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Journée nationale OZP 2016. Conclusion de la journée, par Marc Douaire, président de l’OZP

3 juin 2016

Journée nationale OZP 2016. Conclusion de la journée, par Marc Douaire

Le bilan d’étape de la politique d’Education prioritaire engagée depuis 2012 est nécessaire. Auparavant il est utile de se rappeler certains faits.

Où en était l’Education prioritaire il y a 10 ans ? Après avoir disparue des politiques éducatives des ministères Ferry et Fillon, ce sont les émeutes des banlieues de novembre 2005 qui ont conduit le gouvernement à relancer la politique des Zep en créant les Réseaux Ambition Réussite et les Réseaux de Réussite Scolaire en 2006.
Où en était l’Education prioritaire il y a 5 ans ? Alors que les RAR faisaient l’objet d’un rapport plutôt positif de la DGESCO, le ministre Chatel décidait unilatéralement, pour des questions idéologiques, de les remplacer par le dispositif CLAIR puis ECLAIR.

En 2012, à la conclusion de la concertation nationale pour l’avenir de l’Ecole, la disparition des politiques territoriales, dont celle de l’Education prioritaire, était publiquement annoncée au mépris des travaux du groupe de travail « Pour une Ecole plus juste ». D’ailleurs, revenons sur les conclusions de ce groupe de travail qui a réuni à 6 reprises les représentants des collectivités territoriales, des organisations syndicales des personnels du monde éducatif, des associations éducatives et de parents d’élèves.

Plusieurs points faisaient consensus :
- Le maintien de la labellisation « Education prioritaire »
Ce qui a été acquis en dépit de manœuvres de groupes de pression.
- La fin de l’empilement des dispositifs divers relevant de l’Education nationale et de la Politique de la Ville.
Cette exigence partagée a été entendue et l’on doit souligner que la nouvelle géographie de l’Education prioritaire a résulté d’un travail commun interministériel permettant de dégager des critères objectifs et révisables à terme.
- L’affirmation du caractère territorial de la politique de l’Education prioritaire.
Renouant ainsi avec ses principes d’origine, cette politique s’écartait des tentatives de la réduire au périmètre de l’établissement scolaire ou de la transformer en politique d’aide individuelle.
- L’exigence d’un pilotage ministériel effectif et continu dans la durée.
Rappelons que l’histoire de l’Education prioritaire est marquée par l’alternance des plans de relance et d’abandons politiques depuis 30 ans.
- La primauté donnée au premier degré et au réseau école/collège.
Cela doit se traduire notamment par les mesures en faveur de la scolarisation des enfants de moins de trois ans et la mise en place du dispositif « Plus de maîtres que de classes » .
- Le renforcement de l’accompagnement et de la formation continue des équipes. Rappelons que les moyens alloués à la formation continue avaient quasiment disparu.
- La reconnaissance des fonctions de coordination.
Chargés particulièrement des liaisons inter-degrés et partenariales, les coordonnateurs s’étaient vu réduire à la fonction de « secrétaire du comité exécutif ».
- L’exigence de la prise en compte de l’évolution de l’exercice du métier enseignant.
Nécessité d’engager des mesures concernant le service des personnels en Education prioritaire d’abord.

Deux points restaient en débat ;
- Le périmètre de la future géographie prioritaire.
- Fallait-il étendre encore cette carte en prenant le risque de diluer encore plus l’effectivité de la priorité et en laissant ainsi entendre que la réussite de la scolarisation des enfants des milieux populaires relevaient d’une politique dérogatoire et non des missions de l’école ordinaire ( ce qui nécessite une profonde réforme de celle-ci) ou fallait-il décider , position défendue par l’OZP, que la politique de l’Education prioritaire devait concerner les écoles et les établissements situés dans des territoires où le service public ne parvient plus à remplir ses missions ordinaires et que , par ailleurs, les moyens ordinaires alloués aux académies soient répartis en tenant compte des profils sociaux des établissements scolaires ?
- L’utilisation des moyens supplémentaires :
Devait-on utiliser ces moyens pour essentiellement abaisser les effectifs par classe ou devait-on préconiser de renforcer les projets , les démarches pédagogiques, les articulations inter-degrés ?

Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Il convient de le souligner : beaucoup a été fait en peu de temps. Citons notamment :
- La nouvelle carte de l’Education prioritaire, la création des 350 REP+ : l’ensemble des moyens engagés et la concertation sur le temps de service.
- Le référentiel conçu comme une ressource proposée aux équipes dans l’élaboration de leurs projets de réseaux
- Le recentrage sur la pédagogie et la continuité des apprentissages
- L’encouragement au développement des réseaux et donc d’une culture professionnelle de réseau
- La relance de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans dont la mise en place demeure encore trop timide
- Le dispositif « Plus de maîtres que de classes »
- La reconnaissance de la fonction de coordonnateurs de réseaux
- La création de postes de formateurs académiques et l’effort engagé pour la formation continue des équipes de réseau.

Maintenant il est nécessaire d’inscrire dans la durée l’ensemble de ces avancées. Pour cela il faut à la fois :
- Garantir à tous les niveaux la priorité effective aux réseaux et aux personnels de l’Education prioritaire
- Améliorer très sensiblement la question du pilotage à tous les niveaux de l’institution
- Prendre vraiment en compte la GRH des personnels engagés dans cette politique mieux reconnaître en particulier les acteurs exerçant sur les nouvelles professionnalités
- Développer les ressources, les dispositifs de formation en lien avec les Espe et la Recherche publique.

La refondation de l’Education prioritaire est bien engagée. Elle favorise l’émergence d’une culture professionnelle commune ; elle doit permettre, dans le cadre des réseaux, la construction de véritables collectifs professionnels de la scolarité obligatoire.
Pour l’OZP, il est nécessaire dans les prochains mois d’engager un bilan d’étape collectif et public de la refondation de l’Education prioritaire.

Marc Douaire,
président de l’OZP

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