sorbonne ; il l’a achevé dimanche soir par des manoeuvres
de diversion. Sans succès.
Pour le reste, Matignon n’apporte toujours rien
de nouveau et confirme que sa conception du dialogue reste « cause toujours, je fais ce que je veux ».
À nouveau, le chef du gouvernement mise sur un épuisement du mouvement. Une fois de plus, ça commence mal et les anti-CPE reçoivent de nouveaux soutiens.
La principale fédération de parents d’élèves (FCPE) a appelé hier à manifester demain, jeudi et samedi
en interrogeant : « Pourquoi un tel acharnement ?
Le gouvernement doit comprendre que les jeunes ne peuvent accepter d’être considérés comme des salariés Kleenex après avoir travaillé dur pour obtenir des diplômes, pas plus que leurs parents qui ont investi financièrement pour les études de leurs enfants. » Des présidents d’université, des doyens, des enseignants apportent leur appui. Et tous les syndicats de salariés (ce n’est pas si fréquent) sont exactement sur la même longueur d’onde pour exiger comme préalable le retrait du CPE. Les organisations lycéennes appellent à la généralisation du mouvement et des « manifestations spontanées », selon l’AFP, se sont multipliées, hier. Des IUT s’y mettent.
Le front anti-CPE s’élargit encore. Même le ministère de l’Éducation nationale qui n’est pas très bon en addition a dû reconnaître que le nombre d’universités en lutte était plus important après qu’avant le week-end.
À choisir l’épreuve de force sur un dossier que l’opinion connaît bien désormais et condamne, Dominique de Villepin risque d’agréger d’autres mécontentements. La fusion Suez-GDF, contre laquelle 70 % des agents gaziers ont fait grève, hier, dans les sites stratégiques, les menaces sur les effectifs des ZEP, les suppressions d’emplois dans la fonction publique, la colère des hôpitaux... les sujets ne manquent pas en effet chez les salariés.
(...)
Extrait de « rfi-actualités », le 16.03.06 : Période d’évaluation pour Dominique de Villepin
Il y a beaucoup d’incompréhension et beaucoup d’obstination. Il y a des affrontements. Et il y a surtout une grosse inquiétude. La crise des banlieues nous avait en effet déjà montré que le gouvernement avait un problème de communication avec une partie de la jeunesse. Le CPE révèle aujourd’hui que le déficit de confiance est plus large qu’on ne le pensait ; qu’il déborde de Clichy pour s’étendre à la province et au centre de Paris ; qu’il est ressenti par ceux qui sont scolarisés dans les ZEP de Saint-Denis, comme par ceux qui sont inscrits dans les universités ou qui fréquentent des lycées prestigieux tels Montaigne ou Louis le Grand dont une délégation a rejoint, hier, les étudiants réunis en Assemblée générale à la Sorbonne. L’affaire est très sérieuse.
Le Premier ministre a d’ailleurs sonné la mobilisation. Il a reçu des parlementaires. Il réunira, ce soir, un séminaire gouvernemental. Et Jacques Chirac a même cru bon d’intervenir, de Berlin, pour apporter son soutien au CPE ; de déroger au principe qui veut que l’on n’évoque pas les affaires françaises à l’étranger.
(...)
Patrice Biancone