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Le Sgen-CFDT veut une autre relance des ZEP. Une intervention de l’Unsa

28 janvier 2006

Extrait du site du Sgen-CFDT, le 28.01.06 : Ce que veut le Sgen-CFDT pour relancer les ZEP

Le Sgen-CFDT a été reçu le 25 janvier par G. de Robien et son cabinet sur le dossier Éducation prioritaire. (Délégation Sgen-CFDT : Jean-Luc Villenevue, Raymonde Piecuch, Marc Douaire, Mylène Jacquot, Daniel Trillon)

Le Sgen-CFDT est intervenu fortement sur les points suivants :

 1. La relance des Zep est nécessaire : le Sgen-CFDT ne veut ni la continuation du statu quo actuel, ni “ le dépôt de bilan des Zep ”.

 2. La prise en compte à la fois de la dégradation de la situation de nombreux territoires depuis plusieurs années et de la gravité de la “ crise des banlieues ” doit donner à cette relance de l’éducation prioritaire le caractère de priorité politique nationale qu’elle mérite et doit donc bénéficier des moyens à la hauteur des enjeux. Cela n’est pas le cas aujourd’hui.

 3. Cette relance doit partir d’un ciblage des territoires où les difficultés sociales et scolaires sont les plus graves. Ce ciblage de 250 établissements et leurs écoles doit constituer le noyau d’une dynamique de relance qui concernerait, dans le cadre d’une deuxième phase, l’ensemble des Zep des niveaux EP2 et EP3. Il faudra donc engager et programmer d’autres moyens, beaucoup plus conséquents dans cette perspective.

La question de la sortie du dispositif “ Éducation prioritaire ” ne saurait être abordée qu’au terme des trois années à venir : modifications sociologiques, “ erreur d’inscription ” au départ, refus de s’engager dans une démarche de projet inter-degrés.

Le ministre a indiqué que la liste des 250 réseaux “ ambition réussite ” serait arrêtée très prochainement. Il a ensuite précisé que le dispositif EP3 (sortie de Zep au bout de 3 ans) concernerait des collèges qui auraient atteint un niveau de résultats scolaires comparables à la moyenne nationale. Cette sortie du dispositif ne serait ensuite effective qu’après l’accord des personnels concernés. Le ministre a confirmé qu’aucune sortie de Zep ne sera effectuée à la rentrée 2006.

 4. La dynamique ainsi créée doit, en partant de l’expérience acquise des équipes sur le terrain, viser prioritairement :

- l’amélioration des apprentissages pour les élèves grâce notamment au renforcement des continuités pédagogiques, à la mise en place de groupes de compétences en école et en collège,

- l’affirmation du projet éducatif du réseau éducation prioritaire dans le cadre d’un travail mené avec les parents et le tissu partenarial, travail centré sur l’éducation à la citoyenneté tout au long de la scolarité obligatoire.

Le ministre a déclaré que les 1 000 enseignants supplémentaires qui vont venir épauler les équipes éducatives ne se verraient pas attribuer une mission particulière de la part du ministère. C’est l’ensemble de l’équipe du réseau “ ambition réussite ” qui déterminera les priorités et les formes d’intervention de ces collègues dans le cadre d’un projet.

 5. Le Sgen-CFDT considère donc qu’engager cette dynamique au bénéfice des élèves sans modifier quoi que ce soit au service enseignant relève de l’incohérence. Le Sgen-CFDT demande qu’une mesure significative concernant le temps de concertation sur le temps de service soit prise pour les personnels de ces réseaux ambition réussite. Cette mesure, dont on pourrait évaluer les effets, constituerait un signe important pour l’évolution du métier enseignant et pourrait ensuite être étendu à l’ensemble des personnels de l’éducation prioritaire.
Le ministre a reconnu l’importance de la question du temps de concertation nécessaire au bon fonctionnement des équipes. Il n’est pas apparu fermé à la demande du Sgen-CFDT.

 6. Le Sgen-CFDT est résolument opposé à deux mesures annoncées :

- l’avancée de la découverte professionnelle en classe de 4e, le caractère obligatoire de cette mesure pourrait être remis en cause,

- le droit à la dérogation au secteur de recrutement des lycées pour les meilleurs élèves des Zep : cette perspective nous apparaît tourner le dos à toute ambition de renforcer la mixité sociale. Pourquoi, plutôt, ne pas implanter des filières d’excellence dans les lycées accueillant les collégiens des Zep ?

Le ministre semble très attaché à cette mesure qui, d’après le ministère, ne concernerait que “ quelques dizaines d’excellents élèves ”.

 7. L’affirmation du pilotage national est indispensable. Ce pilotage doit veiller à développer tous les dispositifs d’accompagnement et de formation en direction des équipes de terrain.

Enfin, le Sgen-CFDT a demandé qu’à l’issue des rencontres bilatérales, le ministre organise une réunion plénière pour faire connaître aux organisations consultées les conclusions de ces rencontres.

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Extrait du site de l’Unsa, le 26.01.06 : Rencontre sur les ZEP au cabinet du ministre de l’Education nationale - 12 janvier 2006

Intervention de l’Unsa Education

Une relance de l’éducation prioritaire était nécessaire. Les ZEP ont été laissées à l’abandon depuis des années par le ministère. Le pilotage national était inexistant. Le plus souvent le pilotage académique aussi. L’Unsa Education avait contesté l’absence totale de l’éducation prioritaire de la loi d’orientation sur l’avenir de l’école. Les annonces ministérielles ont été faites dans la précipitation, en réaction à la crise des banlieues. Une fois de plus aucune concertation préalable n’a eu lieu avec les organisations syndicales. Il nous est proposé aujourd’hui de discuter de la mise en œuvre de mesures déjà arrêtées.

Pour l’Unsa Education, je ferai d’abord quelques observations générales sur la politique éducative.

Ces annonces pour l’éducation prioritaire s’inscrivent dans le contexte d’une politique éducative de régression. Les mesures budgétaires font douter fortement de l’ambition qui devrait accompagner une véritable relance : diminution massive d’emplois au budget 2006, diminution considérable des recrutements d’enseignants, financement des mesures uniquement par redéploiement. L’attribution de moyens supplémentaires aux collèges « ambition réussite » se fera au détriment de l’ensemble des collèges qui auront moins de possibilités pour organiser des actions d’aide ou de soutien pour leurs élèves. Les actuels collèges ZEP non classés EP1 verront-ils aussi leurs moyens diminués ?

L’Unsa Education considère que c’est pour tous les élèves qu’il faut avoir des ambitions fortes de réussite éducative. La décision d’instaurer un « apprentissage junior » est pour la fédération un renoncement à cette ambition de réussite pour tous. Cette remise en cause de l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans constitue une régression historique et inacceptable.

La volonté de revitaliser l’éducation prioritaire se mesure aussi à l’engagement du gouvernement pour combattre les inégalités d’où qu’elles viennent. On pourra mettre en place tous les dispositifs scolaires que l’on voudra, ils resteront inefficaces si la situation sociale et économique continue à se dégrader, si les difficultés continuent à se cumuler dans certains quartiers.

L’Unsa Education est en accord avec

  le principe de concentrer des moyens importants sur les zones les plus en déshérence, à la condition impérative que cela ne se fasse pas au détriment des autres établissements,

  la nécessité d’un pilotage fort au plan national et académique,

  le principe d’une contractualisation des moyens sur 5 ans autour d’une dynamique de projet.

Certaines propositions nécessitent une réflexion approfondie.

Il n’est pas choquant de réexaminer la carte des ZEP On a reproché la trop grande dilution du dispositif qui a nuit à son efficacité. Mais la révision de la carte doit se faire dans la transparence et la concertation, sans léser les personnels en fonction.

Les critères retenus pour sélectionner les collèges EP1 ont été déterminés sans concertation. Ils sont pour certains contestables. La liste des 164 établissements ne serait pas encore arrêtée mais des informations ont été données dans certains CTPA. Nous souhaitons avoir connaissance de cette liste. Pour les 56 collèges qui seront proposés par les académies, quels seront les critères retenus ? Quelle concertation sera organisée ? Quel sera le nombre total de collèges « ambition réussite », 220 selon les chiffres donnés aujourd’hui ou 250 comme annoncé par ailleurs ?

Comment seront choisis les EP3 ? Là encore, comment s’organisera la concertation ?

Le nouveau dispositif EP1 est centré sur les collèges. Les écoles seront apparemment associées dans le cadre de réseaux. Comment fonctionneront ces réseaux ? Comment les IEN et les directeurs seront-ils associés à l’élaboration du projet et à la contractualisation. Quels moyens supplémentaires d’enseignement bénéficieront aux écoles ? Il est nécessaire d’approfondir ce point. L’école maternelle et l’école élémentaire sont déterminantes pour la réussite des élèves. La scolarisation des 2-3 ans est un élément reconnu de la réussite pour les enfants de milieux défavorisés. Elle doit être possible dans des conditions adaptées aux exigences particulières de cet âge. Elle est trop souvent remise en cause lorsque les moyens d’enseignement sont insuffisants.

Il y a un débat très confus et à forte composante idéologique sur l’aide centrée sur les élèves ou sur les territoires. Le ministre insiste fortement sur la composante individuelle. Il est certes important d’apporter à chaque élève l’aide et le soutien qui lui sont nécessaires, en évaluant régulièrement sa progression. Mais l’approche territoriale est essentielle. L’Ecole ne peut à elle seule résoudre toutes les difficultés que connaissent les élèves. Elle doit s’inscrire dans des politiques territoriales, dans des partenariats avec le quartier, la commune, les associations complémentaires (qu’il aurait été souhaitable de les associer à cette concertation), les dispositifs de réussite éducative... Cette dimension est particulièrement peu présente dans les annonces ministérielles. Il est nécessaire de préciser comment s’articule précisément le choix des collèges « ambition réussite » avec la mise en place du volet éducatif du plan de cohésion sociale.

L’affectation de 1000 enseignants expérimentés dans les collèges EP1 est la mesure phare du projet. Ces moyens supplémentaires apporteront une aide utile à la fois aux élèves et aux autres enseignants. Les écoles en bénéficieront-elles aussi ? L’Unsa Education souhaite un groupe de travail pour approfondir les conditions de réalisation : recrutement, mouvement spécifique, avantages, service partagé entre le 1er et le 2nd degré.

La fédération n’est pas opposée à des avantages spécifiques pour les personnels travaillant dans l’éducation prioritaire afin d’attirer des volontaires et de stabiliser les équipes. C’est prévu pour les enseignants et les chefs d’établissement, pas pour les inspecteurs. Mais si l’on veut stabiliser les équipes, les conditions de travail sont au moins aussi importantes. Aucune mesure n’est proposée pour favoriser le travail en équipe. Il faut réfléchir aux conditions qui peuvent le faciliter : temps, formation... (A ce propos, nous attendons toujours la publication du décret sur le conseil pédagogique !) L’Unsa Education souhaite que l’on prenne en compte dans le service des enseignants les temps de concertation, de suivi individualisé des élèves... La relance de l’éducation prioritaire devrait être l’occasion d’engager une telle évolution.

Le redoublement est interdit dans les collèges « ambition réussite ». L’Unsa Education se réjouit de cette prise de conscience tardive par le ministère de l’inutilité du redoublement alors que la loi d’orientation vient de l’autoriser à la fin de chaque année scolaire. Cela ne serait-il valable que pour les collèges EP1 et non pour l’ensemble des élèves ? Peut-être un premier pas vers la remise en cause de cette disposition de la loi ?

Il est intéressant que les écoles et les établissements aient l’obligation d’organiser études accompagnées obligatoires. Mais elles ne doivent pas être imposées systématiquement à tous les élèves. Plus que le caractère obligatoire, c’est l’individualisation de l’accompagnement qui sera le gage de l’efficacité. Il faut donc être attentif à la compétence des personnes qui les assureront, à un encadrement suffisant, au lien avec l’enseignement.

L’Unsa Education est fortement hostile à la proposition de dérogation à la carte scolaire pour les meilleurs élèves de collège. Elle traduit bien la volonté de favoriser l’élitisme plutôt que de se donner les moyens de faire réussir tous les élèves. Elle conduit à accroître encore l’homogénéité de publics à faible réussite scolaire dans les zones d’éducation prioritaire. Elle conduit à faire passer le message que l’on ne peut réussir dans les ZEP qu’à condition d’en sortir. Le ministère doit renoncer à cette proposition. Il serait intéressant que le conseil territorial de l’éducation nationale se penche sur cette question de la carte scolaire et examine les moyens de favoriser la mixité sociale.

Certaines mesures concernant l’ensemble de l’éducation prioritaire sont intéressantes, mais pas nouvelles : les dispositifs école ouverte, les relations avec les parents, par exemple. Elles sont déjà mises en œuvre et il aurait été souhaitable que le ministre reconnaisse la qualité du travail fait par de nombreuses équipes en incitant à une généralisation.

D’autres mesures, si elles ne sont pas dénuées d’intérêt ont un caractère démagogique et sont peu réalisables, comme les 100 000 étudiants pour 100 000 élèves de ZEP, les programmes radio de culture générale.

L’entretien individuel d’orientation à différents niveaux de la scolarité est intéressant. L’Unsa Education l’avait proposé pour l’ensemble des élèves, dans le cadre d’une éducation au choix et d’un accompagnement dans la construction du projet personnel et professionnel de l’élève. Cela pourrait être une première étape avant une généralisation.

La formation des enseignants est un enjeu essentiel pour travailler dans les ZEP, comme ailleurs. Le cahier des charges est en cours d’élaboration et devrait fixer des compétences à acquérir en priorité. La formation au travail en équipe n’est pas citée dans ces exigences. Il faut bien être conscient que les attentes sont fortes en matière de formation des enseignants. L’Unsa Education demande à être associée à la réflexion sur le contenu du cahier des charges. Au delà du cahier des charges, c’est l’organisation même de la formation initiale et sa durée qui sont à repenser. Le temps actuellement prévu pour la formation est tout à fait insuffisant.

La rénovation de l’éducation prioritaire est nécessaire. C’est un vaste chantier qui ne peut être conduit sans une concertation approfondie avec l’ensemble des acteurs. Il est difficile d’envisager sereinement cette concertation alors que l’irritation des personnels grandit devant une succession d’annonces intempestives, sans réflexion d’ensemble, sans aucun dialogue préalable, quelques mois seulement après la publication d’une loi d’orientation sur l’éducation. Les exemples les plus caricaturaux en sont les annonces sur la lecture ou encore sur la bivalence des enseignants. Cela ne peut pas continuer ainsi.

P.-S.

 

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