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Sur le site du MEN "Devenir enseignant", 2 témoignages de profs en éducation prioritaire dans l’académie de Strasbourg, dont l’un est formateur académique et responsable d’un master MEEF

10 octobre 2016

Armand Carr nous parle de son quotidien de professeur de lettres dans un collège de l’éducation prioritaire

Pourquoi avez-vous choisi de devenir enseignant ?
Je suis une personne utopiste et idéaliste, et ce désir de devenir enseignant m’est venu d’une rencontre avec un professeur de lettres qui m’a beaucoup marqué. J’ai eu de bons résultats au bac français et ce débouché m’a semblé évident. Je voulais transmettre et donner le goût de la lecture.

Pourquoi avez-vous choisi d’enseigner au collège ?
J’aime beaucoup enseigner au collège. On s’adresse à des jeunes gens en pleine transformation personnelle et cela implique un rapport particulier avec les élèves.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la pratique de votre métier ?
Cette relation si privilégiée avec l’élève. Aujourd’hui, ce métier rayonne encore, il est toujours valorisé par les jeunes pour qui il reste un modèle. Je pensais prendre une grande claque en arrivant en "Rep +", rencontrer des élèves "anti-profs", mais il y a un énorme respect pour l’enseignant, qui reste une figure d’autorité dont le rôle est de transmettre des savoirs. Le français est une matière du socle commun qui se trouve au carrefour d’autres disciplines. Et en tant que professeur de français, je peux transmettre des outils, mais aussi une ouverture culturelle vers le théâtre et le cinéma.

Quels avantages y a-t-il à être enseignant ?
Nous avons beaucoup de vacances, c’est vrai ! Et les horaires me permettent d’être présent à la maison auprès de mes enfants. Toutefois, il y a en plus des 18 heures de service, beaucoup d’heures de préparation et de correction des cours. L’autre avantage, ce sont les possibilités de formation offertes tout au long de sa carrière pour s’ouvrir à de nouveaux champs disciplinaires.

A contrario, quels sont selon-vous les inconvénients du métier ? Les difficultés auxquelles il faut faire face ?
C’est un métier fatigant et éprouvant. En "Rep +", il faut s’adapter au public et sans cesse se remettre en question. Je pense qu’il s’agit d’un contexte encore plus exigeant pour un enseignant. Les élèves n’ont pas envie que le professeur nivelle vers le bas et ils nous le disent. L’élève est le premier juge de nos cours.

En quoi votre pratique de l’enseignement a-t-elle évolué depuis le début de votre carrière ?
Ma pratique se transforme, notamment en ce qui concerne les méthodes d’évaluation. J’évite de mettre des zéros et je tends vers une note finale, globale, favorisant les remarques et les conseils pour que l’élève s’améliore, plutôt qu’une note qui tombe comme un couperet et qui le démotive.
J’ai également évolué dans ma relation avec les élèves. Au début, on a du mal à juger la distance à respecter, la posture à adopter. Avec l’expérience, la pratique change forcément.

Vous avez exercé dans plusieurs établissements. Qu’est-ce que cela implique dans vos méthodes d’enseignement ?
Il y a une hétérogénéité dans tous les collèges, mais dans un établissement "Rep +", les contrastes sont encore plus forts, entre les élèves qui ont des moyennes générales très élevées et ceux en décrochage scolaire. La tâche est alors encore plus complexe, il faut adapter son cours.

Si vous deviez définir votre quotidien en quatre qualificatifs...
Éprouvant car les journées sont longues, stimulant car l’on fonctionne par projets, frustrant car on sait qu’il y aura toujours des élèves en échec et certains qui n’adhèrent pas à notre pédagogie... Enrichissant aussi car il y a des débats entre profs, et un rapport particulier avec les élèves.

Que diriez-vous à un élève en cours d’orientation ou à un étudiant pour l’inciter à devenir enseignant ?
Je lui dirais que ce métier doit être une vocation et non un choix par défaut. Il faut en avoir envie ! Il ne faut pas le faire pour les vacances mais être animé par la conviction que l’on peut changer les choses.

Extrait de devenirenseignant.gouv.fr de février 2016 : Armand Carr nous parle de son quotidien de professeur de lettres dans un collège de l’éducation prioritaire

 

Cédric Peter nous parle de son quotidien de formateur académique et de responsable d’un master MEEF

Professeur d’anglais dans un établissement d’éducation prioritaire (REP+) à Strasbourg, Cédric Peter est aussi co-responsable du master MEEF anglais au sein de son académie. Partager son temps entre ces différentes activités lui permet de prendre régulièrement du recul sur une pratique enseignante en permanente évolution.

Pourquoi avez-vous décidé de devenir formateur académique en plus d’enseigner au collège ?
Je trouve passionnant de former les futurs enseignants, surtout à la transmission de certaines valeurs, celles de notre institution - qui est une chose absolument essentielle. Cela m’intéressait beaucoup aussi de réfléchir à l’avenir de l’enseignement, qui évolue chaque année, chaque mois, chaque seconde, même ! Puisque la recherche avance en didactique et que les programmes peuvent évoluer, l’enseignement doit changer lui aussi, notamment en termes de pratiques sur le terrain.

Vous êtes responsable d’un MEEF à l’ESPE (École supérieure du professorat et de l’éducation) de Strasbourg. Pouvez-nous décrire en quelques mots en quoi cette mission consiste ?
Je suis co-responsable du master MEEF anglais, mon rôle est donc de mettre en œuvre les enseignements qui sont dispensés aux étudiants de master qui souhaitent devenir professeurs d’anglais. Pour cela, je coordonne une équipe d’une douzaine d’enseignants formateurs.

Comment votre emploi du temps est-il aménagé ?
Je travaille du lundi matin, très tôt, au dimanche soir... très tard ! J’enseigne à mi-temps et l’autre moitié est consacrée à l’ESPE, où je rencontre les tuteurs, j’anime des réunions, je vais à la rencontre des enseignants fonctionnaires-stagiaires lorsqu’ils font cours... Tout cela prend en moyenne quarante heures par semaine, mais cela peut aller jusqu’à cinquante heures.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la pratique de votre métier ?
Le relationnel, avec les étudiants comme avec les élèves. Il y a la matière qu’on enseigne, certes, mais il y a aussi les techniques d’enseignement. Ce qui me plaît le plus, c’est d’être celui qui les accompagne dans leur projet, dans ce qu’ils vivent. Je vais donner mon maximum pour les préparer à ce qu’ils souhaitent faire et ça passe par des échanges, des plaisanteries parfois et, surtout, par la transmission de connaissances et de compétences.

Enfin, quels conseils donneriez-vous à de futurs enseignants ?
Il est nécessaire d’avoir un solide bagage disciplinaire, ainsi qu’une réflexion didactique et pédagogique. Il faut bien garder en tête que l’enseignement évolue perpétuellement, il est donc essentiel de continuer à se former jusqu’au bout de sa carrière et garder une grande ouverture d’esprit. Concrètement, en échangeant avec les collègues, en lisant des ouvrages didactiques, en se cultivant, mais aussi en ne quittant pas un cours en se disant que c’est terminé, mais en se demandant plutôt pourquoi certaines choses ont réussi et d’autres non.

Ça ne peut pas être un métier figé, ce n’est pas parce qu’on a suivi une formation initiale qu’on peut avoir la même pratique pendant quarante ans. Intellectuellement, c’est formidable !

Extrait de devenirenseignant.gouv.fr de février 2016 : [Témoignage] Cédric Peter nous parle de son quotidien de formateur académique et de responsable d’un master MEEF

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