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"Le rôle d’une municipalité dans le fonctionnement des REP+, REP et PRE" : le compte rendu OZP de la Rencontre du 13 janvier 2016

18 janvier 2016

LES RENCONTRES
DE L’OZP------
n°121, janvier 2016

« Parce que l’école ne peut pas tout faire, parce que les collectivités locales en matière d’éducation ont un rôle à jouer, parce que l’éducation est l’affaire de tous, l’équipe municipale a réfléchi à l’action qu’elle devait conduire en direction de ses enfants. »

Le décor est ainsi planté par Richard Merra, adjoint à l’enseignement à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Accompagné par Magali Lelay, qui travaille à la mise en œuvre du Programme de Réussite Éducative, Richard Merra pointe les avancées, énonce les difficultés, évoque l’avenir et le chemin qu’il reste à parcourir pour que puissent réussir tous les élèves. Et s’il est sûr d’une chose, c’est que cette réussite passe par un élément déterminant : permettre à tous les acteurs de la communauté éducative de se rencontrer, de partager des objectifs, d’élaborer et de construire ensemble.

Magali Lehay, le dira clairement. « C’est parce qu’il y a une volonté politique forte que le PRE peut élaborer sereinement des projets avec les partenaires, mettre en place des parcours avec les populations fragiles et accompagner les familles. Nous savons que nous sommes soutenus, entendus, considérés comme de réels partenaires donc associés à la réflexion. ».

Gennevilliers est en Éducation prioritaire depuis longtemps. À la rentrée de septembre, un réseau est supprimé et, sans surprise, les enseignants sont scandalisés par cette décision. Certains quittent l’établissement pendant que ceux qui ont choisi d’y rester s’en remettent difficilement.
La ville, quant à elle, ne change pas de cap et continue d’agir de la même manière avec ce réseau hors éducation prioritaire, son REP + et ses deux autres REP. L’objectif explique R. Merra est de ne pas aider les enfants qui sont en ZEP au détriment des autres. L’intérêt est de pouvoir modéliser afin de transférer les avancées de l’éducation prioritaire dans le droit commun. »

Le message passe dans tous les services. Richard Merra le reconnaît : « Il faut une forte volonté politique en premier lieu, c’est évident, mais il faut également des moyens. Les ressources sont importantes ici, malgré la faiblesse des revenus d’une grande partie de la population.
J’en suis à mon troisième mandat. J’ai commencé mon travail d’adjoint à l’enseignement de manière classique. Ensuite, je me suis positionné plutôt sur l’aspect qualitatif. Le secteur a été redéfini : "ne pas rester dans son pré carré, être force de propositions, se nourrir de débats, alimenter la réflexion, savoir en tirer profit pour le local. »

C’est au sein d’un «  Conseil Consultatif Local  », ouvert à tous ceux qui souhaitent réfléchir et avancer sur les questions d’éducation, que la réforme des rythmes scolaires a pu être débattue et adaptée au niveau local. Dans ce conseil, sur de multiples thèmes, les propositions, les idées sont examinées, discutées, enrichies et peuvent être présentées au Bureau Municipal. C’est ainsi qu’est née la « Maison des Familles » qui n’apparaissait pas dans les propositions du programme municipal. Le Conseil Consultatif Local en est le concepteur.
« L’ensemble des politiques contractuelles proposées par l’État intéresse la ville », souligne Richard Merra. Des propositions sont faites pour les quartiers, parfois différentes d’un quartier à l’autre. On adapte notre politique aux besoins de la population.
Le Programme de Réussite Éducative fait partie aussi de notre positionnement mais reconnaissons qu’il nécessite des moyens, des investissements financiers que toutes les villes ne sont pas en capacité de fournir, même si des aides de l’État spécialement dédiées à la mise en œuvre du PRE ne sont pas négligeables. »

Richard Merra évoque alors les actions conduites avec l’Éducation nationale.

Les études dirigées.
La plupart des familles ont inscrit leurs enfants lorsque le tarif a été basé sur le quotient familial. Mais la montée des effectifs a nécessité de réfléchir avec les directeurs d’écoles à une autre organisation afin que ce temps soit réellement bénéfique aux élèves.
Officiellement, les devoirs sont interdits. Bien que dans le corps enseignant des appuis soient présents, que la réflexion progresse, il est nécessaire d’avancer doucement sur cette question. L’étude a été catégorisée en 4 types. Deux groupes suivent les études de manière classique mais avec 3 enseignants ; une autre catégorie accueille les élèves en difficulté et le dernier qui devait associer le centre de loisirs n’a pas abouti. Deux ans plus tard, à notre demande, un laboratoire universitaire dirigé par Stéphane Bonnery a travaillé sur cette organisation et un rapport a été établi. « Partager ces études dirigées avec l’Éducation nationale avec l’objectif de mettre de la cohérence dans l’éducation entre les différents temps est indispensable », dira Richard Merra.

Les langues
Quand Richard Merra prend ses fonctions, l’allemand n’est pas enseigné dans les écoles et il n’y avait pas de demande. Il a fallu convaincre les parents des milieux populaires, persuadés de son peu d’intérêt. Pour aboutir, Richard Merra a utilisé une astuce. Des logements d’enseignants étant libres suite au changement de statut des instituteurs, une proposition d’hébergement a été faite à de jeunes étudiants, venus en France, dans le cadre du projet européen Erasmus. En contre partie, on leur a demandé d"enseigner l’Allemand. L’offre éducative a séduit d’abord les parents des classes moyennes, qui ont les codes. Mais il n’ a aucune raison de la réserver à une élite, elle doit concerner chacun même si cela passe par quelques détours.

Les BCD
Quand on regarde loin derrière soi, on se souvient dans les années 80/90 qu’un enseignant d’une école pouvait être détaché sur une BCD, classer les livres, organiser le prêt et prendre des groupes classes auxquels des animations étaient proposées.Ce temps étant révolu depuis quelques lustres, la ville a choisi de nommer du personnel communal sur les BCD, qui classe et range les libres dans la base de données, ce qui libère les personnels de l’éducation nationale. Actuellement, on réfléchit à la manière dont les centres de loisirs pourraient également investir les BCD, y travailler mais de façon autre qu’un enseignant. On retrouve bien la volonté de penser l’éducation sur tous ces temps, de trouver l’articulation entre le scolaire et le périscolaire.

Les ouvertures culturelles
La ville propose des activités musicales, théâtrales, bénéficie d’une maison du développement culturel. Le corps enseignant est très demandeur. Mais il y a le risque que l’enseignant adopte un comportement de consommateur qui choisit les activités sur le catalogue de la ville.
Les TAP (temps d’activités périscolaires) ont permis de consacrer une après-midi par semaine aux activités culturelles et sportives gratuites pour tous les enfants. Aujourd’hui, ce sont 97% d’élèves qui sont concernés.

Le Programme de Réussite Éducative
Pourvue d’une formation d’assistante sociale dans le milieu scolaire, Magali Lelay a laissé son poste pour prendre ses fonctions au PRE de Gennevilliers. Le PRE, c’est une équipe de 12 personnes, des actions qui intègrent les objectifs des Contrats de Ville 2015/2020, un suivi au plus près des enfants et des familles, décrit Magali Lelay qui apprécie le soutien de la ville en général et de Richard Merra en particulier. Si l’équipe travaille dans la bienveillance portée aux enfants, dans l’accompagnement des familles démunies et en souffrance, dans le regard positif qu’il faut constamment porter aux personnes pour aller chercher le meilleur d’eux-mêmes et le valoriser, nul ne doute que le soutien, l’aide et l’accompagnement d’une ville sont nécessaires.

Deux axes prioritaires : les ruptures éducatives et le soutien à la parentalité
Les enfants repérés en souffrance sont orientés vers le PRE. Les cas sont différents et vont d’une absence de travail, de mauvais résultats à l’absentéisme et aux exclusions. Des problèmes d’hygiène, de santé, des comportements agressifs ou effacés et des situations familiales difficiles peuvent être identifiés.
Avec l’accord de la famille, l’équipe du PRE prenant en compte chaque situation dans ce qu’elle a de plus complexe, propose un parcours individualisé à chaque enfant, parcours adapté aux besoins. Ce peut être de l’aide aux devoirs, un accompagnement vers les soins, une ouverture culturelle ou sportive. Quelle que soit la prise en charge, elle doit permettre au jeune en rupture scolaire de se réconcilier avec l’école, de trouver dans les activités proposées ou dans les orientations tout ce qui peut permettre aux enfants et à leurs familles d’aller le mieux possible. Magali Lelay pour illustrer ses propos, prend l’exemple de ce jeune, en rupture scolaire en 6e et qui a été pris en charge avec sa maman, elle-même dans une situation très difficile. L’équipe du PRE s’est appuyée sur l’ensemble des acteurs qui interviennent dans l’éducation pour accompagner cet enfant et sa mère dans un parcours long mais qui aujourd’hui, porte ses fruits.
Un dispositif a été mis en place et concerne notamment le collège. Estampillé « fil continu », il concerne les enfants exclus que le PRE accueille. Aujourd’hui, le nombre d’exclusions a fortement baissé.

Magali Lelay reconnaît que sans l’aide apportée par la ville, au-delà de l’aspect financier, l’équipe qui gère quelque 500 parcours dont 70 très difficiles ne pourrait pas travailler dans de bonnes conditions. Elle projette au public de la rencontre un power point qui met détaille le cas d’un enfant et cite pour conclure cette phrase empruntée à Oscar Wilde « Il faut toujours viser la lune car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. »

LE DEBAT

Question - Le conseil local éducatif est-il ouvert ? D’où proviennent les moyens ?
RM - Ce conseil est composé de la strate "experte" de la population, enseignants et autres métiers liés à l’éducation mais aussi représentants de lobbies locaux. Ils sont tenus de rédiger un rapport annuel mais peuvent s’autosaisir d’une question.
La taxe professionnelle est une ressource importante à Gennevilliers, même si bon nombre d’entreprises ont disparu.

Q - Dans le cadre des études dirigées, qui décide de la composition des groupes ?
RM - Ce sont bien entendu les enseignants qui orientent les enfants vers la catégorie qui semble la mieux adaptée à leurs besoins. Aucun lien n’est à faire avec l’accompagnement éducatif, qui relève de l’Éducation nationale.

Q - Où en est le PEDT ?
Il est corrélé en fait, et nous le déplorons, non pas à la refondation de l’école mais aux rythmes scolaires. Nous accusons du retard dans sa mise en place. Je pense qu’une des explications relève de l’opposition marquée des enseignants concernant les rythmes.

Q - Quelles sont les grands axes priorisés par la ville ?
RM - L’éducation est la priorité budgétaire de la ville.
Nous sommes une ville où les ATSEM, avec un statut officiel, n’existent pas, mais la fonction est assurée par du personnel communal, à qui nous fixons des missions bien précises, alors que le milieu enseignant met souvent en avant la "liberté pédagogique".

Q - Comment associe-t-on les partenaires lors d’un parcours de PRE ? N’y a-t-il pas trop d’adultes parfois autour d’une situation ?
ML - Dans la situation que nous avons évoquée, les aides ne sont pas arrivées toutes en même temps. Régulièrement, nous réajustons les parcours en fonction de l’évolution de la situation. Une évaluation du PRE a pointé que nous étions beaucoup trop dans la réparation et pas suffisamment dans la prévention. Donc, nous allons revoir les choses. On travaille avec l’AFEV autour de la lecture, avec la philharmonique de Paris autour de la musique.

[Q - Quel est votre principal interlocuteur à l’Education nationale ?
C’est l’IEN. Avec le DASEN, on négocie les ouvertures de classes.
Nous bénéficions aussi des avis d’un collectif historique de directeurs d’école, sans statut officiel. L’ordre du jour des réunions est fixé avec l’IEN.

Compte rendu rédigé par Brigitte d’Agostini

 

Voir aussi
"Le rôle d’une municipalité dans le fonctionnement des REP+, REP et PRE" : comptes rendus de Tout Educ et du Café pédagogique de la Rencontre OZP du 13 janvier 2016

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