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Retour sur le rapport Fortier (1998) sur la Seine-Saint-Denis

12 décembre 2005

Extrait d’un rapport de recherche du Centre d’Etudes de l’Emploi (CET) d’octobre 2005 : Dans une zone urbaine sensible : les acteurs de l’éducation et de l’insertion des jeunes « en difficulté »

Par Michel Destefanis, Centre d’études de l’emploi, Elisabeth Dugué, Cnam-Griot/Lise, Catherine Mathey-Pierre, Centre d’études de l’emploi, et Barbara Rist, Cnam-Griot/Lise

Un extrait du rapport du CET :

(...)

2.3. École, orientation, désillusion

L’école, principale instance d’intégration, ne parvient manifestement pas à jouer son rôle faute d’investissement à la hauteur des difficultés vécues par la population. Le rapport Fortier, remis en février 1998 au ministère de l’Éducation nationale, établissait un diagnostic accablant de l’incapacité de l’institution à favoriser la réduction des inégalités dans le département de Seine-
Saint-Denis. Alors que tout y est « plus difficile que nulle part ailleurs », l’Éducation nationale « entretient les discriminations au lieu de les corriger ».

Le rapport pointe les réussites scolaires plus que médiocres, les chiffres parlant d’eux-mêmes : en CM2, un tiers des enfants a une ou deux années de retard, 28 % des jeunes du département sortent de l’école sans diplôme, les taux de réussite aux examens y sont plus faibles que les moyennes nationales (46,4 % contre 61,3 % pour les bacs, 66,9 contre 77,9 pour les bacs pro par exemple). Alors que les enfants rencontrent des problèmes tels que la violence ou la malnutrition, l’absence d’adaptation des standards scolaires et les conditions d’accueil qui leur sont faites transforment l’obligation scolaire en une « sorte d’épreuve ». Le département se caractérise par l’abondance de très grands établissements « générateurs d’anonymat et de violence » : il détient le triste record, après l’île de la Réunion, en termes de concentration de collèges de plus de 1 000 élèves.

L’investissement pédagogique des équipes, salué par le rapport, ne peut combler l’insuffisance des moyens : 18 % seulement des collèges de la Seine-Saint-Denis sont alors classés en ZEP, les enseignants sont jeunes et inexpérimentés, avec une forte proportion de personnes auxiliaires31. Enfin, certaines formations professionnelles très demandées n’étant pas accessibles dans le département, l’accès des élèves aux formations qualifiantes est barré, alors même qu’ils souhaitent s’y engager et ont les capacités pour le faire.
Le rapport qui dénonçait une situation, qualifiée de « bombe » par la presse, dans la mesure où elle risque « de créer des franges sociales totalement disjonctées du reste du corps social », préconisait un plan de relance sur 5 ans. Appuyé par de nombreuses manifestations d’enseignants et de lycéens, ce rapport a débouché sur un plan d’urgence, dont la teneur jugée trop faible a été vivement contestée tant par les syndicats d’enseignants que par les parents d’élèves.

(...)

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