> VI- PÉDAGOGIE (Généralités, Disciplines, Actions locales) > ACTIONS PEDAGOGIQUES LOCALES (par niveau et discipline) > Actions locales AU COLLEGE > Collège (Climat, Harcèlement, Exclusion) > B* La médiation scolaire par les pairs, une réponse au développement de la (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

B* La médiation scolaire par les pairs, une réponse au développement de la violence au collège REP+ Robert Schuman de Hombourg-Haut

29 septembre 2015

La médiation scolaire par les pairs au collège
(Expérimentation terminée)

Collège Robert Schuman
, 57470 HOMBOURG-HAUT
Site : http://www4.ac-nancy-metz.fr/pasi/spip.php?article195

Auteur : Nicole Hoerner
Mél : ce.0572491@ac-nancy-metz.fr

L’institution scolaire, reflet de la société, est de plus en plus touchée par une agressivité aux formes multiples : insultes, harcèlement, jalousies, bagarres, exclusions, phénomène de bouc émissaire… Le règlement intérieur de l’établissement ne permet pas de régler tous ces problèmes, souvent jugés par les adultes comme insignifiants mais qui pourtant empoisonnent la vie de beaucoup de nos collégiens. Aussi la violence est-elle devenue la première réponse d’un jeune qui est (ou se croit) attaqué ou remis en cause. Pour faire face à de telles situations, la médiation par les pairs peut apporter des solutions. Des expériences menées dans les pays anglo-saxons ainsi que dans des établissements scolaires de zones réputées difficiles en témoignent.
La médiation est un processus qui permet lors d’un conflit (dispute, agressivité, bagarre, insulte..), l’intervention d’un tiers pour dépasser le rapport de forces et trouver une solution « gagnant-gagnant ». Le médiateur est un élève volontaire qui a suivi une formation où il a appris à prendre confiance en lui, à mieux se connaître et connaître les autres, à réfléchir aux mécanismes des conflits et à trouver des solutions non violent.

Plus-value de l’action
Beaucoup d’enseignants considèrent encore que leur rôle n’est pas d’éduquer, et que, l’éducation faisant partie du domaine privé de la sphère familiale, elle ne peut être considérée comme une mission de l’Ecole. Dans notre monde de violence peu de gens sont convaincus du bien-fondé d’une éducation à la non-violence, souvent d’ailleurs par méconnaissance de cette pratique. Cette action fait sortir l’éducation à la non violence de la marginalité. L’action montre que cette éducation à la non violence et à la médiation permet de donner aux élèves les compétences nécessaires à un mieux « vivre ensemble » à l’école et en dehors. Elle leur fournit les moyens de prendre du recul, d’analyser une situation, de comprendre les réactions des autres.

Nombre d’élèves et niveau(x) concernés
Cette action concerne tous les élèves, particulièrement en 5ème et 4ème.

A l’origine
Le collège Robert Schuman de Hombourg-Haut accueille 395 élèves tous originaires de différents quartiers de la commune. Deux cités construites à l’origine pour accueillir les mineurs des Houillères du Bassin de Lorraine regroupent de nombreuses familles d’origine étrangère (Italiens, Turcs, Marocains, Algériens…) ainsi que des familles en difficulté. (la catégorie défavorisée représente 78,7 % de la population scolaire).
On constate au collège de nombreux actes de violence et des incivilités de toutes sortes entre les élèves.
Mais ce qui nous inquiète c’est la banalisation de ces actes dans l’esprit des élèves. Comme si c’était devenu un mode normal de relation entre eux. Certains élèves semblent se satisfaire de vivre en permanence sous tension, dans cette relation agression-défense. Mais certainement pas tous ! Nous avons cherché un moyen de freiner cette évolution inquiétante qui ne nous paraît pas propice, ni aux apprentissages, ni à la vie en groupe en général.

Objectifs poursuivis
Résoudre les conflits par la médiation.

Description
Dans notre collège, comme dans de nombreux autres établissements scolaires, nous accueillons des élèves, filles et garçons, issus de milieux sociaux-culturels divers, à la recherche d’une identité bien à eux mais souvent mal dans leur peau. A l’adolescence, en effet, les relations avec les adultes mais également et surtout avec les pairs, sont sources de conflits et l’école est un lieu de vie où la rencontre avec l’autre est souvent vécue comme une adversité, un affrontement. Insultes, harcèlements, jalousie, bagarres, exclusions, moqueries, phénomènes de bouc émissaire font partie du quotidien de notre collège, de façon plus ou moins visible. Il nous a donc paru important de proposer une démarche qui permettrait de responsabiliser nos élèves, de les rendre plus autonomes, de les faire réfléchir aux mécanismes des conflits et de les amener à proposer des solutions de résolution non violentes. Cette démarche ne se substitue pas à la sanction, elle lui est complémentaire.

Modalité de mise en œuvre
1) Formation d’une quinzaine de professeurs et aide-éducatrices par l’association Génération Médiateurs.
2) Constitution d’une équipe de 8 professeurs chargés de la mise en place et du suivi du projet.
3) Création d’un atelier « Connaissance de soi, des autres et gestion des conflits » réservé aux élèves volontaires de 6ème (environ 40 élèves).
4) Suivi et évaluation des médiations.

Trois ressources ou points d’appui
L’administration nous soutient.

Difficultés rencontrées
1) Limites du fait des médiatrices et médiateurs. Exemple : à leur âge ils ont peur de s’affirmer, de se montrer différents des autres, certains sont timides et n’osent pas porter leur badge. La présence dans la cour de récréation demande régularité et persévérance, ce que beaucoup ont du mal à assumer.
2) Limites du fait des adultes du collège. Exemple : beaucoup de médiations ont été « imposées » par les surveillants, désireux de bien faire, ce qui a compliqué la tâche des médiateurs et faussé l’action.
3) Limites du fait des médiés (nom utilisé pour désigner les élèves qui ont fait appel à une médiation). Exemple : la peur de la critique, de la moquerie et un certain machisme empêchent les garçons d’avoir recours à la médiation. Savoir régler seul ses problèmes est valorisant.

Moyens mobilisés
Equipe pédagogique constituée de 8 enseignants.

Partenariat et contenu du partenariat : PASI

Liens éventuels avec la Recherche
Action se faisant en appui sur les travaux de médiation pratiquée dans de nombreux établissements scolaires de pays étrangers (Canada, Etats-Unis, Belgique…).

Evaluation
Compétences sociales et civiques (aptitude à communiquer et relations entre les enfants, autonomie).

Documents
Diaporama

Modalités du suivi et de l’évaluation de l’action
Par principe les adultes n’interviennent pas dans les médiations ; c’est un avantage dans la mesure où les élèves sont pleinement autonomes et responsables mais l’inconvénient est que nous, adultes, avons du mal à disposer d’une information systématique et rigoureuse sur ce qui se passe lors des médiations. Ces signaux d’alarme ainsi que la difficulté d’évaluer les bénéfices de l’action pour le collège nous ont interpellés. C’est pourquoi nous avons décidé d’interroger (par le biais d’un sondage) les différents acteurs de la vie scolaire pour voir comment la médiation était perçue par les uns et les autres.

Effets constatés
- Sur les acquis des élèves : Le sondage montre : 86,9 % des élèves ont compris que le rôle des médiateurs était de proposer une aide pour résoudre un conflit mais 36,1 % pensent encore que les médiateurs sont là pour arrêter les bagarres ou séparer les élèves et 21,3 % qu’ils repèrent les bagarres et vont prévenir un surveillant ou le CPE (conseiller principal d’éducation). Au sein de leurs classes, ils ont ressenti de la sympathie pour 39% ou de l’indifférence (18%) mais quasiment pas d’hostilité (1 élève). Beaucoup n’ont rien senti de spécial (27%). Certains ont nuancé : « curiosité, puis indifférence », « d’abord hostiles, puis indifférents ». Ils sont satisfaits à 73%.

Ceux qui ont réalisé des médiations ont été ravis qu’elles aient abouti et que les « médiés » aient eu l’air contents. Ou bien ils sont heureux de se sentir utiles et d’avoir apporté une aide. Pour résumer les effets sur les élèves : - une meilleure aptitude à communiquer et donc une amélioration dans les relations entre enfants. - fierté d’être médiateur. - conscients des progrès que la formation leur a fait faire dans leur connaissance d’eux-mêmes, des autres et de certains mécanismes du comportement.

- Sur les pratiques des enseignants : Cette action ne concerne pas les enseignants. Pour les élèves : 18% seulement ont été encouragés par leurs professeurs. Ils attendent de leur part encore des conseils (73%) et du soutien (63%) et souhaitent la poursuite des réunions de l’équipe à 73%.

- Sur le leadership et les relations professionnelles : Parmi les personnes qui ont répondu, 50% disent croire à la médiation, 60% estiment avoir été bien informées et 70% pensent qu’il s’agit d’une bonne chose pour le collège et nous encouragent à continuer. Visiblement ce sont avant tout les collègues favorables à la médiation qui ont répondu au sondage. Certains nous suggèrent de faire une préformation de tous les élèves de 6ème, de parler de notre action chaque fois que l’occasion se présente (conseil de classe, conseil d’administration, sorties…) et surtout d’améliorer la « visibilité » des élèves médiateurs dans la cour.

- Sur l’école / l’établissement : 63% ont décelé un effet positif sur l’ambiance générale au collège et 36% sur les agressions verbales, mais 45% n’en ont pas vu sur ces dernières.

- Plus généralement, sur l’environnement : Les parents ont été bien informés sur la médiation. Ils ont bien compris qu’il ne s’agit pas de s’interposer au milieu d’une bagarre et c’est pour cela qu’ils ont accepté que leur enfant soit médiateur. Leur bilan est tout à fait positif. L’expérience, vue avec leur recul, est intéressante et ils pensent que la formation reçue servira plus tard à leur enfant.

Extrait de expéritheque : La médiation scolaire par les pairs au collège

 

Voir les mots-clés
Tuteur, Pair, Médiateur, Mentor (gr 3)/ (colonne 3

mot 403 (mot-clé récent, colonne 4)

Répondre à cet article