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La Cour des comptes estime que la formation continue des enseignants n’est pas suffisamment adaptée à leurs besoins. Les réactions du SNUipp et de Claude Lelièvre

15 avril 2015

La Cour des comptes rend public, le 14 avril 2015, un référé sur la formation continue des enseignants. Les enseignants de l’éducation nationale ne sont pas dans une situation aussi favorable qu’elle pourrait le paraître en matière de formation continue, en comparaison avec les autres agents de catégorie A, aussi bien qu’avec leurs homologues étrangers.

La Cour estime que la formation continue, avant tout conçue comme un vecteur de mise en œuvre des réformes pédagogiques, n’est pas utilisée par le ministère de l’éducation nationale comme un véritable levier de gestion des ressources humaines.
Par ailleurs, l’offre de formation devrait être mieux adaptée aux besoins des enseignants tout au long de leurs carrières.
Enfin, certains risques budgétaires pourraient être réduits et la qualité de la gestion améliorée.
La Cour formule trois recommandations.

Recommandation n° 1 : établir un lien plus étroit entre le parcours de formation des enseignants et les caractéristiques de leurs postes d’affectation et, à cet effet, améliorer le suivi statistique et individuel du parcours de formation des enseignants ;

Recommandation n° 2 : comme prévu dans les programmes budgétaires du MENSR, veiller à ce que l’offre de formation continue des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) soit effective, et qu’elle soit adossée à la recherche universitaire et construite en lien étroit avec les besoins concrets exprimés par les enseignants et les corps d’inspection ;

Recommandation n° 3 : respecter la réglementation en vigueur sur les frais de déplacement des enseignants participant à la formation continue, en dégageant si nécessaire les crédits par redéploiement.

Extrait de ccomptes.fr du 14.04.15 : La formation continue des enseignants

 

EXTRAITS

S’ils ont bénéficié de plus de 730 000 journées de formation dans le premier degré et de plus de 970 000 journées de formation dans le second degré au cours de la dernière année scolaire, les enseignants de l’éducation nationale ne sont pas dans une situation aussi favorable qu’elle pourrait le paraître en matière de formation continue. Ils suivent, certes, en -moyenne trois jours et demi de formation par an, soit à peu près autant que les autres agents de la fonction publique d’État.
Cependant, ce niveau est sensiblement inférieur à celui des seuls agents de catégorie A, pour lesquels la moyenne annuelle est supérieure à quatre jours de formation.

En outre, les enseignants français bénéficient de moitié moins de jours de formation que leurs homologues étrangers : la moyenne est de huit jours dans les pays membres de !’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2013

Par ailleurs, les enquêtes conduites par les organisations internationales comme par les organisations syndicales révèlent un scepticisme, très majoritaire parmi les enseignants, sur l’aide que leur apportent ces formations dans leur travail quotidien.

Le coût de cette politique, quoique difficilement isolable, n’est pas négligeable : le chiffrage de la dépense associée à la politique de formation continue n’est pas de lecture directe dans les documents budgétaires, mais le calcul, établi en réponse à l’enquête interministérielle de la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), à quelques
approximations près, permet d’estimer ce coût annuel à un peu plus d’un milliard d’euros (1,07 Md€ en 2012).

1. La formation continue pourrait être un outil de gestion des ressources humaines
La formation continue, avant tout conçue comme un vecteur de mise en oeuvre des réformes pédagogiques, n’est pas utilisée par le ministère comme un levier de gestion des ressources humaines : aussi bien l’organisation administrative, que les manques constatés dans /’évaluation des besoins des enseignants et dans le suivi du parcours de formation y font obstacle.

Alors que la formation continue de tous les autres corps du ministère est du ressort de la direction générale des ressources humaines (DGRH), celle des enseignants relève à titre principal de la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), comme si elle constituait un élément détachable du reste de la gestion des ressources humaines. De fait, la prise en compte de la formation continue dans le parcours de carrière des enseignants, hormis lorsqu’ils accèdent à des fonctions d’encadrement, est quasiment inexistante. Seule la préparation de l’agrégation par la voie interne peut conduire, en cas de succès, à une évolution de leurs conditions d’exercice du métier.

Les réflexions en cours sur le cadre réglementaire définissant les modalités d’évaluation des enseignants devront permettre d’organiser l’appréciation régulière de leur besoin en formation. Aujourd’hui, compte tenu des conditions particulières de l’évaluation des enseignants, par un personnel d’inspection et à une fréquence irrégulière (en moyenne, tous les trois à quatre ans dans le premier degré et jusqu’à sept ans dans le second degré), il n’existe pas d’entretien annuel de formation pour les enseignants, alors même que la loi n° 2007-148 du 2 février 2007 de modernisation de la fonction publique a généralisé sa mise en oeuvre dans tous les ministères et pour toutes les catégories de personnel.

Un suivi individuel des formations dont bénéficient les enseignants serait par ailleurs un préalable nécessaire à leur prise en compte dans leurs évolutions de carrière. Pourtant, en l’état actuel des systèmes d’information du ministère, il n’est pas possible de retracer le parcours de formation des enseignants, en particulier lorsqu’ils sont amenés à changer d’académie d’affectation. Ce suivi statistique doit être amélioré, afin que les académies disposent d’une connaissance fine du niveau de participation des enseignants aux actions de formation et qu’elles soient ainsi en mesure de déterminer les priorités sur lesquelles concentrer la politique de formation continue.

Enfin, l’utilisation de la formation continue au service du développement professionnel des enseignants impliquerait d’élargir sa cible au-delà de l’accompagnement des réformes et de la préparation des concours internes (en particulier, l’agrégation), afin de permettre un accompagnement des enseignants tout au long de leur carrière, depuis le développement actif de compétences pendant les premières années du métier jusqu’à une phase de consolidation professionnelle, puis de valorisation de l’expérience acquise.

Les dispositifs de congé pour formation professionnelle devraient aussi avoir pour but, ainsi que les textes le
prévoient, d’accompagner les réorientations de carrière et de soutenir des projets professionnels atypiques.

Il. L’offre de formation continue devrait être adaptée aux besoins, à mi-chemin entre le monde enseignant et l’université

À ta suite de ta mise en place des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), le ministère doit s’assurer que tes rectorats sont en mesure de piloter la constitution d’une offre de formation correspondant aux besoins des enseignants.

Le code de l’éducation prévoit que les ESPE, mises en place depuis la rentrée 2013, « participent » à la formation continue des enseignants et des personnels d’éducation et, à
cet effet, « organisent des actions de formation continue des personnels enseignants des premier et second degrés ». La circulaire de rentrée pour l’année scolaire 2013-2014 qualifie
même les ESPE d’ « opérateur privilégié » de la formation continue et leur rôle dans « la formation continue au numérique » est mis en avant dans la circulaire de rentrée pour
l’année scolaire en cours.

L’offre des ESPE reste cependant à construire dans ce domaine, tant elles se sont concentrées jusqu’à présent sur l’établissement de leur gouvernance et sur l’élaboration de
leur maquette de formation initiale à destination des nouveaux enseignants. Pour ce qui est de la formation continue, les conventions progressivement signées, dans chaque académie,
entre le recteur et l’ESPE, spécifient le rôle et la contribution de chacun en emplois et en crédits. À ce jour, de nombreuses modalités de coopération possibles sont envisagées.

Dès lors, l’enjeu pour le ministère et les académies est de faire en sorte que les ESPE construisent une offre pertinente dans le paysage préexistant de la formation continue, en les incitant à adopter un positionnement à égale distance des universités et du monde enseignant. Il importe, en particulier, que l’articulation entre recherche en sciences de l’éducation, formation et acte pédagogique soit incluse dès le cahier des charges de toute
action de formation, afin d’assurer le dialogue entre les acteurs de terrain et les chercheurs et la diffusion des expérimentations réussies.
Les ESPE ont également un rôle à jouer pour
instaurer une réelle continuité entre la formation initiale et la formation continue et pour favoriser le développement de modules de formation en ligne.
Dans ce contexte, les académies doivent continuer à se doter d’outils d’évaluation des actions de formation pour s’assurer de la qualité et de l’adéquation des formations proposées aux besoins concrets des enseignants, relayés par les corps d’inspection.

Ill. Les risques budgétaires pourraient être réduits et la qualité de la gestion améliorée [...]

 

L’Education nationale ne pourra plus faire l’impasse sur la formation continue. Alors que les nouveaux programmes rendent celle-ci indispensable, la Cour des comptes vient ajourer une contrainte légale. C’est un référé que publie le 14 avril la Cour des comptes à propos de la formation continue des enseignants. En usant de cette formule, la Cour invite les parlementaires à s’emparer de la question et à agir. Voilà la ministre mise en demeure de respecter la réglementation et d’utiliser de meilleure façon une formation continue dont tout le monde sait dans l’éducation nationale qu’elle est notoirement insuffisante.

Extrait de cafepedagogique.net du 15.04.15 : L’Education nationale sommée de revoir sa formation continue par la Cour des comptes

 

Alors que la Cour des comptes s’alarme de la faiblesse de la formation continue dans l’Éducation nationale, pour le SNUipp-FSU, faire évoluer les pratiques professionnelles et transformer l’école suppose de mettre le paquet sur la formation continue des enseignants. Alors oui, il y a urgence !

[...] Ce nouveau rapport appelle, plus que jamais, le ministère à prendre à bras le corps le sujet de la formation continue, comme l’a encore demandé le SNUipp-FSU lors du dernier CSE du 10 avril. Il ne suffit pas de multiplier les annonces ou d’empiler les décrets pour faire avancer l’École. Encore faut-il accompagner les enseignants en développant la leur formation continue. Or, la formation, notamment continue, reste bien le grand mystère de la politique éducative actuelle : le ministère en parle beaucoup, les enseignants ne voient rien venir. Comment, dans n’importe quel métier aujourd’hui, oserait-on faire croire à une refondation sans formation continue ? C’est pourtant le tour de passe-passe auquel nous assistons depuis plus de deux ans. Deux à trois heures d’animations pédagogiques par ci, un parcours m@gistère en ligne par-là, et hop, maintenant, nous voilà prêts pour changer l’école !

[...] La vraie refondation de l’école, ce doit être celle de la formation continue. C’est la ligne adoptée par tous les pays qui ont réformé avec succès leur système éducatif. C’est cette voie que notre pays doit absolument emprunter au plus vite. Sinon, rien ne bougera et on demandera encore aux enseignants de tout porter sur leurs épaules et de se débrouiller tout seul avec le risque de créer du découragement. La formation continue, c’est ce qui permet aux enseignants de réactualiser leurs connaissances sur les apprentissages des élèves, de faire évoluer les pratiques professionnelles, de travailler autrement. Formation continue, il y a urgence. ]

Extrait de SNUipp.fr Formation continue. Oui, il y a urgence

 

C’est ce que préconise très fermement un référé de la Cour des comptes publié le 14 avril, en remarquant que les enseignants des pays de l’OCDE ont en moyenne 8 jours de formation continue par an contre seulement 3,5 jours en France.

Et pourtant, il fut un temps, du moins dans le primaire, où la France n’était pas en reste, loin s’en faut. Elle était en effet bien partie, et ‘’au quart de tour’’, après un accord historique conclut en mars 1972 entre le ministère de l’Education nationale et le Syndicat national des instituteurs ( FEN ).

[...] On comprend, après ce passé qui n’est pas un passif, que c’est dans le primaire que s’exprime le plus fort la revendication de revoir et d’amplifier nettement la formation continue des enseignants, compte tenu en particulier de la refondation de l’Ecole en cours.

Et on ne sera pas autrement surpris, par exemple, de trouver aujourd’hui sur le site du SNUipp, cette conclusion : « La vraie refondation de l’école, ce doit être celle de la formation continue.

[...] Compte-tenu de l’importance et de l’ampleur du sujet, il devrait être clair qu’il relève ( par delà les attribution du ministère de l’Education nationale) du plus haut sommet de l’Etat (du Premier ministre et du Président de la République).

Extrait de blog.educpros.fr/claudelelievre du 15.04.15 : Formation continue des enseignants : à revoir

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