> VIII- POLITIQUE EDUCATIVE DE LA VILLE > Politique de la Ville (Types de documents) > Politique Ville (Rapports officiels) > Un rapport du Centre d’études de l’emploi (CEE) sur le partenariat entre (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Un rapport du Centre d’études de l’emploi (CEE) sur le partenariat entre acteurs (éducation et insertion des jeunes) en ZUS

18 novembre 2005

Extrait de «  L’Expresso » du 17.11.05 : Education et insertion en ZUS

Le rapport complet : Dans une zone sensible urbaine, les acteurs de l’éducation et de l’insertion des jeunes "en difficulté"

Comment coordonner les acteurs de la politique de la ville en ZUS ? Le Centre d’études de l’emploi publie une étude de M. Destefanis, E. Dugue, C. Mathey-Pierre et B. Rist qui analyse les représentations et les actions menées par les principaux intervenants.

Et d’abord il y a le collège qui s’avère un des rares pôles solides et non le point faible que dénoncent les médias. "Concernant l’action éducative, on montre qu’aux deux extrémités de ce qui devrait constituer une chaîne, il existe deux institutions fortes et instituées : le collège, d’une part, qui tente de « faire face » en assumant une action d’éducation spécialisée ; les équipes de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), d’autre part, qui touchent un nombre dérisoire de jeunes. Entre ces deux institutions fonctionnant à partir du contraint, quasiment aucune structure locale éducative n’existe durablement". L’action éducative est d’ailleurs handicapée par la surpopulation des logements.

Le rapport révèle également la division des différents acteurs. "Intégration ou insertion, quel projet de société ? Confrontés aux défaillances de l’institué, les intervenants tâtonnent pour fonder leur action. Mais il faut aussi prendre la mesure du processus de dégradation sociale que les analyses statistiques ont révélé, dont la dégradation des conditions d’insertion des jeunes n’est qu’une composante". C’est que des populations toujours plus pauvres se succèdent en ZUS remettant en question les efforts réalisés. Une réelle politique e la ville devrait donc d’une part offrir un projet politique mobilisateur et lutter contre le désarroi des acteurs.

Un extrait du rapport où l’on reparle opportunément de la Seine-Saint-Denis en 1998 :

2.3. École, orientation, désillusion

L’école, principale instance d’intégration, ne parvient manifestement pas à jouer son rôle faute d’investissement à la hauteur des difficultés vécues par la population. Le rapport Fortier, remis en février 1998 au ministère de l’Éducation nationale, établissait un diagnostic accablant de l’incapacité de l’institution à favoriser la réduction des inégalités dans le département de Seine-Saint-Denis. Alors que tout y est « plus difficile que nulle part ailleurs », l’Éducation nationale « entretient les discriminations au lieu de les corriger ».

Le rapport pointe les réussites scolaires plus que médiocres, les chiffres parlant d’eux-mêmes : en CM2, un tiers des enfants a une ou deux années de retard, 28 % des jeunes du département sortent de l’école sans diplôme, les taux de réussite aux examens y sont plus faibles que les moyennes nationales (46,4 % contre 61,3 % pour les bacs, 66,9 contre 77,9 pour les bacs pro par exemple). Alors que les enfants rencontrent des problèmes tels que la violence ou la malnutrition, l’absence d’adaptation des standards scolaires et les conditions d’accueil qui leur sont faites transforment l’obligation scolaire en une « sorte d’épreuve ».

Le département se caractérise par l’abondance de très grands établissements « générateurs d’anonymat et de violence » : il détient le triste record, après l’île de la Réunion, en termes de concentration de collèges de plus de 1 000 élèves. L’investissement pédagogique des équipes, salué par le rapport, ne peut combler l’insuffisance des moyens : 18 % seulement des collèges de la Seine-Saint-Denis sont alors classés en ZEP, les enseignants sont jeunes et inexpérimentés, avec une forte proportion de personnes auxiliaires. Enfin, certaines formations professionnelles très demandées n’étant pas accessibles dans le département, l’accès des élèves aux formations qualifiantes est barré, alors même qu’ils souhaitent s’y engager et ont les capacités pour le faire.

Le rapport qui dénonçait une situation, qualifiée de « bombe » par la presse, dans la mesure où elle risque « de créer des franges sociales totalement disjonctées du reste du corps social », préconisait un plan de relance sur 5 ans. Appuyé par de nombreuses manifestations d’enseignants et de lycéens, ce rapport a débouché sur un plan d’urgence, dont la teneur jugée trop faible a été vivement contestée tant par les syndicats d’enseignants que par les parents d’élèves.

Répondre à cet article