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Nouvelle demande d’entrée en ZEP pour cause de violences !

25 janvier 2006

Extrait de « La Croix », du 24.01.06 : La violence scolaire au Blanc-Mesnil

Plusieurs établissements scolaires de la région parisienne sont perturbés par des problèmes de violence scolaire alors que le ministère prépare une nouvelle carte des établissements classés ZEP.

Les cours n’avaient toujours pas repris, au matin du lundi 23 janvier, au lycée Aristide-Briand du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis. Jeudi 19 janvier, la soixantaine d’enseignants de ce lycée professionnel avait revendiqué un « droit de retrait », estimant que les conditions de sécurité n’étaient pas garanties. En l’espace de quelques jours, les incidents se sont multipliés dans le lycée.

Le 10 janvier, un élève s’est présenté sans motif au domicile parisien d’une jeune enseignante. Six jours plus tard, un mot a été glissé sous la porte de la salle des professeurs avec la menace : « Vous allez tous mourir. » Les jours suivants, une bombe lacrymogène éclatait dans un gymnase, tandis qu’une enseignante se faisait voler sa carte de crédit par deux élèves alors qu’elle faisait cours.

Lundi 23 janvier, une délégation d’enseignants devait être reçue au rectorat de Créteil. Les professeurs demandent davantage de moyens et le classement de leur établissement en zone d’éducation prioritaire. « Il est extrêmement difficile de faire cours avec 24 élèves par classe, témoigne Philippe Mulot, professeur de lettres. Or les dédoublements de classes ont été réduits depuis la rentrée. »

« Quand il pleut, ils sont dans la cour, sous la pluie »

Le lycée Aristide-Briand présente le même profil d’établissement « de relégation » que le lycée professionnel d’Étampes où une jeune enseignante d’arts plastiques a été poignardée, la veille des vacances de Noël.

Dans les filières « maintenance » ou « structures métalliques » arrivent chaque année des élèves qui ont connu l’échec scolaire au collège et n’ont pas obtenu le lycée de leur choix. Rénovés il y a une quinzaine d’années, les bâtiments accusent par ailleurs de gros défauts comme, par exemple, l’absence de salle pour les élèves : « Quand il pleut, ils sont dans la cour, sous la pluie », regrette Philippe Mulot. Avec vingt ans d’expérience maison, cet enseignant est l’un des rares anciens du lycée. La plupart de ses collègues sont en début de carrière et filent vite ailleurs.

C’est le cas de cette jeune enseignante qui préfère garder l’anonymat. Venue de province, elle a été confrontée, sans formation particulière, avec ce public difficile. « On n’a pas l’impression d’être là pour transmettre un savoir. On se demande parfois si, psychologiquement, on va tenir le coup », affirme la jeune femme qui a récemment connu des problèmes avec un élève. Reçue par le chef d’établissement, elle a alors eu le sentiment de ne pas être soutenue.

Cinq conseils de discipline ont débouché sur des exclusions

Aristide-Briand n’est pourtant pas un lycée laxiste. Depuis le début de l’année scolaire, plus de cinq conseils de discipline ont déjà débouché sur des exclusions d’élèves. Mais face à la permanence des incivilités, les enseignants ont tout de même l’impression que l’institution cherche à minimiser les difficultés. « Lors du dernier conseil d’administration, on a voulu faire passer une motion sur les problèmes de violence. La direction, mais aussi les parents d’élèves, nous ont mis en minorité », explique Philippe Mulot.

En cette période d’hiver, toujours très sensible dans le monde scolaire, l’affaire du lycée d’Étampes a laissé des traces dans les esprits. Dans un collège de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, les enseignants ont également fait jouer leur « droit de retrait » la semaine dernière après qu’une collègue a reçu des coups de poing d’une élève de cinquième. Eux aussi demandent leur classement en ZEP ainsi que des postes de surveillants supplémentaires.

Ils n’ont accepté de reprendre les cours, lundi 23 janvier, qu’après avoir reçu le soutien de parents d’élèves qui occupent désormais le secrétariat du collège pour faire pression sur le rectorat. Tous ces mouvements ne sont pas étrangers au fait que le ministère prépare actuellement la nouvelle carte des ZEP. À Paris, enfin, c’est un établissement accueillant des jeunes en difficulté qui a décidé lundi de suspendre ses cours. « Nous ne sommes plus en mesure d’assurer la sécurité de nos élèves et craignons également pour celle des personnels », expliquent les enseignants dans une lettre qui signale « des bagarres en classe à coups de chaise », des « agressions d’enseignants ou d’élèves » et des « émeutes dans la cour et la cantine ».

Bernard Gorce

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Le ministère dessine la nouvelle carte des ZEP

Les premiers contours de la nouvelle carte des ZEP seront connus au début du mois de février. En décembre, le ministre de l’éducation Gilles de Robien avait annoncé le classement des établissements ZEP en trois catégories, les moyens étant concentrés sur les collèges les plus difficiles. Une liste de 164 « collèges ambition réussite » a déjà été communiquée aux organisations syndicales, le choix d’une cinquantaine d’autres collèges de cette catégorie étant laissé aux recteurs. Deux critères ont été retenus : les collèges qui cumulent des handicaps sociaux (67 % des élèves dans les catégories défavorisées) et scolaires (10 % d’élèves de 6e qui ont déjà deux ans de retard). De sources syndicales, le ministère aurait revu à la hausse le nombre de collèges « ambition réussite », qui devrait s’élever à 250.

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