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Le numérique à l’école : "un enjeu démocratique" et "un enjeu d’égalité" (Extrait du rapport "Repenser la forme scolaire à l’heure du numérique", de Catherine Becchetti-Bizot, IGEN, mai 2017)

6 novembre 2017

Repenser la forme scolaire à l’heure du numérique
Vers de nouvelles manières d’apprendre et d’enseigner

Rapport N° 2017-056
Mai 2017
Catherine BECCHETTI-BIZOT
Inspectrice générale de l’éducation nationale

 

Le texte du rapport (82 p.)

EXTRAIT pages 5-7

1.3. Un enjeu démocratique : les nouvelles compétences à développer
Un récent rapport de France Stratégie a montré qu’un nombre important de jeunes français souffraient d’une maîtrise insuffisante non seulement des compétences de base pour poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur, mais aussi des compétences « génériques », permettant de soutenir la capacité de mobilité des individus face aux évolutions incertaines de l’emploi. La compétence à chercher,traiter et gérer un flux permanent et proliférant d’informations
non hiérarchisées, la capacité d’adaptation, l’esprit critique, la créativité, la résolution de problèmes, l’esprit de collaboration et d’entraide, l’ouverture sur le monde, l’autonomie dans les apprentissages... sont des exemples de ces compétences transversales pour le XXIe siècle qui devraient leur permettre
de vivre et de s’émancipe r dans un monde numérique.

Le numérique offre à n’en pas douter de nombreuses opportunités d’apprendre de manière autonome, d’être créatifs, de coopérer et d’interagir. Mais pour que tous les élèves puissent en bénéficier, quelles que soient leurs origines sociales et culturelles, il ne suffit pas de leur mettre des tablettes entre les mains.
Encore faut-il les accompagner, dès le plus jeune âge, dans la découverte et l’appropriation de ces nouveaux environnements et surtout les amener à en comprendre les enjeux.
Dès l’école primaire, ils doivent être mis en situation d’apprendre, de créer et de comprendre le monde avec ces instruments, d’en comprendre les mécanismes et les logiques sous-jacents.
C’est bien dans cette perspective que la loi d’orientation et de programmation (juillet 2013) a rendu obligatoire l’éducation aux médias et à l’information. Cette éducation est désormais inscrite dans tous les programmes de la scolarité obligatoire et du lycée.
Est venue s’y ajouter récemment la culture numérique et informatique au sens large, qui va de l’apprentissage de la citoyenneté numérique à celui des concepts
de l’algorithmique et de la programmation (10).
La mise en œuvre dans les classes de ces nouvelles dispositions devrait faire l’objet d’une attention particulière dans les mois à venir (formation des enseignants et production de ressources en particulier). [...]

1.4. Un enjeu d’égalité : les nouveaux défis de l’École
L’École est aussi confrontée à de nouveaux défis et la question qui se pose dès lors est de savoirsi une pédagogie intégrant le numérique peut contribuer à leur
apporter des solutions. Pour rappeler ces défis en quelques mots, il lui faut à la fois :
– Répondre à la diversité et à l’hétérogénéité croissante des élèves qu’elle accueille ;
– Lutter contre la démotivation et le décrochage scolaire (11) ;
– Réduire les inégalités liées à un déterminisme social très lourd (12) ;
– Prévenir les risques potentiels liés, d’une part, à une fréquentation abusive
des écrans par les jeunes et, d’autre part, à l’omniprésence sur les réseaux d’informations non hiérarchisées et majoritairement entre les mains de grands leaders industriels mondiaux ;
– Apprendre aux enfants et adolescents à se prémunir contre l’exploitation de
leurs données personnelles et à gérer leur identité numérique ;
– Conduire le changement en dépassant toute une série de représentations tenaces et de résistances qui freinent la transformation nécessaire du système éducatif
(replis et cloisonnements disciplinaires, immobilisme, circuits hiérarchiques, et surtout
manque de confiance à tous les niveaux...)

Pour beaucoup de détracteurs, le numérique constituerait un risque supplémentaire
d’accentuation des écarts sociaux. Considérant que les pratiques numériques, telles qu’elles se développent aujourd’hui chez les jeunes, ne sont pas tournées vers les apprentissages, et que ce sont en majorité des pratiques de consommation ou de loisirs éloignées des objectifs scolaires, ils se refusent à les voir pénétrer dans les classes et dénoncent un certain nombre de risques comme la surcharge
cognitive, la dispersion attentionnelle, ou le renforcement des stéréotypes dès lors que les enfants n’ont pas la chance d’être accompagnés par leur famille et
qu’ils n’ont pas les repères culturels ni le recul critique nécessaires.
Une grande partie des jeunes serait ainsi la proie de manipulations commerciales ou idéologiques de toutes sortes, et ne pourrait en aucun cas profiter du potentiel d’émancipation et d’accès à la culture offert par le numérique...
Pour les partisans de l’intégration du numérique à l’École, au contraire, cet argument est une raison majeure pour que le système éducatif prenne en charge la formation des esprits, en faisant évoluer de l’intérieur ses programmes, ses méthodes
, ses contenus et ses objectifs, en termes de compétences à faire acquérir aux
élèves notamment.
Et il y a de fait un vrai danger, si ces repères et ces compétences ne sont pas développés au sein de l’École, que la promesse du numérique soit un leurre et
creuse toujours plus la fracture sociale mise en évidence par toutes les
enquêtes internationales et nationales.

(11) 27% des collégiens et 23% des lycéens déclarent s’ennuyer en classe ;
9% des 18-24 ans sont encore concernés aujourd’hui pas la sortie du système sans qualification.
Cependant le nombre de décrocheurs a été réduit de 20% en quatre ans (passant de 140 000 en 2010 à 110 000 en 2014), ceci représente un coût évalué à 230 000€ chacun, soit 25 milliards d’euros par an au total : cf.
http://www.gouvernement.fr/action/le-decrochage-scolaire

(12) Si l’on se reporte aux enquêtes de l’OCDE, la France se place au 28ème rang pour ce qui est de l’équité de son système, c’est-à-dire sa capacité à limiter l’écart de scores entre les élèves les plus performants et les élèves les moins performants et à limiter l’impact en cela du milieu familial et social.

Selon Philippe Meirieu, le plus important est de « faire dialoguer ces outils [numériques] avec les finalités scolaires afin de voir comment ils peuvent contribuer à les incarner et participer ainsi à la réussite de chacune et de chacun »

(13). C’est donc au regard des priorités que veut se fixer le système éducatif qu’il nous faut reconsidérer le rôle et l’usage des outils numériques dans l’éducation, et non l’inverse. [...]

 

La présentation exclusive par le Café pédagogique
" Plutôt que de fustiger les communautés d’enseignants qui essaient de réunir leurs efforts pour mettre en commun leurs pratiques et leurs intuitions pédagogiques, et de se moquer parfois de leur enthousiasme, il vaut sans doute mieux écouter et accompagner leur réflexion, en comprendre les besoins et les attentes implicites, saluer une démarche empirique qui ne cherche pas à s’imposer comme modèle, et les aider à inventer des solutions ». Le rapport de l’inspectrice générale Catherine Becchetti-Bizot « Repenser la forme scolaire à l’heure numérique », que le Café pédagogique s’est procuré, appelle à soutenir de multiples façons les expérimentations de terrain développés par des enseignants avec des outils numériques. Il s’intéresse et s’appuie sur une connaissance très étendue des pratiques développées par des enseignants. Surtout, il recommande directement qu’on les écoute et qu’on comprenne leurs attentes. Il invite à « libérer les initiatives » et notamment à « sensibiliser » les chefs d’établissement pour « faire évoluer la forme scolaire ».

Extrait de cafepedgogique.net du 06.11.17 : Exclusif : Un rapport de l’Inspection soutient les expérimentations numériques de terrain

 

NOTE du QZ
Le rapport de l’GEN consacre de longs développements, dans l’ensemble favorables, à la classe inversée.
Ainsi page 32 sur les inégalités qu’elle est accusée de développer :

 Il a été montré qu’une des sources majeures d’inégalité est l’écart, qui existe déjà, entre le monde scolaire et le milieu familial d’un grand nombre d’élèves. Créer un continuum entre ces deux milieux et faciliter le travail personnel de certains enfants de milieu défavorisé en encadrant mieux les moments où ils se retrouvent seuls, en les réintégrant dans un processus qui ouvre sur un espace scolaire élargi, peut être un moyen de réduire cet écart.

 

Voir aussi sur le site OZP (du 04.11.17 :
Dossier classe inversée : - La question des inégalités - Une nouvelle version du MOOC "Classe inversée"

 

Voir aussi :
Une série d’événements annuels se déroulent sur les territoires académiques pour contribuer à l’accompagnement et à la formation des acteurs du numérique éducatif, enseignants et cadres en particulier. Ces journées sont généralement portées par Réseau Canopé, en partenariat avec les académies, avec le soutien du ministère (Direction du numérique pour l’éducation). [...]
Extrait de (ecolenumerique.education.gouv.fr du 28.09.17 : La forme scolaire à l’heure du numérique

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