Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
Extrait de VousNousIls.com du 08/115 : Ramener l’âge de l’apprentissage à 14 ans, les syndicats se disent atterrés
La proposition lundi soir du Premier ministre Dominique de Villepin, de ramener l’âge de l’apprentissage à 14 ans au lieu de 16 ans pour les enfants ayant le plus de difficultés scolaires a immédiatement suscité le rejet des syndicats enseignants.
"Lamentable", scandaleux", "consternant", ont aussittôt affirmé les responsables des deux principales organisations du secteur.
"Je suis atterré. C’est lamentable. Loin d’améliorer la situation, cela va enfoncer encore plus les jeunes en situation de précarité, les mettre à l’écart de toute possibilité de vraie qualification et d’emploi", a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri.
"Le gouvernement veut accentuer le tri social, condamner définitivement à l’exclusion les jeunes les plus en difficulté. Et quand on sait que le problème principal de l’apprentissage, c’est la difficulté pour les jeunes issus de l’immigration de trouver des stages, c’est encore plus lamentable", a-t-il encore déclaré.
Le leader de la FSU a également déploré que "rien, pas un mot n’ait été dit sur la prévention de l’échec et l’amélioration des conditions de réussite des jeunes en difficulté".
A l’Unsa-Education, le son de cloche a été le même : "C’est scandaleux. On condamne des jeunes à un double enfermement, on leur assigne des tâches répétitives et dévaluées et on réduit toute possibilité d’emploi qualifié. Dès 14 ans, on pratique la ségrégation scolaire et sociale. C’est l’exact contre-pied de ce qu’il faudrait faire", a déclaré à l’AFP, le secrétaire général de la deuxième fédération de l’enseignement, Patrick Gonthier.
Par ailleurs, le secrétaire général du Syndicat d’enseignants de l’Unsa, Luc Bérille, s’est dit "consterné". "C’est la réponse la plus rétrogade qu’on puisse imaginer. Proposer aux jeunes en relégation sociale la relégation scolaire, c’est prouver qu’on n’a rien compris à la situation", a-t-il dit à l’AFP. "C’est d’autant plus consternant que ces déclarations sont faites à la veille de l’installation du Haut conseil qui doit définir le contenu des connaissances à maîtriser en fin de scolarité obligatoire, c’est à dire à 16 ans et certainement pas à 14", a-t-il ajouté.
La réaction des syndicats enseignants, qui non seulement se sont toujours déclarés très réticents vis à vis de l’apprentissage mais qui réclament au contraire que la scolarité obligatoire puisse être portée à 18 ans, était prévisible.
En effet, s’ils admettent que des formations de haut niveau puissent être assurées par le biais de l’apprentissage, ils ont toujours rejeté ce sytème pour les formations courtes, considérant qu’il "ne servait que les besoins immédiats du patronat". Or l’essentiel des formations en apprentissage (211.029 sur un total de 342.000 jeunes de 16 à 25 ans sous ce statut) concernent justement ces niveaux les plus bas.
Par ailleurs, les deux autres propositions du Premier ministre en matière d’éducation, "multiplier par trois les bourses au mérite et les internats d’excellence" pour les enfants de quartiers difficiles ayant le plus de capacités, n’ont suscité à la FSU comme à l’Unsa qu’un "grand scepticisme".
Source AFP