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"Le parti pris des jeunes", réinventer l’éducation populaire, Henriette Zoughebi, Editions de l’Atelier (sept. 2015)

1er octobre 2015

Le parti pris des jeunes, réinventer l’éducation populaire,
Editions de l’Atelier,
160 p.,
Date de parution : 17 Septembre 2015
ISBN 978-2-7082-4331-6
EAN-ISBN 9782708243316
10 €

Présentation éditeur

 

Quel sens donner à un mandat de 5 années à la tête des 469 lycées franciliens ? Henriette Zoughébi, vice présidente du Conseil régional d’Ile-de-France en charge des lycées, publie un petit livre qui donne du sens à son mandat. "Le parti pris des jeunes" (Editions de l’Atelier), donne le fil rouge d’une action politique qui a commencé par une vaste consultation lycéenne. Dans ce récit qui raconte comment l’action politique se construit en lien avec les lycées franciliens, Henriette Zoughebi donne une grande leçon de politique. Toute action publique doit être construite avec celle et ceux pour qui elle est faite. Démonstration...

[...] Car, au final, le livre est aussi une réflexion sur ce que doit être un système éducatif. "S’il faut transformer l’école avec les éducateurs, avec les parents qui doivent retrouver confiance dans l’institution, il faut surtout entendre les jeunes", écrit-elle. "Le regard que les jeunes portent sur l’école est le bon stimulant pour la repenser... car ils sont en demande à la fois de sens et de concret. Cette double exigence est un véritable laboratoire d’innovations". En 150 pages, à travers les portraits de lycéennes et de lycéens bien réels, H. Zoughebi cherche ce qui peut redonner sens aux apprentissages et à la vie publique. Son livre est une grande leçon d’espérance. Espoir envers les jeunes des banlieues : H Zoughebi fait exploser les clichés. Espoir dans la politique. "Pour changer les choses il n’est pas nécessaire de tout changer", dit-elle.

Extrait de cafepedagogique.net du 17.09.15 : Henriette Zoughebi : Le parti pris des jeunes

 

"Les jeunes ne se rendent pas compte de leur pouvoir" (H. Zoughebi)

"S’il faut bien sûr transformer l’école avec les éducateurs, avec les parents (...), il faut surtout entendre les jeunes." Henriette Zoughebi arrive au terme de son mandat de vice-présidente du CR d’Ile-de-France en charge des lycées et des politiques éducatives, et elle publie "Le parti-pris des jeunes", un plaidoyer pour une réinvention de l’éducation populaire. Elle se souvient "avec une grande satisfaction" du rôle qu’ont joué les jeunes lorsqu’ils sont intervenus au cours de la délibération du Conseil régional et qu’ils ont fait pencher la balance en faveur du tarif unique à 35 € de la carte Imagine R (pour les transports en commun) ; elle souligne avec cette anecdote le poids que peut avoir leur parole, ce qu’ils ne mesurent pas, et limite leur action.

Et si elle soutient leurs prises de parole, elle milite aussi pour que les institutions les écoutent et les prennent au sérieux. "Les jeunes parlent quand on les écoute pour de vrai", dit-elle aux journalistes à l’occasion du lancement de son livre. Elle pense qu’ils ont "vraiment de l’ambition", qu’ils ont souvent "un plan B", pour faire ce qu’ils ont vraiment envie de faire, tel cet élève de lycée professionnel qui veut faire de la géopolitique et entend bien trouver des chemins de traverse pour arriver à ses fins. Encore faut-il, pour tenir compte de leur désirs, se donner les moyens d’un "long dialogue" pour "les faire accoucher de ce qu’ils veulent vraiment" et déconstruire les stéréotypes.

Soutenir leurs projets

Il ne suffit pas de les écouter, il faut que l’action publique suive pour soutenir les projets des lycéens, ce qu’elle a fait avec la Région et les budgets participatifs, ou avec le programme "jeunes pour l’égalité". Mais elle reconnaît des échecs, à propos de la lutte contre les discriminations dans la recherche de stages. Elle souligne l’importance "d’aller vers des lycées polyvalents" pour favoriser la mixité sociale et scolaire, lutter contre la hiérarchie entre les voies, favoriser les passerelles dans les deux sens...

Le livre d’ailleurs est nourri du verbatim des rencontres que l’élue a organisées pendant tout son mandat avec les jeunes. Tous veulent davantage de démocratie lycéenne, et "avoir leur mot à dire", tous refusent les discriminations, , et ont envie de dialoguer entre eux, tous ont le désir de réussir, de réaliser leurs rêves.

Extrait de touteduc.fr du 15.09.2015 : "Les jeunes ne se rendent pas compte de leur pouvoir" (H. Zoughebi)

 

Henriette Zoughebi, vice- présidente de la Région Ile de France en charge des lycées et des politiques éducatives depuis 2010 fait le bilan de son action auprès des jeunes dans plus de 280 lycées de la Région. Son objectif : améliorer la réussite des lycéen(ne)s. Le moyen retenu : engager un dialogue permanent avec eux sur leurs préoccupations quotidiennes, y répondre par des actions concrètes, leur redonner confiance en la démocratie, ce qu’elle appelle «  faire de la politique autrement  ».
Lors des premières visites dans les établissements, elle constate que les représentants des lycéens n’ont pas vraiment la parole. Elle lance fin 2010 une vaste consultation, décide de prendre en compte leurs préoccupations et de leur donner un réel statut de citoyens au sein des lycées. Pendant deux ans, elle va mener une opération d’envergure pour mieux entendre ce que les jeunes ont à dire : entre 2011 et 2012, enquêtes qualitatives, réunions dans les lycées, concertation avec les membres des CVL, rassemblements par académies.

Cette démarche amène une modification des dispositifs d’attributions de subventions : ce seront les lycéens qui rédigeront leurs projets et viendront les présenter devant un jury de la Région et devant leurs conseils d’administration. Fin 2012, Le fonds participatif lycéen est créé, appel à projets pour aménager des espaces de vie lycéenne dans les établissements.

Par son action directe auprès des jeunes, elle présente la Région comme une collectivité de proximité et rêve à des rencontres régulières entre représentants lycéens et conseillers régionaux. De quoi redonner foi dans l’action politique
Dans toutes les rencontres avec les lycéens, la question de la discrimination liée au territoire, au sexe, à l’origine et à l’argent s’impose. Si 85 % des jeunes ont une bonne image de leur lycée et s’y sentent heureux, ils souffrent – en particulier ceux qui viennent du 93 – d’être catalogués de manière négative, en particulier quand ils suivent une formation professionnelle.

Pour agir sur ces discriminations, le biais sera le PPI (programme pluriannuel d’investissement) ; elle met d’abord en place une douzaine de « territoires de dialogues  », grands bassins de formation, pour travailler toujours dans la proximité et la concertation. Le PPI va favoriser la polyvalence comme source de mixité dans les établissements, soutenir la rénovation des lycées de villes populaires, et créer plus de places d’internat. A partir de 2014, elle réforme les tarifs de restauration pour les rendre accessibles au plus démunis tout en relevant le niveau de qualité des repas.

Pour répondre aux questions, soulevées par beaucoup de lycéens, d’égalité entre hommes et femmes et de l’homophobie, elle crée un nouveau programme «  Jeunes pour l’égalité  » où les jeunes trouvent un espace de parole dans le cadre d’ateliers d’expression artistiques encadrés par des artistes. Lorsqu’elle s’attache à développer l’implication des équipes éducatives dans ces domaines, elle se heurte souvent aux réticences des enseignants, à leur manque de formation sur le sujet et à l’inertie de l’Education nationale. Elle s’engage enfin pendant toute sa mandature auprès de tous les militants qui viennent en aide aux élèves sans papiers, organise de nombreux parrainages, devient elle-même marraine d’un jeune Malien.

Se pose avec acuité la question des projets de vie des jeunes, de leur formation et de leur accès à un métier qui ait du sens pour eux. Elle prend consciences de leurs difficultés, en particulier celles des élèves issus de milieux populaires : la rigidité des cursus scolaires, la méconnaissance du monde du travail, le manque d’écoute des enseignants, le travail salarié qui entre en concurrence avec le travail scolaire rémunéré, la difficile recherche de stages. Pour y répondre au mieux, elle commence par créer un observatoire de la réussite scolaire et de la mixité sociale dont les conclusions permettront d’engager une réforme de la dotation de solidarité en retenant le critère du taux d’élèves dans les classes populaires. 177 établissements feront ainsi l’objet d’un suivi particulier de la Région, sans occulter l’accès à la culture et à l’histoire avec un travail sur la Shoah, le théâtre et l’écriture.
« Je suis convaincue que c’est bien par la culture, l’ouverture citoyenne et le projet pédagogique qu’on peut redonner goût et espoir aux élèves en difficulté.  »

Michèle Amiel

Extrait de cahiers-pedagogiques.com du 22.12.15 : Le parti pris des jeunes ou réinventer l’éducation prioritaire

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