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Le programme éducatif de Nicolas Sarkozy devant la convention UMP

23 février 2006

Revue de presse sur les déclarations du président de l’UMP à propos de l’école et, notamment, les ZEP

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Nicolas Sarkozy estime que les ZEP accroissent les inégalités

Extrait de « VousNousIls », le 23.02.06 : Sarkozy : "les ZEP accroissent les inégalités au lieu de les réduire"

Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, a affirmé mercredi que "les ZEP accroissent les inégalités sociales au lieu de les réduire", lors d’une convention de son parti sur l’école, à Paris.

"Quel que soit le dévouement des nombreux enseignants qui y exercent (...), les ZEP (ndlr : Zones d’éducation prioritaire) accroissent les inégalités sociales au lieu de les réduire, parce qu’elles aggravent la ségrégation urbaine en raison des stratégies de fuite qu’elles provoquent", a affirmé M. Sarkozy.

Selon lui, les ZEP "concentrent dans les mêmes établissements les enfants les plus défavorisés et les enseignants les plus jeunes et les moins expérimentés, alors qu’il faudrait au contraire disperser les uns comme les autres".

"Je ne conçois pas que nous puissions imaginer ensemble +La France d’après+ sans avoir un projet pour l’école", a également affirmé le candidat déclaré à l’élection présidentielle en 2007, reprenant le nouveau slogan de son parti, "Imaginons la France d’après".

Ce "projet", M. Sarkozy "souhaite qu’il soit d’abord fondé sur des changements concrets, dont la mise en oeuvre ne relève pas de la loi".

Selon lui, il faut tout d’abord "développer le sport à l’école" car "le sport développe des qualités humaines qui sont essentielles à la vie en société et dans le monde du travail : le charisme, l’esprit d’équipe, le sens des autres".

Ces qualités ne sont "pas assez valorisées par le système scolaire actuel" et "tous les enfants qui le souhaitent devraient pouvoir suivre leur scolarité sous la forme d’un mi-temps sportif", a-t-il ajouté.

M. Sarkozy a également préconisé un meilleur accueil des enfants handicapés —"50% d’entre eux ne sont pas scolarisés dans le système ordinaire, contrairement à ce que prévoit la loi", a-t-il regretté— et un meilleur enseignement des langues étrangères.

"Recrutons des enseignants étrangers si nous n’avons pas tout de suite assez d’enseignants titulaires pour le faire. Diffusons sur les chaînes publiques des films en langue originale, comme cela se fait dans les pays nordiques. Notre objectif doit être que tous nos enfants soient bilingues", a-t-il lancé.

Enfin, il a réaffirmé le souhait qu’il y ait "un policier référent dans chaque établissement scolaire, qui soit le correspondant des enseignants et des élèves". "L’école ne peut être à ce point laissée en dehors des règles de droit commun. Quand les agissements des élèves constituent des infractions, c’est à la police de les faire cesser, et à la justice de les sanctionner", a-t-il martelé.

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Sarkozy : moins d’Etat pour l’école

Extrait de « L’Expresso » du 23.02.06 : Sarkozy veut moins d’Etat pour l’Ecole

Il faut donner leur autonomie aux établissements scolaires". L’UMP tenait mercredi 22 février sa convention nationale sur l’Ecole en présence de Nicolas Sarkozy, des ministres Robien, Fillon et Ferry et des chantres de l’école d’autrefois (M Le Bris, M.-C. Bellosta, L. Lafforgue etc.).

Nicolas Sarkozy a présenté un programme pour l’Ecole où reviennent deux mots : autonomie et liberté. C’est d’abord l’autonomie des établissements présentée comme "un facteur clé de la réussite". Dans l’esprit de N. Sarkozy elle doit permettre une offre scolaire variée et mieux adaptée aux élèves. "C’est une réforme qui doit nous permettre... de supprimer la carte scolaire" annonce le président de l’UMP. "Je crois dans le libre choix des établissements par les parents". Et il invite déjà l’Etat à favoriser et à autoriser l’ouverture de nouveaux établissements privés sous contrat dans les quartiers. "Pourquoi la possibilité de choisir l’enseignement privé serait-elle réserver aux beaux quartiers ?".

Sur le terrain pédagogique, N. Sarkozy souhaite davantage de sport et de langues (dès le CP). Il demande aussi que les enseignants soient rémunérés "au résultat" et par exemple qu’on paye davantage ceux qui font des études dirigées. Il semble d’ailleurs que ce soit déjà le cas depuis quelques décennies...

La convention a été aussi l’occasion pour l’UMP de promouvoir les théories des ultra-conservateurs de l’Ecole, qui s’affichent comme les experts pédagogues de l’UMP : Marc Le Bris, M.-C. Bellosta.

Que retenir du plan Sarkozy ? D’abord ses contradictions. Les établissements privés sont implantés plutôt dans les beaux quartiers parce qu’ils sont payants. Si l’Etat autorise de nouvelles ouvertures, il diminuera le pourcentage d’élèves de milieu favorisé dans les établissements publics. Il n’augmentera pas le pourcentage d’élèves défavorisés dans le privé. Quoiqu’en dise N. Sarkozy supprimer la carte scolaire et développer le privé augmentera la ségrégation sociale. C’est visiblement l’objectif recherché. Que dire de l’autonomie des établissements ? Peut-elle vraiment permettre le développement de projets pédagogiques originaux adaptés à des publics scolaires différents ? En théorie, oui. Dans la réalité on voit bien que très peu d’établissements privés ont su développer des projets originaux. Si l’autonomie administrative peut se décréter, l’innovation et la créativité pédagogique ne peuvent être propulsés hiérarchiquement.

Pour en savoir plus sur cette journée, nous vous invitons à lire le reportage illustré de Patrick Picard qui a assisté pour le Café à cette journée de l’UMP.

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Le reportage de Patrick Picard

Extrait de « L’Expresso » du 23.02.06 : L’UMP met l’école en orbite pour 2007

Faut-il croire ce que je dis, ou ce que je fais ? Après une journée de convention, les militants UMP ont entendu ce qu’ils voulaient entendre : " N’ayons plus aucun complexe pour occuper le terrain de l’éducation " et sus aux pédagos ! En fin de journée, Nicolas Sarkozy a tracé les pistes de l’Ecole d’après 2007, s’il est élu. Avec un discours appuyé en direction des enseignants : " N’ayeeeeez pas peur !"

Il y avait de la schizophrénie dans l’air, à la "Convention pour la France d’après" organisée par l’UMP le 22 février à Paris, sur le thème de l’Education. "Le temps du système éducatif n’est pas celui du jeu politico-médiatique" affirmait d’entrée Gilles De Robien, ministre UDF salué par la salle qui pensait déjà aux échéances de 2007.

Noble affirmation, aussitôt démentie par une déclaration fracassante : "Il faut rompre avec le pédagogisme à tout crin, qui laisse croire que l’élève doit construire les savoirs, que le professeur est l’égal de l’élève. Les instituteurs ne se satisfont pas de cet état de fait, comme l’indiquent les jeunes enseignants qui sortent de l’IUFM. Il faut rendre aux enseignants les moyens de rétablir l’ordre, s’il le faut en faisant intervenir la police : chacun son travail !".

Au-delà de l’assistance acquise à la cause, le propos était évidemment de s’adresser aux enseignants : "Il faut avoir le courage de dépasser la pensée 68(...) Depuis 20 ans, les professeurs sont soumis à rude épreuve, on a déconsidéré l’apprentissage (...) La société demande toujours plus aux enseignants. Ils ne sont pas des assistantes sociales".

La présence à la tribune de présumés "experts du terrain", comme Marc Le Bris ou Isabel Weiss était là pour en attester, en signifiant la volonté de ré-instituer les enseignants dans leur noble mission, pour "construire la cohésion nationale par les apprentissages". Marc le Bris se tailla une ovation en demandant "de l’aide" pour que les orientations de M. De Robien soient bien appliquées dès la rentrée : "en effet, quand on sait qu’une seule méthode est conforme à la circulaire Robien (Léo & Léa, ndlr), et que tous les cadres ont été formatés par les méthodes globales des années 70, qui viendra vérifier que les enseignants appliquent bien la circulaire ?"
Mme Weiss, professeur de philosophie, enchaîna en décriant le "cynisme" des instituteurs pour qui "il vaut mieux faire des sorties que leur apprendre à lire des textes simples", handicapant ainsi volontairement leurs élèves pour toute leur vie d’éléments fondamentaux "accessibles à tous, dont il est scandaleux de les priver". Elle insista sur le caractère non-négociable du respect de l’enseignant, de l’ordre et du calme qui doit régner dans la classe, condition préalable de l’enseignement.

On atteignit des sommets avec la présentation d’un manuel d’économie (qui n’eut pas l’honneur d’être cité), selon lequel l’enseignement de l’économie était uniquement présenté à charge contre le marché, la droite et le libéralisme, amenant les vociférations de la salle s’exclamant "où est la République ?" ou "que fait le gouvernement pour attaquer les éditeurs ?"

Le choc vient toujours de l’étranger

"Les choses ne sont pas si mauvaises en France" expliqua alors en anglais Andreas Schleicher, au nom de l’OCDE, organisme peu soupçonnable de pensée soixante-huitarde. Contrairement à ce qui avait été doctement asséné plus tôt, il expliqua qu’il était urgent de ne pas imposer aux enseignants ce qu’ils doivent enseigner, et comment ils doivent l’enseigner. "On doit renforcer la coopération entre les enseignants, pour qu’ils comprennent les forces et les faiblesses de l’établissement où ils travaillent. Il faut aussi investir dans le réseau de soutien et la formation continue enseignants". Il vanta la décentralisation, pourvu qu’elle soit assortie d’une norme nationale, et d’un travail national sur l’évaluation. "Les systèmes scolaires qui réussissent ne passent pas par la simple répétition. Encore faut-il individualiser, trouver des manières de responsabiliser les apprenants pour leur faire sentir qu’ils existent comme individu et non uniquement comme classe. Les défis posés à l’école iront croissants, et ce que nous avons du mal à réaliser aujourd’hui sera encore plus difficile demain, étant donnée l’expansion continuelle des besoins de qualification dans les sociétés industrielles."

Illustrant le propos, Kristina Kaihari-Salminen, conseillère au National board of education de Finlande, décrivit ce qui, d’après elle, fait la réussite du système finlandais : aucune sélection, proximité du domicile, scolarité unique de neuf ans, beaucoup de soutien, pas de redoublement, pas de classement. Et pour les enseignants : large autonomie, recrutement local, formation sur 5 ans, liberté des méthodes, travail collectif, "social-constructivisme" en pédagogie, évaluation permanente, feed-back-positif des élèves.

Son collègue anglais, Alan Wells, insista sur la loi, dans un univers très libéral, demande désormais de se conformer à des objectifs de performance nationaux, dans une approche très centralisée. Si des améliorations sensibles ont été constatées, 20% d’élèves sont toujours en grande difficulté, eux-mêmes enfants de parents qui ont été en difficultés. Il mit en garde cependant "les inspections répétées qui produisent des tableaux de performance des écoles contre-productifs, dans une atmosphère de dénonciation publique qui n’est pas bonne."
La salle mesura-t-elle alors le grand écart entre ces exemples internationaux et la volonté de "rompre avec le pédagogisme" affichée par ceux qu’elle avait entendu précédemment ? Certains, sans aucune doute.

"Comment sauver ce que l’Education a abandonné ?"
Ne s’y trompant pas, elle, Marie-Christine Bellosta, responsable de la Fondation pour l’Innovation Politique fustigea l’expert de l’OCDE et ramena au premier plan la nécessité de "changer de méthodes d’enseignement" qui empêchent de "diffuser le savoir en laissant de côté les enfants les plus défavorisés".
Elle réclama des "mesures techniques qui feront grincer les dents" : la suppression des épreuves didactiques aux concours de recrutement, "l’évaluation des élèves en fin d’année pour qu’on puisse évaluer la performance individuelle des enseignants", la réécriture des programmes en incluant le socle commun à la fin du primaire, prenant soin de préciser qu’il ne devait pas être un viatique automatique pour l’entrée dans l’enseignement secondaire.

Xavier Darcos, ex-ministre, abonda : "Le constat est unanime, la théologie de l’Education recule devant les constats objectifs. Les parents ne sont plus dupes, ils n’acceptent plus qu’on impose à toute force les méthodes des bureaucrates. La réforme est donc possible si on accepte l’évidence : l’Ecole est inégalitaire, et plus elle s’enferme dans le constructivisme, plus elle est inégalitaire pour les enfants des milieux défavorisés qui ne peuvent pas avoir les compétences nécessaires. C’est la transmission du savoir qui est le seul moyen d’apprendre". Mais sans ambages, il enchaîna immédiatement : "les établissements qui réussissent sont ceux qui ne lisent jamais le BO, qui innovent, qui bricolent, qui inventent leurs méthodes... Laissons les établissements fonctionner... Soyons concrets, pragmatiques : lorsque ça se passe bien dans une classe, qu’on veuille bien la laisser tranquille".

"Et alors vint Sarkozy..."

Toute la journée, Nicolas par ci, Nicolas par là, les orateurs, ministres ou ex-ministres compris, avaient pris soin de s’inscrire de l’intervention conclusive de la journée. Pourtant, comme il l’avait fait le matin dans le Figaro, le Président de l’UMP répéta son souhait de s’éloigner de ceux qui "entendent s’emparer des querelles sur les méthodes pédagogiques pour en faire des instruments au discrédit de l’école". C’était pourtant ce qu’on avait entendu toute la journée... Nicolas Sarkozy poursuivit, précisant "qu’aucune circulaire au monde ne peut remplacer les 10 ans d’expérience d’une maîtresse qui apprend à lire". Evanouis les pédagogos parcourant la campagne. Sa conclusion fut du même tonneau : "depuis des années, l’école s’entend dire qu’elle n’est pas capables de transmettre les savoirs complexes, qu’elle laisse trop d’enfants en situation d’échecs, qu’elle ne sait pas s’ouvrir, que les enseignants sont trop nombreux et pas assez travailleurs. C’est une injustice. L’école n’attend en réalité qu’une seule chose : qu’on lui dise ce qu’on attend d’elle, et qu’on lui fasse confiance".

Confiance... Pourtant, quelques heures plus tôt, Robien avait à nouveau appelé à la rescousse "l’unanimité des chercheurs" montrant l’urgence du retour de la syllabique, un jeune cadre dynamique fustigé l’immobilisme des enseignants, Ferry avait fait des bons mots sur l’impossibilité pour les profs d’enseigner la grammaire, on avait ridiculisé les didacticiens qui prétendent qu’on peut faire "apprendre l’hébreu ou les mathématiques par la transversalité", dénoncé la "chappe de plomb qui pèse sur les enseignants interdits de parole par l’administration". Claude Bébéar, PDG d’AXA, avait ajouté une couche de [couleur] en se déclarant "stupéfait du mauvais fonctionnement de l’école primaire dont 20% des élèves n’apprennent pas à lire", rappelant que sa mère, institutrice, n’avait manqué qu’un seul élève sur sa carrière... Et Jacqueline de Romilly, académicienne, s’était une fois de plus étonnée qu’on écarte avec tant de méchanceté les jeunes âmes du grec ancien et des belles lettres, merveilleux instruments de l’éveil des consciences au bonheur d’apprendre... De controverse, il n’en eut guère : un chef d’établissement osant dire que les TPE pouvaient être utiles fut copieusement sifflé par la salle...

Dans un tel contexte, quel crédit faire au discours du président de l’UMP, lorsqu’il souligne que tout progrès social est lié avec un progrès scolaire, que l’Ecole n’a pas réussi à réduire les inégalités sociales, en particulier ces dernières années, qu’elle secrète ses propres injustices, ou qu’il faut être exigeant avec les élèves de ZEP ?

Pour adapter l’école "aux besoins de notre temps", N. Sarkozy proposa de développer le sport à l’école, d’intégrer les enfants handicapés dans les classes, d’avoir l’objectif que tous les élèves deviennent bilingues, de mettre un policier référent par école. Pour "tirer les conséquences de ce que nous apprennent les études internationales PISA", il ne "suffit pas de dire aux enseignants qu’ils ont un rendement insuffisant, mais il veut les former en 5 ans en articulant maîtrise disciplinaire et formation pédagogique"pragmatique"avec l’aide "d’enseignants référents" à qui on allégerait le service et augmenterait la rémunération."

Et enfin, il annonça clairement avoir l’objectif de supprimer la carte scolaire qui "empêche les parents de choisir leur école", favoriser l’autonomie des écoles, les évaluer mieux, valoriser les chefs d’établissement, renforcer les internats éducatifs et les études du soir. Et annoncer dès aujourd’hui la "garantie de revenir en arrière s’il le faut".

Assurément, l’UMP s’est mise en ordre de marche pour faire de l’Ecole un thème fort de la prochaine campagne électorale.

Avec une ambition affichée par Nicolas Sarkozy à la fin de son discours : "Il faut admirer son maître". Ah ! La sémantique...

Page publiée le 23-02-2006
Patrick Picard

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Extrait de « VousNousIls », le 23.02.06 : Ecole : Sarkozy veut tout changer de la carte scolaire aux salaires des profs

Nicolas Sarkozy veut modifier en profondeur le système éducatif français, de la carte scolaire, qui empêche les élèves de s’inscrire où ils veulent, aux salaires des professeurs, qu’il voudrait au mérite.

Le président de l’UMP, qui a proposé toute une série de réformes lors d’une convention UMP sur l’école, mercredi, semble ainsi mettre de côté la loi Fillon sur l’école, voulue par Jacques Chirac.

Quinze mois avant l’élection présidentielle, il prend aussi le risque de heurter profondement le corps enseignant. Les organisations syndicales ont d’ailleurs réagi tout de suite en dénonçant une dérive libérale.
"C’est une erreur de penser que pour changer l’Ecole, il faut une grande loi", a déclaré Nicolas Sarkozy en clôture de la journée, devant les quatre anciens ministres de l’Education de cette législature présents à la convention.
"Je veux que les parents aient le libre choix de l’école pour leurs enfants, le libre choix crée une émulation saine dans les établissements", a ainsi préconisé Nicolas Sarkozy, répétant que la carte scolaire constituait "aujourd’hui un privilège pour les uns, une fatalité pour les autres".

Quant aux Zones d’éducation prioritaires (ZEP) qui font actuellement l’objet d’une réforme initiée par Gilles de Robien, actuel occupant de la rue de Grenelle et qui a ouvert la convention, elles "accroissent les inégalités sociales au lieu de les réduire parce qu’elle aggravent la ségrégation urbaine en raison des stratégies de fuite qu’elles provoquent", a encore dit Nicolas Sarkozy.
Le futur candidat à la présidentielle de 2007 a également souhaité "améliorer la rémunération et le pouvoir d’achat des enseignants volontaires", confrontés aux publics les plus difficiles et qui souhaitent travailler davantage.
Le président de l’UMP a par ailleurs corrigé la loi de François Fillon sur plusieurs points.

Ainsi a-t-il défendu l’apprentissage d’une langue étrangère dès le CP, alors que le Parlement a voté il y a moins d’un an l’obligation d’enseigner une langue vivante dès le CE1. De même, il a longuement plaidé pour "développer le sport à l’Ecole", discipline complètement absente du socle commun de connaissances à maîtriser en fin de 3e tel que François Fillon l’entendait.
Ce dernier, congédié du gouvernement juste après le vote de sa loi et aujourd’hui conseiller de Nicolas Sarkozy, a réclamé pour sa part que "le courage politique ne fasse pas défaut au milieu du gué". "Toutes celles et tous ceux qui s’engagent pour faire évoluer l’Ecole doivent avoir l’assurance de ne pas être abandonné en rase campagne", a-t-il insité.

De son côté, Luc Ferry, autre ancien ministre de l’Education de Jacques Chirac, a longuement critiqué l’"inconstance" qui a permis la succession de quatre ministres en quatre ans, leur laissant, selon ses termes, "le temps nécessaire pour ne rien faire".
Invité à une des tables-rondes, le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, a peiné à marquer son opposition à ces propositions, hué par la salle à plusieurs reprises. "Ce n’est pas en libéralisant la carte scolaire qu’on parviendra à progresser vers la mixité sociale et à sortir de la ghettoïsation de certains établissements", a-t-il expliqué.

A l’issue de cette intervention, il a en outre déclaré à l’AFP qu’il était "opposé" à une rémunération des enseignants au mérite, parce que "ça se substitue à une revalorisation de tous et que ça va à l’encontre du collectif".

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Extrait du « Monde » du 22.02.06 : Nicolas Sarkozy présente son projet contre l’échec scolaire »

Dans un long entretien publié mercredi 22 février dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy enfile son costume de président de l’UMP pour exposer une série de mesures destinées à lutter "contre l’échec scolaire" qu’il présentera à la convention éducation de son parti qui a lieu le même jour.
Au cœur de son projet, "l’égalité des chances" qui ne passe pas, pour lui, par les zones d’éducation prioritaires (ZEP). "Ma proposition n’est pas tant de supprimer les ZEP que de recentrer cette politique sur les élèves prioritaires", explique-t-il. "La lutte contre l’échec scolaire n’est pas une affaire de zone, mais une affaire d’individu", assure le ministre de l’intérieur, considérant que "le zonage aggrave la ségrégation". Pour y remédier, Nicolas Sarkozy propose "des programmes spécifiques pour la petite enfance, un soutien renforcé individualisé pour chaque élève en difficulté, la généralisation des études du soir encadrées, la création dans chaque commune d’un internat de la réussite".

M. Sarkozy souhaite également installer des établissements privés sous contrat, qui ont "une longue pratique et des réponses originales", dans les zones sensibles. "Je veux [...] également qu’on oblige tous les établissements à présenter des élèves aux classes préparatoires et que ces classes leur réservent des places", avance-t-il

Des « rémunérations différenciées »

A ses yeux, c’est par l’autonomie des établissements "que nous obtiendrons des transformations dans l’éducation nationale". Nicolas Sarkozy prône pour que chaque établissement scolaire ait "un projet qui lui soit propre" et souhaite que chacun d’eux puisse jouir "librement" de 20 % de son budget contre 3 % aujourd’hui. Il préconise aussi "la suppression à terme de la carte scolaire", prônant le "libre choix" afin que, dans une même ville, un établissement "puisse se spécialiser dans les matières littéraires, un autre dans le sport, un troisième dans les mathématiques".

Concernant les professeurs, dont il veut "revaloriser" le métier, M. Sarkozy estime que "les rémunérations doivent être différenciées". "Celui qui fait le plus d’heures, qui va au contact des élèves les plus difficiles doit être mieux payé", précise-t-il avant d’ajouter : "Les enseignants qui veulent travailler plus doivent pouvoir le faire."

Le président de l’UMP estime que "le débat présidentiel doit permettre de trancher les grandes options" en matière d’éducation. "La réforme idéale, parfaite, tout de suite, je n’y crois pas", assure-t-il. Il préconise d’"expérimenter, de généraliser si c’est probant". Pour lui, "c’est une autre méthode de gouvernement".

(avec Reuters)

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Sarkozy : supprimer la carte scolaire

Extrait de « VousNousIls », le 22.02.06 : Sarkozy pour la suppression "à terme" de la carte scolaire

Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy dont le parti organise ce mercredi à Paris une "Convention Education" s’est prononcé en faveur "de la suppression à terme" de la carte scolaire, dans un entretien publié par Le Figaro mercredi.

"Je suis pour la suppression à terme de la carte scolaire. A terme, parce qu’elle n’est possible que dans le cadre d’une autonomie renforcée des établissements", a déclaré le ministre de l’Intérieur et président de l’UMP.

"Le social, selon Nicolas Sarkozy, n’est pas l’apanage des établissements publics. Les établissements privés ont une longue pratique et des réponses originales en la matière. L’enseignement privé déborde d’ailleurs de demandes d’inscriptions. Je n’accepte pas que la liberté de choix de l’école soit réservée à ceux qui habitent dans les beaux quartiers".

"Je crois au libre choix" a-t-il insisté, précisant que "dans une même ville, un établissement pourra être spécialisé dans les matières littéraires, un autre dans le sport, un troisième dans les mathématiques. La liberté de choix, c’est aussi la possibilité pour tout enfant qui le souhaite de faire un mi-temps sportif".

Il souhaite aussi "que les 50% d’enfants handicapés actuellement non scolarisés dans le milieu ordinaire, contrairement à ce que prévoit la loi, le soient. C’est fondamental pour l’esprit de tolérance et d’ouverture aux autres que l’école doit développer chez tous les enfants".
Le ministre de l’Education nationale, Gilles de Robien, ouvrira mercredi matin les travaux d’une "Convention Education" organisée par l’UMP, qui sera clôturée par M. Sarkozy.

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