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Extrait du « Figaro » du 09.02.06 : Robien désigne les collèges « ambition réussite »
Gilles de Robien a dévoilé hier la liste des 249 collèges « ambition réussite » destinés à relancer les zones d’éducation prioritaire.
Dès la rentrée 2006, 249 collèges « ambition réussite » et les 1 600 écoles primaires qui y sont attachées bénéficieront de moyens supplémentaires. Une quinzaine de collèges privés dont la liste n’est pas encore terminée profiteront également du dispositif. Tous ces établissements considérés en difficulté aiguë en vertu de critères sociaux et scolaires déterminés par le ministère de l’Education nationale seront dotés de 1 000 enseignants expérimentés, de 3 000 assistants pédagogiques et de 200 infirmières scolaires. Ces postes sont comptabilisés dans le budget 2006 ou bien créés par redéploiement.
Ce sont les académies de Lille, d’Aix-Marseille, de Versailles et de Créteil qui hébergeront le plus grand nombre de ces établissements, entre vingt et vingt-huit. L’académie de Grenoble, elle, n’a pas souhaité entrer dans le dispositif. « Peut-être pour une question d’image... », souligne-t-on dans l’entourage du ministre.
Des parcours individualisés
Dans ces collèges, les parcours scolaires et la progression des élèves seront individualisés « par groupe de compétences », afin de supprimer tout redoublement. Des études encadrées y seront mises en place quatre soirs par semaine. Enfin, les élèves qui auront décroché une mention « très bien » au brevet pourront s’affranchir de la carte scolaire et choisir leur lycée. La carte des ZEP va s’étendre puisqu’à la rentrée 2006, 894 collèges seront classés en ZEP contre 876 en 2005. Les 18 établissements supplémentaires seront classés « ambition réussite ».
Gilles de Robien est resté plus évasif sur une question politiquement délicate : les établissements qui perdront le label « éducation prioritaire », point d’orgue de sa réforme destinée à concentrer les moyens sur les situations les plus critiques. Avant Noël, il était question d’exclure progressivement deux cents établissements de ZEP et trois cent établissements de REP (réseau d’éducation prioritaire) d’ici à trois ans. Hier, le ministre n’annonçait plus de chiffre aussi précis. « Les critères ne sont pas encore définis. Le choix aboutira après la rentrée 2006 », assurait Gilles de Robien.
La situation des établissements voués à quitter le système sera examinée en fonction de leur amélioration sociale et scolaire. A Paris et à Lyon, certains quartiers autrefois très défavorisés accueillent aujourd’hui parfois 75% d’enfants de familles aux revenus moyens, précisait-t-on dans l’entourage du ministre. « Depuis des années, nous avons donné trop peu à trop de monde », a rappelé Gilles de Robien. Pour ajouter : « Tous mes interlocuteurs reconnaissent que certains établissements n’ont plus leur place dans l’éducation prioritaire. »
Marie-Estelle Pech
Extrait de « 20 minutes » du 09.02.06 : « Ambition réussite » pour 249 collèges
« Ce n’est pas un slogan, c’est une véritable promesse d’avenir », a affirmé hier Gilles de Robien, ministre de l’Education nationale, en dévoilant la liste des établissements classés en « réseaux ambition réussite ». Dans le cadre du plan de relance des zones d’éducation prioritaire, annoncé le 13 décembre, 249 collèges et 1 600 écoles primaires de leur secteur bénéficieront de moyens supplémentaires à la rentrée 2006. Le ministre a précisé les caractéristiques de ces établissements, définis selon des critères sociaux et scolaires : mille enseignants chevronnés supplémentaires, une infirmière à temps plein, l’étude surveillée tous les soirs à partir du CE2, l’absence de redoublement et, surtout, l’incitation des meilleurs élèves à poursuivre leur scolarité dans des collèges non ZEP. Dans la liste figurent dix-huit collèges qui n’étaient jusqu’ici pas classés ZEP. Et selon l’entourage du ministre, quinze collèges privés devraient rejoindre le réseau « ambition réussite ». En revanche, Gilles de Robien est resté flou sur le point délicat de sa réforme, à savoir le choix des « 100 à 150 » collèges ZEP amenés à sortir du dispositif dans les trois prochaines années.
Dans l’immédiat donc, ces 249 établissements ne bénéficieront pas de moyens « récupérés » sur des établissements sortis de ZEP. Mais les syndicats craignent que par la suite, les postes supplémentaires ne soient attribués par redéploiement, au détriment des autres établissements. L’Unsa-Education a taxé cette réforme des ZEP d’« ambition sans moyens ». Le SE-Unsa (enseignants) a déploré la possibilité de déroger à la carte scolaire pour les meilleurs élèves, estimant que « le ministre accrédite l’idée que l’on peut réussir en ZEP, mais à la seule condition d’en sortir ».
Laure de Charette
Extrait de « L’Humanité » du 09.02.06 : Avec le plan Robien, les ZEP vont se faire RAR
Sur 877 collèges classés ZEP, 231 intégreront les réseaux ambition réussite (RAR) en septembre 2006. Ceux qui seront exclus de l’éducation prioritaire d’ici trois ans ne sont pas connus.
Personne n’attendait de surprise. Et il n’y en eut pas. Le ministre de l’Éducation nationale a exposé, hier, le détail de sa réforme des ZEP. Attendue, essentiellement : la liste des collèges qui seront estampillés « ambition réussite » à la rentrée prochaine et dont le nombre est désormais arrêté. Parmi les 877 collèges appartenant à une ZEP (zone d’éducation prioritaire) ou une REP (réseau d’éducation prioritaire), 231 seront classés EP1 (éducation prioritaire niveau 1, lire ci-après) dès septembre. À ce chiffre, il convient d’ajouter 18 nouveaux collèges qui, aujourd’hui, ne jouissent d’aucun classement. Soit 249 collèges au total, auxquels sont attachées 1 600 écoles, et qui, ensemble, formeront ce qu’il faut désormais nommer des réseaux ambition réussite (RAR).
Pour les 746 établissements restants, l’avenir demeure incertain. La liste des EP3 ne sera établie qu’après « concertations dans les académies », assure Gilles de Robien. Leur nombre pourrait toutefois égaler, au moins, celui des EP1.
Car, sur le fond, et en dépit de rencontres bilatérales avec des syndicats sceptiques, rien n’a changé de la réforme annoncée le 13 décembre dernier. Ni sa logique financière : donner plus à ceux qui ont moins, mais à moyens constants, en limitant le nombre d’établissements aidés et en usant de redéploiements. Ni sa logique pédagogique : troquer le principe de zone aidée contre celui d’élève aidé, en renforçant les dispositifs d’aide individualisée (plan personnalisé de réussite éducative, prévu dans la loi Fillon) ; ou ceux dérogeant un peu plus au collège unique. Ainsi en va-t-il des EP1, des classes relais ou encore des internats de réussite éducative.
Quant à la contestation suscitée par cette réforme, elle n’a pas non plus tari. Elle se manifeste singulièrement en Seine-Saint-Denis (où un collège sur deux est classé ZEP) par un nombre croissant d’établissements occupés. Mouvement qui s’entend nationalement. À propos du financement des mesures, qui se fera via un redéploiement budgétaire, comme à propos des critères retenus pour désigner les EP1, EP2 ou EP3, si personne ne conteste le besoin de réviser les aides en fonction de l’évolution des situations, l’absence d’éléments objectifs est, elle, déplorée. « En vingt-cinq ans, aucune évaluation des ZEP n’a jamais été effectuée », relève Patrick Gonthier, secrétaire général de l’UNSA-éducation. « Nous refusons l’idée d’une prime à l’échec, quand les critères scolaires sont retenus pour déterminer les EP1 », note quant à lui Bernard Boisseau, cosecrétaire général du SNES-FSU.
DÉroger à la carte scolaire
Le désaccord, enfin, s’affirme vis-à-vis des dispositions spécifiques à ces fameux EP1 qui les excluent de l’éducation nationale, au sens commun. La possibilité, pour les meilleurs élèves, de déroger à la carte scolaire inquiète tout particulièrement. Parents et enseignants redoutent qu’elle ne renforce la ghettoïsation des lycées délaissés. « Et quoi ? a répondu, hier, Gilles de Robien. Du temps de Ferry (Jules), les villages se mobilisaient pour envoyer leurs meilleurs éléments étudier à la ville. Quand ils revenaient, c’était bénéfique pour tout le monde. » Pourquoi en serait-il autrement cent vingt ans après ? Les « villages », que sont les Minguettes à Vénissieux, ou les 4000 à La Courneuve, jugeront.
Marie-Noëlle Bertrand