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La conférence de presse sur les ZEP : le discours du ministre

8 février 2006

Extrait du site du ministère de l’Education nationale, le 08.02.06 : Le discours du ministre

La relance de l’éducation prioritaire

Mesdames et Messieurs,

Je vous ai annoncé, le 13 décembre dernier, les grands axes de la relance de l’éducation prioritaire.
Le principe directeur est clair, je vous le rappelle : depuis des années, nous avons donné trop peu à trop de monde ; il faut donner vraiment plus à ceux qui en ont vraiment besoin. Et le faire selon des critères nationaux, précis et pertinents. Des critères sociaux et scolaires, qui traduisent la situation concrète des élèves.
Ces critères doivent nous permettre d’affiner notre aide, et de passer d’une logique de « zone » à une logique de « public ».

Pour moi, je le répète, ce qui importe, c’est l’élève en difficultés, et les conditions de sa réussite scolaire.
Je veux redire avec force ma conviction : nous devons aider tous les élèves en difficultés, où qu’ils se trouvent. Il ne faudrait pas croire qu’un élève en difficultés dans un collège qui n’est pas classé « Education prioritaire » sera abandonné !

Tout notre effort est au contraire d’aller trouver l’élève là où il est : c’est tout le sens des P.P.R.E., qui apportent une aide personnalisée à l’élève, et qui sont mis en place partout à la rentrée 2006 en CE1 et en 6ème.
Eh bien, mon action pour l’éducation prioritaire doit être comprise dans cette perspective : il ne s’agit pas d’une énième politique de zonage, il s’agit de l’application du même principe d’aide personnalisée , adapté à proportion du nombre d’élèves en difficultés !

Il y a là une question de justice : là où se trouve la difficulté, doit se trouver l’aide ; plus il y a de difficultés, plus il doit y avoir d’aide.

Je vous avais présenté en décembre mes propositions.
Après deux mois de réflexion et de concertation avec les organisations syndicales et les fédérations de parents d’élèves, je suis en mesure de vous confirmer les orientations de cette politique de relance de l’éducation prioritaire. Je peux aussi vous donner la liste des réseaux « ambition réussite », pour la rentrée 2006.
Ces « collèges ambition réussite » seront au nombre de 249. Ils constitueront, avec les près de 1600 écoles de leur secteur, les 249 réseaux « ambition réussite ».
Je voudrais ce matin :

• vous préciser l’architecture du système et le calendrier de sa mise en place (I) ;

• Et vous rappeler les moyens pédagogiques nouveaux dont bénéficieront l’ensemble de l’éducation prioritaire, et plus spécifiquement les réseaux « ambition réussite » (II).

I. L’architecture du système. Le calendrier.
Conformément à notre logique de ciblage, et aux propositions des inspections générales, nous avons distingué trois niveaux au sein de l’enseignement prioritaire : EP1, EP2, EP3.

Quelques mots pour définir chacun de ces niveaux :
Le niveau EP1, c’est celui des écoles et collèges qui accueillent les élèves confrontés aux plus grandes difficultés scolaires et sociales. Ce sont les collèges « ambition réussite » et leur réseau d’écoles (il s’agira des écoles du secteur, relevant de l’éducation prioritaire). J’insiste sur ce lien avec les écoles primaires, il est essentiel ; d’ailleurs, pour mieux le faire comprendre, nous parlerons désormais de « réseaux ambition réussite ».

Nous les avons déterminés selon des critères à la fois scolaires et sociaux :

• La part d’enfants issus de familles appartenant à des catégories socio-professionnelles défavorisées (66%)

• La part d’élèves ayant des résultats faibles aux évaluations en 6ème (20 points au-dessous de la moyenne)

• La part d’élèves ayant un retard scolaire de deux ans en 6ème.

• La part des parents bénéficiaires du RMI

• La part des enfants ayant des parents non francophones
Ces réseaux bénéficieront, dès la rentrée 2006, de moyens supplémentaire sur lesquels je vais revenir dans quelques instants.

Le niveau EP2 regroupera les établissements caractérisés par une plus grande mixité sociale que les EP1, et naturellement destinés à rester dans l’éducation prioritaire. Ils continueront de recevoir les mêmes aides qu’auparavant.

Quant au niveau EP3 , il concernera des collèges appelés à sortir progressivement de l’éducation prioritaire, sur un délai de trois ans à partir de la décision, si les conditions sont remplies.

Tous mes interlocuteurs, sans exception, reconnaissent que certains établissements n’auraient plus leur place dans l’éducation prioritaire.

Plusieurs rapports de l’Inspection générale l’ont souligné ; je pense en particulier à celui de 1997, ou bien très récemment le rapport d’étape de 2005 sur « la contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances ». Je pourrais évoquer aussi le rapport de la Cour des comptes de 2003, ou celui de l’INSEE paru en septembre 2005. Plus près de nous encore, le numéro de la revue L’Observatoire des ZEP paru en janvier 2006, appelait à « revoir la carte des ZEP en concentrant les moyens sur un certain nombre de situations d’urgence ». C’est ce que je fais.

Les organisations syndicales elles-mêmes n’ont pas dit le contraire.

En disant cela, on ne fait que tirer la conclusion logique d’une évolution naturelle : la situation sociale de certains quartiers s’est modifiée depuis 20 ans : certains se sont améliorés, d’autres se sont dégradés.
Le profil sociologique des villes, des zones périurbaines, et même des zones rurales n’est pas immuable ; certains arrondissements dans les grandes villes ont parfois beaucoup changé dans les deux sens, au cours des années récentes. Nous devons évidemment en tenir compte !
Certains établissements ne répondent tout simplement plus aux critères sociaux, et n’ont plus besoin de moyens supplémentaires . D’autres, au contraire, ont vocation à entrer dans l’éducation prioritaire. Ils ont besoin de moyens supplémentaires. Laisser la situation en l’état, ce serait prendre à ceux qui en ont besoin. Ce serait tout simplement injuste.

Je vais donc demander aux recteurs de proposer des sorties lorsqu’elles seront justifiées.
Ces sorties ne se feront pas brutalement, mais sur trois ans. Et il pourra être décidé, à chaque fois, pour ces établissements, comme pour les autres, d’adapter les dotations pour tenir compte du nombre d’élèves restant en difficulté.

Et dès maintenant, sur des critères objectifs, 18 collèges vont entrer en éducation prioritaire.

Vous le voyez, l’éducation prioritaire ainsi repensée sera souple ; elle sera capable d’évoluer avec son temps, avec son environnement social.

Cette évolution ne se fera plus, comme avant, de manière erratique, dans le sens d’une extension indéfinie au gré des pressions locales. Avec la dilution que tous regrettent.

Désormais, elle sera pilotée par un délégué national à l’éducation prioritaire - Monsieur l’Inspecteur général Pierre Polivka.

Cette nouvelle politique organise un vrai changement de logique : il ne s’agit pas de « déshabiller Paul pour habiller Jacques ». Ce serait une politique de gribouille, et ce ne sera pas la mienne ! Non, il s’agit de déterminer sérieusement où sont les élèves qui ont le plus besoin d’aide, et de tout mettre en œuvre pour que cette aide soit efficace . C’est une question de justice sociale, et d’utilisation optimale des ressources de la Nation.

S’agissant du calendrier, et de la mise en œuvre, un point doit être très clair : à la rentrée 2006, tout établissement actuellement classé « ZEP » conservera les moyens qu’il reçoit à ce titre.

Au contraire, la totalité de ces établissements bénéficiera, à la rentrée 2006, des mesures générales de relance de l’éducation prioritaire.

Mais il y aura aussi des moyens nouveaux supplémentaires attribués aux réseaux « ambition réussite », qui comprendront des collèges et les écoles primaires qui leur sont liées.

Vous trouverez dans le dossier de presse la liste des collèges de l’éducation prioritaire, et celle des collèges « ambition réussite ». Elle fait apparaître qu’un certain nombre d’établissements (18), qui ne se trouvaient pas en zone d’éducation prioritaire jusqu’ici, y font leur entrée (directement en EP1 ). C’est bien la preuve que l’attention aux élèves en difficultés est notre priorité ; c’est bien la preuve aussi que la carte de l’éducation prioritaire était loin d’être parfaite ! Et que nous avons raison d’agir.

II. Un nouveau souffle pour l’éducation prioritaire
Avant d’en venir aux mesures « ambition réussite », je voudrais vous rappeler quelques unes des mesures qui s’appliquent à tous les établissements de l’éducation prioritaire, dès la rentrée 2006.

• Parce que l’apprentissage de la langue française est essentiel, nous rappelons que l’accueil des enfants de 2 ans est une priorité dans les écoles de l’éducation prioritaire. C’est un point sur lequel les organisations syndicales et les fédérations de parents ont beaucoup insisté lors des consultations.

• De plus, dans chaque quartier d’éducation prioritaire, une opération « école ouverte » fonctionnera pendant les vacances à partir de la rentrée 2006, pour accueillir les élèves autour d’activités culturelles, linguistiques ou sportives.

• Pour que les parents soient mieux impliqués dans le suivi scolaire de leurs enfants, l’école ou le collège devront expliquer aux parents le règlement intérieur ; ils organiseront avec eux des rendez-vous trimestriels pour faire le point sur la situation de leur enfant.

S’il y a lieu, un interprète extérieur pourra intervenir. Dans toute la mesure du possible, une salle sera aménagée dans les équipements scolaires pour accueillir les parents, organiser des cours d’alphabétisation, des rencontres, des activités associatives ou des permanences des associations de parents.

• Pour que les collégiens motivés de l’éducation prioritaire puissent continuer leurs études dans de bonnes conditions au lycée, le nombre des bourses au mérite passera de 28 000 à 100 000 en 2006. Chaque bourse sera d’un montant annuel de 800 euros.

• Par ailleurs, pour leur faire découvrir les filières d’excellence, 100 000 étudiants des grandes écoles et des universités s’engageront dans l’accompagnement de 100 000 élèves de collège ou de lycée de l’éducation prioritaire.

• Pour que les professeurs soient mieux préparés à affronter des publics nouveaux, les instituts universitaires de formation des maîtres devront enseigner à tous les futurs professeurs les compétences particulières exigées par l’enseignement dans l’éducation prioritaire. J’en tiendrai compte dans la définition du cahier des charges de la formation des maîtres, qui sera prochainement soumis à l’avis du Haut Conseil de l’éducation.

• Enfin, les équipes dans les établissements d’éducation prioritaire devront être stabilisées, par des dispositifs encourageant les enseignants à y rester au moins cinq ans.
J’en viens à présent aux moyens supplémentaires alloués aux réseaux « ambition réussite ». Vous trouverez toutes les mesures dans le dossier de presse, mais je voudrais insister sur un certain nombre d’entre elles :
Le premier objectif que je fixe aux collèges et écoles « ambition réussite » , c’est d’apporter une aide supplémentaire, significative et personnalisée, aux élèves en difficultés.

Cela suppose notamment un accompagnement renforcé dans le cadre des programmes personnalisés de réussite éducative , l’organisation de cours en classes réduites, la prise en charge d’élèves difficiles en petits groupes, etc. Dans les écoles et collèges « ambition réussite », des études accompagnées seront mises en place, pour les élèves de CE2, CM1, CM2 et de toutes les classes de collège, quatre soirs par semaine.

Pour accomplir toutes ces missions, dont la définition fine reviendra aux équipes pédagogiques, 1000 enseignants expérimentés supplémentaires seront affectés dans les 249 réseaux, dès la rentrée 2006, sur des postes des 1 er et 2 nd degrés. Ces professeurs pourront également participer à la formation des jeunes enseignants.

En outre, 3 000 assistants pédagogiques seront recrutés pour assurer de l’aide aux devoirs et faire du soutien scolaire. Ils pourront intervenir aussi bien dans les écoles primaires qu’au collège.

Sur ce dernier point, je me félicite de la concertation que nous avons menée et qui nous a permis de mieux percevoir le lien entre primaire et secondaire .

C’est pourquoi chaque réseau aura un « comité exécutif » : il s’agit tout simplement d’une équipe de coordination, constituée par le Principal, le Principal adjoint et tous les directeurs des écoles maternelles et élémentaires rattachées . L’objectif est de renforcer le suivi des élèves, en particulier de ceux qui ont connu des difficultés à l’école élémentaire.

J’ajoute que les 200 dispositifs relais supplémentaires, créés en 2006, qui prennent en charge temporairement les élèves les plus perturbateurs avant de les remettre en classe dans leur cursus normal, bénéficieront en priorité aux collèges « ambition réussite ».
Enfin, parce que l’accompagnement sanitaire est très important, chaque collège ambition réussite disposera d’au moins une infirmière scolaire.

Mon deuxième objectif, c’est que les réseaux « ambition réussite » soient dynamiques, animés par un véritable esprit de progression !

Les collèges « ambition réussite » vont immédiatement travailler à un projet ; ce projet devra faire l’objet d’un contrat, pour quatre à cinq ans, avec l’inspecteur d’académie.

Ce contrat portera sur le projet pédagogique et les objectifs à atteindre. Il devra être signé avant l’automne 2006.

L’expérimentation y sera encouragée, et les équipes auront pour cela une grande latitude.

Corollaire indispensable, une évaluation régulière des résultats sera menée .

Elle se fondera sur un « baromètre de la réussite scolaire », qui mesurera : la maîtrise de la lecture, la progression dans l’acquisition du socle commun, l’amélioration des résultats aux évaluations nationales et au diplôme national du brevet, le respect du règlement de l’établissement. Chaque réseau « ambition réussite » sera ainsi évalué et piloté. Je réunirai au printemps les responsables de ces réseaux.

Par ailleurs, je vous l’ai dit en décembre, je veux insuffler un nouvel esprit, qui valorise l’effort, le travail, et donne aux élèves une véritable estime de soi.
C’est pourquoi, je le confirme, chaque collège sera reconnu par une spécialité de haut niveau d’ordre culturel, scientifique, linguistique, sportif ou environnemental.

Enfin, et dans le même ordre d’idée, j’ai décidé de permettre aux meilleurs élèves des collèges ambition réussite (les mentions très bien au diplôme national du brevet) de poursuivre, s’ils le souhaitent, leur scolarité dans le lycée de leur choix dans l’académie.
Cette mesure sera applicable dès la rentrée 2006. Son but est très clair : relancer l’ascenseur social dans des quartiers qui en ont perdu jusqu’à l’idée ! Prouver que tout est possible, prouver que l’on peut parvenir au meilleur, par exemple aux classes préparatoires, lorsqu’on est motivé. Bref, c’est faire que cette appellation « ambition réussite » ne soit pas un slogan, mais une vraie promesse d’avenir.

Je crois profondément qu’une telle mesure est susceptible de créer une véritable ambition parmi les élèves.

Mesdames et Messieurs,

Vous l’aurez compris, la relance de l’éducation prioritaire procède d’une idée simple, qui est une idée de bon sens : il faut aider les élèves en fonction de leurs difficultés là où ils sont, et les aider de manière personnalisée.

Le but, c’est la réussite scolaire.

Cette relance connaîtra d’autres étapes. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

Je vous remercie.

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