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L’école française et ses ZEP, vues de Genève

19 novembre 2005

Extrait du « Temps » du 18.11.05 : En France, l’école veut devenir un outil d’intégration et de cohésion sociale

Discrimination positive ou scolarité de la seconde chance : les initiatives existent pour embarquer dans l’ascenseur social les plus défavorisés. Le succès est au rendez-vous, mais les places sont encore trop rares

Les heurts dans les banlieues mettent en évidence les failles de l’école républicaine française dans les quartiers difficiles où un jeune sur deux est au chômage. La fracture est palpable et l’on ne croit plus guère à la vertu des diplômes. Dans les collèges, le taux d’absentéisme dépasse souvent 25%. Parmi les « casseurs » interpellés par la police, un très grand nombre a moins de 16 ans, l’âge jusqu’auquel il est obligatoire d’être scolarisé en France.

Et beaucoup sont en situation d’échec. Chaque année, 15000 jeunes en âge d’être scolarisés quittent ainsi le système scolaire et en 2004, 45000 jeunes ont quitté le système scolaire à 16 ans sans qualification, soit environ 6% d’une classe d’âge.

Filières d’accès spécifiques

Ces statistiques mettent à mal un credo solidement ancré en France : celui de l’école républicaine, ferment d’égalité des chances et d’ascension sociale. Pour y remédier, l’Institut d’études politiques de Paris a mis les pieds dans le plat, en mars 2001, et annoncé la création d’une filière d’accès spécialement destinée aux élèves issus des ZEP, les zones d’éducation prioritaires créées dans les quartiers difficiles en 1981.

Une initiative décriée, alors, par les tenants de la méritocratie républicaine. Quatre ans plus tard, 189 élèves issus de vingt-trois lycées de ZEP ont été recrutés par cette voie. Selon les promotions, de 50 à 70% des candidats viennent de familles défavorisées.

La direction de Sciences Po dresse un premier bilan positif de cette tentative de « discrimination positive » dans l’enseignement supérieur, et affirme que les élèves recrutés par la filière parallèle achèvent leur cursus avec des résultats comparables à ceux issus du concours classique.

Contrairement à Sciences Po Paris, l’Essec, prestigieuse école de commerce, cherche depuis l’an dernier à épauler les élèves de ZEP en amont, en facilitant leur accès à l’école sans modifier le concours.

Bilan de la première promotion : sur 21 élèves, cinq ont abandonné le programme, trois ont échoué au bac, sept se sont inscrits en classe préparatoire à la rentrée, trois à la fac, un en diplôme universitaire de technologie (DUT) et deux dans une école de commerce post-bac.

L’apprentissage à 14 ans

Si l’on constate que les initiatives bourgeonnent pour relancer la fonction d’ascenseur social de l’école, ces dispositifs sont loin de concerner la grande majorité des adolescents dans les quartiers difficiles, mais seuls ceux qui vont jusqu’au niveau du bac. Or, c’est bien plus tôt que la question de la réussite scolaire se pose : 17% des collégiens français sont aujourd’hui scolarisés en ZEP et nombreux sont ceux qui ne franchissent pas le cap de la seconde. En pleine explosion de violence dans les banlieues, début novembre, le premier ministre français Dominique de Villepin a jeté un gros pavé dans la mare et annoncé que l’apprentissage commencera à 14 ans, contre 16 à ce jour.

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Chloé Leprince

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