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B* Compte rendu d’un goûter-philo sur le thème « les garçons et les filles » au collège REP de Vesoul (L’école de demain)

20 décembre 2017

Des goûters-philo au collège
Entretien avec Stéphanie de Vanssay

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de lancer les goûters-philo ? Comment avez-vous présenté le projet aux élèves du collège ? Comment vous y êtes-vous pris pour les embarquer dans cette aventure ?

Il y a quelques années, mon emploi du temps était tel qu’une semaine sur deux le vendredi après-midi j’avais une classe de 6ème pendant trois heures en cours de français. J’ai alors cherché comment ne pas rendre ces trois heures d’un même cours trop pesantes pour les élèves. Je souhaitais, pour la dernière heure, les faire travailler principalement à l’oral. Parallèlement, au CDI, j’avais découvert les petits livres intitulés « Les goûters philo » de Brigitte Labbé et Michel Puech parus chez Milan Jeunesse. J’ai donc eu ensuite l’idée de proposer à mes élèves de 6ème des « Goûters philo » le vendredi de 15h45 à 16h45.

Cette année je n’ai plus de classe de 6ème mais j’ai choisi de proposer les goûters philo dans le cadre de l’accompagnement éducatif. Le vendredi de 13h30 à 14h30 il se trouve que deux classes de 6ème sont en permanence. Le goûter philo leur a été proposé sur ce créneau. Je suis intervenue dans les deux classes concernées pour leur présenter en quoi cela consistait. 10 élèves sont venus à la première séance et 17 à la deuxième ! Le bouche à oreille semble avoir fonctionné …

Concrètement, comment se déroule une séance ? Quelles sont les règles du jeu que vous avez instaurées pour atteindre les objectifs poursuivis ? Quelle est le rôle de l’enseignant dans la démarche proposée ?

Selon les thèmes abordés le déroulement diffère. Le plus souvent j’installe les élèves en petits groupes de 4 ou 5 élèves, autour de tables. Sur chaque table les élèves trouvent une question en lien avec le thème abordé. Pendant environ 5-7 minutes chacun apporte sa réponse et il y a discussion. Ensuite les élèves se déplacent, changent de table, sans changer de groupe, pour découvrir une autre question. En général au milieu de la séance un verre de jus de fruits est servi aux élèves et une petite assiette de confiseries est placée sur chaque table. Il faut bien justifier l’appellation « goûter » philo !! En général les élèves « se battent » pour apporter le goûter !
Parfois la discussion est lancée à partir d’une photo, d’autres fois à partir de mini sketchs proposés aux élèves pour mettre en lumière une situation qui peut poser question. Il m’est arrivé également, sur le thème de la vie et la mort en l’occurrence, de partir d’une boîte à questions. Au début de la séance chaque élève est invité à noter une ou deux question(s) qui sont ensuite déposées dans une boîte. Puis nous tirons au sort les questions les unes après les autres et nous essayons d’y répondre.

Bien entendu les élèves doivent jouer le jeu de l’écoute. Tous sont très volontaires pour parler et ont beaucoup de choses à dire ; il est parfois difficile pour certains de laisser l’autre s’exprimer et de l’écouter. C’est un réel apprentissage. Les discussions en petits groupes sont souvent plus favorables car chacun peut prendre plus facilement la parole. En grand groupe l’utilisation d’un bâton de la parole peut faciliter les échanges.

Au cours de ces séances l’enseignant a principalement un rôle de médiateur, de modérateur. Il joue parfois l’avocat du diable. L’enseignant reformule certains propos (ou aide l’élève à le faire lui-même) quand cela est nécessaire, il amène les élèves à approfondir leurs propos en leur renvoyant des questions. L’enseignant se doit également d’être exemplaire dans sa posture d’écoute. C’est vraiment la parole des élèves qui doit avoir toute sa place au cours de ces goûters philo.

Les goûters-philo sous-entendent une autre relation aux apprentissages et donnent du sens aux contenus scolaires. En quoi ces « animations pédagogiques rejoignent-elles le socle commun de connaissances, de compétences et de culture ?

Les goûters philo rejoignent deux grands domaines du socle commun : le premier, « les langages pour penser et communiquer » et le troisième, « la formation de la personne et du citoyen ». En effet au cours des goûters philo les élèves sont clairement amenés à travailler et à améliorer leurs compétences en expression orale. Par ailleurs, les sujets abordés et la configuration des séances permettent à chacun d’avancer sur le terrain de l’écoute et du respect des idées de chacun.
Composante 1 du domaine 1 : « en fin de cycle 3 l’élève qui a une maîtrise satisfaisante parvient notamment à participer à un débat en prenant en compte la parole d’autrui ».
Domaine 3 : « en fin de cycle 3 l’élève qui a une maîtrise satisfaisant parvient notamment à exprimer des émotions ressenties, à formuler une opinion, prendre de la distance avec celle-ci, la confronter à celle d’autrui et en discuter (…) dépasser des clichés et des stéréotypes. ».
(Source : Document d’accompagnement pour l’évaluation des acquis du socle
commun de connaissances, de compétences et de culture
)

Dans certains établissements, les goûters philo reposent sur une collaboration avec le professeur-documentaliste et/ou un professeur de philosophie de lycée. Qu’en pensez-vous ? Envisagez-vous, à moyens termes, d’avoir recours à de tels partenariats ? Pourquoi ?

Lors de ma première expérience des goûters philo j’ai travaillé en partenariat avec la professeure documentaliste. C’était un vrai « plus » pour les discussions en petits groupes ; nous étions deux à pouvoir circuler d’un îlot à l’autre et cela permettait donc un accompagnement plus personnalisé des élèves. Malheureusement, cette année, pour des raisons matérielles ce partenariat n’est pas possible.
Quelle continuité voyez-vous à cette expérimentation ? Quelles possibilités de réinvestissement de cette approche imaginez-vous pour les élèves ?

Je pense que cette expérience pourrait être tentée avec des élèves de troisième pour les aider à préparer l’épreuve orale du brevet (expression orale, développement de ses opinions …). Les goûters philo peuvent également amener les élèves à une attitude réflexive qui ne peut être que bénéfique dans la construction de leur personnalité et dans les questionnements liés par exemple aux choix d’orientation. Les élèves de troisième ont souvent encore du mal à se projeter et le fait de prendre du temps pour se questionner, réfléchir… ne peut que les aider à mieux se connaître, à grandir, pour ensuite poser des choix en pleine conscience.
En proposant les goûters philo, vous donnez une autre dimension à l’acte pédagogique en entrant sur le terrain de l’animation. Quels sont les conséquences positives de l’acceptation de cette posture pour un enseignant ?

Pour moi enseignement et animation sont étroitement liés. Pour rendre ses cours vivants et interactifs l’enseignant doit selon moi adopter une posture proche de celle de l’animation. Pédagogie et animation se croisent en permanence dans l’exercice de notre métier.

Elise Kloetty, prof de lettres modernes
dans un collège de l’éducation prioritaire à VESOUL (70)

Compte rendu d’un goûter philo sur le thème : « les garçons et les filles »

Extrait de ecolededemain.wordpress.com du 20.11.17 : Des goûters-philo au collège

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