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Pour des raisons budgétaires, la ville de Lyon supprime les résidences d’artistes en maternelle de l’association "Enfance, Arts et Langage" dans les quartiers défavorisés

25 avril 2015

Depuis 2002, le dispositif Enfance, Art et Langages changeait le quotidien des écoles des quartiers défavorisés. Invoquant des contraintes budgétaires, la municipalité socialiste le fait disparaître, provoquant quelques protestations.

L’essayer c’est l’adopter, disait un slogan… Enfance Art et Langages fait partie de ces dispositifs qui font le bonheur de tout le monde. Parents, enseignants, Atsem, chercheurs, artistes plébiscitent depuis plus de dix ans cette expérience audacieuse, au croisement de l’éducation et de la culture. L’idée est simple : un artiste s’installe dans une école maternelle pour trois ans, à raison d’une dizaine d’heures par semaine pendant vingt semaines. Grâce à cette présence, et bien mieux que beaucoup de partenariats de papier, se tissent des échanges. Les familles, le personnel de l’école, les artistes, les équipements culturels de la ville sont réellement impliqués dans un projet commun.

Ces résidences d’artistes originales ont pris naissance en 2002, un an après la première élection de Gérard Collomb. A raison de huit écoles concernées par an, généralement implantées dans les zones d’éducation prioritaire, elles ont touché plus de 10 000 enfants de maternelle, souvent marqués par cette expérience. L’objectif est de les initier à l’art et la culture, d’offrir une alternative aux formes traditionnelles d’apprentissage, de stimuler l’imagination, la créativité, la confiance en soi…

L’essentiel de l’argent dépensé était consacré aux salaires des artistes représentant quasiment toutes les disciplines, et s’investissant souvent au-delà de l’horaire officiel. Le dispositif bénéficiait aussi du regard de plusieurs chercheurs au fil de conventions signées avec l’ESPE, l’IFE et l’université Lumière Lyon 2.

Des soutiens
C’est donc à l’aube du 3e mandat de Gérard Collomb, et à l’heure où l’Education nationale affiche la volonté d’agir en maternelle et auprès des publics défavorisés que cette aventure s’achève sur l’autel des restrictions budgétaires. Ce qui choque ceux qui ont pu l’apprécier.
En réaction, un collectif appelle à la mobilisation et affirme avoir reçu 150 courriers de soutien depuis début avril. Des écoles, des familles, des artistes, des chercheurs ont aussi écrit aux élus. « Arrêter ce dispositif, ou même le réduire, c’est clairement restreindre un potentiel incroyablement riche et fertile de développement, d’ouverture et de partage entre l’école, l’art et les familles », écrit une école du 8e arrondissement. « Il ne vous est pas étranger, en tant que politiques, que ces enfants issus de quartiers dit défavorisés ont un accès moins privilégié aux structures culturelles et qu’il est donc nécessaire pour eux comme pour nous d’opérer ce déplacement en leur direction ». « C’est vrai, l’art est inutile, mais tellement nécessaire », grince aussi une danseuse.
Dans un courrier daté du 3 avril, des chercheurs de plusieurs établissements de l’Université de Lyon plaident également le sursis : « L’expérience d’Enfance Art et Langages nourrit aujourd’hui plusieurs réponses à appels d’offre scientifiques pour lesquels des financements ont été demandés auprès du CNRS et de l’ANR (…) » assurent-ils. « Il nous semble important que la ville de Lyon prenne le temps d’étudier comment ne pas faire disparaître ce qui participe de son image d’innovation et d’originalité, tant en ce qui concerne la politique de la Ville qu’en ce qui concerne son rôle de métropole scientifique ».

Changement de politique
De quoi faire pencher la balance ? La ville a attendu le plus longtemps possible pour annoncer officiellement – et le plus discrètement possible – la disparition. C’est début avril, lors de la présentation des travaux de recherche du sociologue Jean-Paul Filiod, en présence de nombreux enseignants et artistes, que la question n’a pu être éludée. Mais elle mûrit sa décision depuis décembre.

L’argumentaire municipal met en avant les contraintes budgétaires et la faible contribution de l’Etat. C’est une réalité : au fil des années, la collectivité a supporté une part plus grande des dépenses, même si l’Europe est récemment arrivée parmi les partenaires avec le programme Comenius Regio et Cartable d’Europe. En 2014, sur un budget annuel de 285 000 euros, la ville versait 225 000 euros et l’Etat seulement 40 000. Elle subit par ailleurs une diminution des crédits d’Etat sur le volet « Projets de réussite éducative ». Entre 2014 et 2015, ils ont baissé de 768 000 euros à 520 000 euros. Or, dans le même temps, la municipalité annonce un surcoût à charge de cinq millions pour la mise en place de la réforme des rythmes scolaires.

Depuis cette réforme, mise en place à contre-cœur par le maire de Lyon, la nouvelle adjointe à l’éducation Anne Brugnera ne cesse de rappeler la nécessité de faire des économies. A l’automne, la chaine de télévision éducative Cap Canal a été vendue à un éditeur marocain, au printemps, on a appris que l’internat Fabre qui accueillait des élèves en grande difficulté va fermer. Ici et là, on annonce un moindre financement pour les projets d’écoles ou ceux liés à la parentalité… A Lyon, la fin d’Enfance Art et langages signe aussi la fin d’une époque.

Muriel Florin

Extrait de touteduc.fr du 24.04.15 : La ville de Lyon supprime les résidences d’artistes en maternelle

 

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