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Le président de l’OZP : pilotage et accompagnement pour les ZEP

18 janvier 2006

Extrait de « Fenêtres sur cours », journal du SNUipp, n°279 : « Les équipes ont besoin d’être pilotées et accompagnées »

La politique des ZEP a t-elle « échoué » comme l’affirme le ministre de l’intérieur. Quel bilan en fait l’OZP ?

Les résultats en ZEP ne se sont pas rapprochés de ceux des autres écoles. Mais les inégalités sociales se sont creusées et, sans les ZEP, c’eut été pire sur le plan scolaire pour nombre d’enfants. Le manque de pertinence pédagogique des ZEP est essentiellement dû au fait qu’elles ont été laissées livrées à elles-mêmes. Pour apporter vraiment des solutions aux difficultés des élèves, les équipes ont besoin d’être pilotées et accompagnées. Il a été fait du très bon travail par endroits, dans d’autres il ne s’est pas passé grand chose. Ce bilan en demi-teinte appelle une mobilisation rapide.

Vous suggérez de créer des sites urbains prioritaires pour l’éducation (SUPE) ?

A l’heure actuelle, un peu moins de 1000 ZEP concerne 20 à 25% des élèves, c’est beaucoup. Les situations sont très hétérogènes. Les récents incidents en banlieue confirment d’une certaine façon qu’il y a vraiment urgence pour environ une centaine de sites tout à fait prioritaires. Il s’agit de quartiers très dégradés, ayant une très mauvaise représentation d’eux-mêmes, où les services publics ont du mal à travailler, où l’école est en difficulté, où les résultats des élèves sont catastrophiques. Il faut réhumaniser ces lieux par un investissement particulier avec par exemple au niveau de l’école, des enseignants volontaires qui viennent par rapport à un projet précis.

De quels moyens les écoles et les équipes d’enseignants ont-elles besoin ?

L’important, c’est le travail en équipe pour éviter que chacun ne travaille dans son coin. Les enseignants ont véritablement besoin de temps de concertation, pour la cohérence de leur travail. Les équipes doivent pouvoir, face à certaines difficultés, bénéficier du travail et de l’inventivité des autres. Il faut aussi des enseignants supplémentaires et bien réfléchir à la façon dont on les utilise. Pas pour abaisser de façon mécanique et résiduelle l’effectif des classes mais pour pouvoir travailler à certains moments en plus grand groupe, à d’autres avec 20, 15 ou 12 élèves ou en tout petits groupes. Cette souplesse est importante pour répondre aux différents besoins. On peut enfin envisager une forme d’intéressement pour ces enseignants à qui on demande beaucoup.

Qu’adviendrait-il des écoles aujourd’hui en ZEP qui ne seraient pas dans les SUPE ?

« Déposer le bilan » est brutal et inadapté. Il y a en effet des endroits où se fait un excellent travail, il y a des ZEP qui, sans être dans une situation de très grande urgence, sont dans des situations de grande fragilité. Il y a aussi des zep qui ne se mobilisent absolument pas et depuis longtemps. On peut imaginer une forme de négociation pour que l’administration maintienne en ZEP les équipes qui en ont envie, ou que des écoles puissent en sortir. Le maintien passe par une redynamisation sur des projets menés de façon cohérente, poursuivis dans le temps avec le pilotage par l’éducation nationale des équipes de terrain afin d’apporter des outils et d’évaluer ce qui est fait.

Il ne faut donc pas abandonner l’idée de politiques centrées sur des territoires ?

Le débat actuel, aide individuelle aux élèves ou aide aux territoires, est stérile. Que ce soit dans le domaine social, celui de son environnement, de sa santé, de sa famille, ou le domaine plus pédagogique des apprentissages, l’aide concerne les difficultés propres aux élèves, c’est donc une aide individuelle. Mais on ne peut faire travailler un élève sans tenir compte de ses problèmes de santé, familiaux ou autres. On est obligé de travailler de manière concertée et cohérente avec les différents intervenants du quartier, du territoire. Il s’agit d’aider un élève dans un territoire.

Que peut-on attendre des dispositifs de réussite éducative ?

Ce dispositif n’en est qu’à sa mise en place. Il rejoint dans l’idée ce que l’on vient d’évoquer : la mise en activité du territoire autour de l’élève. Il ne faut pas empiler des prises en charge sans lien entre elles. Quels élèves aider, quelle aide donner, quelle mise en oeuvre ? Là encore, un véritable travail de cohérence est à faire qui nécessite de travailler ensemble. Cela demandera beaucoup de temps avec des gens d’univers et aux objectifs différents. C’est d’autant plus difficile que les choses se sont faites séparément au départ.

Propos recueillis par Gilles Sarrotte

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