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Un entretien avec le ministre de l’éducation sur son plan de renforcement des ZEP

15 décembre 2005

Extrait du « Monde » du 14.12.05 : "1 000 professeurs expérimentés dès 2006 pour les ZEP"

Le premier ministre, Dominique de Villepin, vous a chargé de "renforcer" les zones d’éducation prioritaires (ZEP). Quel est votre plan ?

Tous les rapports et études convergent : les niveaux de difficulté ne sont pas les mêmes selon les ZEP. Plutôt que de s’attacher à la notion de zone, il s’agit de s’intéresser aux élèves scolarisés dans des établissements précis. Dès la rentrée prochaine, nous allons cibler notre action sur 200 à 250 collèges sélectionnés en fonction de critères sociaux et scolaires, comme la part d’élèves ayant un retard supérieur à deux ans à l’entrée au collège et l’évaluation des résultats à l’entrée en sixième. Ces collèges seront labélisés "ambition réussite". Ils constitueront l’unité de référence d’un "réseau de réussite" créé avec les écoles de leur secteur.
Cette organisation aura pour but de faciliter la transition entre la classe de CM2 et celle de sixième. Les réseaux de réussite feront l’objet d’une contractualisation pour quatre ou cinq ans entre l’établissement et l’inspecteur d’académie. Ils seront soumis à une évaluation régulière des résultats fondée sur un baromètre de la réussite scolaire. Chaque réseau de réussite sera suivi par un inspecteur général de l’éducation nationale.

Ces collèges "ambition réussite" vont-ils bénéficier de moyens spécifiques ?

Les équipes éducatives de ces collèges seront renforcées avec l’arrivée de 1 000 enseignants expérimentés dès la rentrée 2006. Par ailleurs, 3 000 assistants pédagogiques se destinant aux métiers de l’enseignement se consacreront à l’aide aux devoirs et au soutien scolaire. Ces collèges disposeront d’au moins une infirmière scolaire. Enfin, l’augmentation des dispositifs relais pour la prise en charge des élèves les plus perturbateurs bénéficiera en priorité aux collèges "ambition réussite".

Comment comptez-vous attirer des enseignants expérimentés dans ces établissements difficiles ?

On a besoin d’enseignants chevronnés pour épauler leurs jeunes collègues. Ils seront volontaires et se verront proposer des postes spécifiques qui pourront prendre la forme de postes en service partagé entre le collège et une école ou entre le collège et le lycée.
Un contingent supplémentaire d’accès à la hors classe, le degré d’avancement le plus élevé, sera prévu pour ces enseignants après cinq années passées dans un collège "ambition réussite".

Comment seront pris en charge les élèves dans ces établissements ?

Pour ces élèves, il faut plus encore individualiser les parcours. On ne redouble pas au collège "ambition réussite" car les équipes s’engagent à faire progresser chacun des élèves. Les établissements peuvent mettre en place des groupes de compétences. Pour donner plus tôt aux élèves une connaissance des métiers et des formations, l’enseignement de découverte professionnelle prévu en troisième sera avancé en quatrième.
Les élèves des collèges "ambition réussite" ayant obtenu une mention bien ou très bien au diplôme national du brevet auront le droit de déroger au secteur de recrutement des lycées de leur académie dès la rentrée 2006. Enfin, les collèges et les écoles des réseaux de réussite devront mettre en place, quatre soirs par semaine, des études accompagnées obligatoires.

Allez-vous réduire le nombre d’établissements en éducation prioritaire ?

Nous allons créer trois niveaux parmi les dispositifs de l’éducation prioritaire. Le premier, EP1, pour éducation prioritaire 1, correspondra aux collèges "ambition réussite" et aux écoles de leur secteur. Le niveau EP2 concerne les zones urbaines moins sensibles, qui comportent plus de mixité sociale : les établissements continueront d’y recevoir les moyens actuels. Le niveau EP3 cible les établissements qui ont vocation à sortir en trois ans du dispositif de l’éducation prioritaire. Les personnels actuellement en fonction conserveront les indemnités liées à l’éducation prioritaire tant qu’ils seront en poste dans ces établissements.
La relance de l’éducation prioritaire ne va-t-elle concerner que les réseaux de réussite éducative ?
Non, elle va concerner l’ensemble de l’éducation prioritaire à partir d’objectifs clairs. D’abord, on entre au collège en sachant lire : c’est pourquoi la méthode globale et celles qui en sont dérivées ne seront plus utilisées. Un autre objectif est de réduire les inégalités avec le développement des internats de réussite éducative et un meilleur accès des élèves aux stages obligatoires.
Par ailleurs, 100 000 étudiants de grandes écoles et universités s’engageront dans l’accompagnement de 100 000 élèves de l’éducation prioritaire.
Il faut également favoriser l’investissement des parents dans l’éducation de leurs enfants avec des rendez-vous trimestriels. Dans la mesure du possible, une salle sera aménagée au collège pour accueillir les parents, organiser des cours d’alphabétisation, des rencontres...

Nous veillerons également à mieux former les enseignants, notamment pour traiter la difficulté scolaire et prendre en compte l’hétérogénéité des élèves dans la transmission des savoirs.

Propos recueillis par Martine Laronche

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