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SNUipp : les ZEP dans « Fenêtres sur cours » (suite)

1er février 2006

Extrait de « fenêtres sur cours » n° 280 : Faut pas zapper les ZEP !

La réforme projetée par le ministère masque un retrait de l’Etat de l’éducation prioritaire. Il condamne les ZEP sans s’interroger sur les modalités de mise en oeuvre des politiques de discrimination positive à l’école, prônant un « traitement » uniquement individualisé de la difficulté, sans approche territoriale.

« Les difficultés sociales, économiques, familiales et culturelles n’existeraient plus dès lors que les élèves ont franchi la porte de l’école ! »

Sur près de 1100 collèges classés en ZEP (avec leurs 7115 écoles), il n’en resterait dans trois ans avec le projet de Gilles de Robien sur l’éducation prioritaire (« Fenêtres sur cours » 279), que 250 labellisés « ambition réussite ». À ce jour, les recteurs préparent la liste de 86 établissements, 164 ayant été proposés avec plus ou moins de bonheur par le ministère. Sur l’académie de Dijon, un seul collège a été retenu. Il fermera ses portes à la prochaine rentrée ! L’histoire pourrait prêter à sourire si n’était la précipitation dans laquelle le Ministre a annoncé son plan, et le contenu exact des critères. Le texte aurait été réclamé par le Premier ministre quinze jours plus tôt. Il a été rédigé sans concertation, en pleine crise des banlieues. Les critères sont très proches de ceux en vigueur précédemment.
Alors, sur quelle base le ministère entend-il réduire de plus de 75 % le nombre de collèges labellisés ? Quels seront les moyens pour ceux classés en Education Prioritaire 2 (EP2) ? Combien seront condamnés à sortir du dispositif sous trois ans (EP3) ? (voir Fsc n°279) « Plutôt que de s’attacher à la notion de zone, il s’agit de s’intéresser aux élèves scolarisés dans l’établissement de référence ».
Le ministère donne l’une des clefs de lecture essentielles de son projet. On entre dans une logique de « traitement » individuel de la difficulté scolaire, au lieu d’une logique de rattrapage des retards accumulés par les territoires et des conséquences sur leur population. Les difficultés sociales, économiques, familiales et culturelles que vivent les enfants, n’existeraient plus dès lors qu’ils ont franchi la porte de l’école ! « On sait bien que certains quartiers forment un contexte qui accroît les difficultés. Les politiques de l’habitat, de l’emploi, sont importantes », estime Marie Duru-Bellat, professeure des universités en Bourgogne et chercheuse à l’IREDU, tout en rappelant l’importance de la mixité sociale à l’école pour les élèves issus des milieux défavorisés (lire page 21).
La mise en oeuvre des équipes de réussite éducative du Plan Borloo ne répond pas non plus à cette question. D’ailleurs, ce changement d’orientation se fera à moyens constants. Pour donner plus aux 250 « ambition réussite », il faudra donner moins aux autres écoles. « De nombreuses écoles et collèges sortis de la carte des ZEP risquent de se retrouver confrontés à des difficultés accrues », redoute le SNUipp. D’autant qu’ils subissent depuis trois ans la disparition des aides-éducateurs.

Si tout ne peut se réduire à une question de moyens, ces derniers restent importants. L’accroissement au fil du temps du nombre de ZEP sans hausse budgétaire correspondante, a conduit à une politique de « saupoudrage ». 600 millions d’euros sont attribués chaque année au dispositif touchant près de 20 % des élèves, avec au final, par exemple, seulement un écart de 2 élèves dans l’effectif des classes ZEP et non ZEP. En 2004, une étude de l’économiste Thomas Piketty démontrant que la diminution significative des effectifs a un effet sur la réussite scolaire, relançait le débat sur les moyens. En la matière, le rôle joué par les collectivités au niveau des locaux scolaires, des personnels qu’elles emploient, des crédits qu’elles allouent, sont des déterminants indéniables de la réussite de l’éducation prioritaire (lire page 19 de ce numéro de "Fenêtres sur cours" 280)).

Les critères qui font qu’une ZEP atteint ses objectifs ont été identifiés par diverses études. D’autres enquêtes attestent de la difficulté du dispositif à faire avancer l’égalité des chances, mais elles interrogent davantage les modalités de mise en oeuvre des politiques d’éducation prioritaire qu’elles ne condamnent les ZEP (lire page 20). La part de la pédagogie, du travail en équipe, de la stabilité des personnels, de la place faite aux parents, n’est pas anodine (lire page 18). Pour cela, ces zones doivent bénéficier de personnels expérimentés, formés et travaillant dans des conditions leur permettant de se consacrer entièrement à leurs tâches d’enseignement. Les équipes ont aussi besoin d’être soutenues, accompagnées et formées, ce que ne règle pas le nouveau dispositif.
Il n’y a quasiment pas de mesures concernant l’école primaire. L’éducation prioritaire est avant tout envisagée à partir du collège. C’est là l’erreur majeure de la réforme. Rien n’est dit sur la prise en charge précoce des inégalités sociales à l’école, et encore moins sur la scolarisation des deux ans à la maternelle (lire ci-dessous). « “La relance” annoncée risque de se concrétiser rapidement par une aggravation des conditions de scolarisation d’une partie des élèves, une école à plusieurs vitesses, une moindre ambition de réussite pour tous les jeunes » indique le SNUipp. C’est tout le danger !

C’est dès l’école maternelle que se construit l’avenir...
Le rôle de l’école maternelle n’est plus aujourd’hui à démontrer. C’est notamment vrai pour les enfants des milieux défavorisés scolarisés en ZEP .A ce titre, déjà en 1997, le rapport Moisan-Simon sur les déterminants de la réussite scolaire en ZEP préconisait que soit « développer résolument la scolarisation à deux ans ». Une étude de la DEP de 2003 affirme que « la scolarisation précoce contribue à améliorer le déroulement des scolarités élémentaires » et « bénéficie particulièrement aux élèves de nationalité étrangère ou de parents immigrés ».

C’est que la maternelle est le lieu d’apprentissage du langage, d’entrée dans les codes et la culture scolaire si déterminante pour apprendre le métier d’élève. Sans parler des parents avec qui se jouent aussi les premiers rapports de confiance. Malgré cela, la scolarisation des 2 ans est en chute libre de 35,3 % en 2000 à 26,1 en 2004 voire vertigineuse comme en Seine St Denis où 40 % des élèvs sont en ZEP, le taux passant
de 20 à 8 %. Pour le SNUipp, le rôle de la maternelle et des conditions de scolarisation des enfants sont un enjeu capital

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Extrait de « Fenêtres sur cours » n°280 : Seine-Saint-Denis : trop, c’est trop

Parce que trop, c’est trop, le SNUipp, le Snes avec la Fsu du 93 ont appellé à une grève départementale le 26 janvier pour dire « Non au renoncement et Oui à la réussite de tous les élèves ». A la rentrée, les remplaçants avaient été mobilisés pour 200 postes restés vacants. Les possibilités de remplacement ont été réduites d’autant : 307 jours non-remplacés à Montreuil, pas de remplacement en deçà de 3 semaines d’absences à Romainville... Rien n’y a fait, ni le recrutement progressif de plus de 300 « listes complémentaires » (qui vont enfin être payées !), ni les actions conjointes des parents et des enseignants dans les écoles de Saint-Denis, ni l’annulation à la rentrée des stages de formation continue et la réquisition des brigades.

En même temps, les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler : seulement 15 collèges retenus comme « Ambition réussite » (sur les 64 classés en Zep) et une carte scolaire qui confirme l’augmentation des effectifs. La dotation de 67 postes pour 2 000 élèves supplémentaires ne suffira pas dans ce département qui concentre par ailleurs une lourde part de difficultés sociales et économiques.

(suite des extraits de « Fenêtres sur cours » demain)

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