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Gérard Mauger : le monde des jeunes des cités n’est pas homogène

14 novembre 2005

Extrait de « L’Humanité » du 12.11.05 : Quels débouchés à la révolte ?

Entretien.

Pour le sociologue Gérard Mauger, le désespoir n’est pas inéluctable. Tout est affaire de mobilisation politique.
Gérard Mauger est directeur de recherche au CNRS, directeur adjoint du Centre de sociologie européenne (CSE). Ses recherches ont porté sur la jeunesse, la déviance, les pratiques culturelles et les intellectuels (1).

(...)

Entre les jeunes qui occupent la rue et ceux qui tentent de s’intégrer dans le système social, notamment les filles, la rupture est-elle consommée ?

Gérard Mauger. On aurait bien tort de mettre tous ces jeunes dans le même sac ou, plus précisément, de mandater une partie d’entre eux pour représenter le tout (les dealers pour les uns, les « promotions ZEP » de Sciences-Po pour les autres). Il faut rappeler que le monde des jeunes des cités n’est pas homogène : dans les clivages observés entre garçons et filles, salariés et chômeurs, délinquants et conformes, religieux et agnostiques, français d’origine et enfants d’immigrés, etc. Les classements déterminants sont sans doute ceux qu’opère le système scolaire. Mais si cet univers est divisé, il peut également se découvrir solidaire. Si tous ces jeunes n’ont pas le même avenir de classe, ils partagent, en effet, des origines populaires : familiales (l’inégale réussite scolaire traverse souvent les fratries et a fortiori les familles élargies), scolaires (ils ont fréquenté la même école, le même collège, etc.) et spatiales (ils ont vécu dans la même cité).

Par ailleurs, parce que la ségrégation sociale est aussi spatiale, ces « cités dont on parle » ont peu à peu regroupé les familles populaires paupérisées qui sont aussi pour la plupart des familles immigrées. Quels que soient les écarts de condition et d’avenir qui séparent les jeunes des cités, ils sont les victimes indifférenciées de cette ségrégation sociale et spatiale, des contrôles d’identité au faciès, de la discrimination (à l’embauche, au logement, etc.) et du racisme ordinaire. La stigmatisation, l’insulte, le racisme ne peuvent que restaurer une solidarité pourtant mise à mal pour de multiples raisons.

(...)

Entretien réalisé par Lucien Degoy

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