> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. prior. Formation(s) et colloques > Educ. prior. Formations nationales Dgesco et Ih2ef > Séminaire professionnel OZP 2014 : Les leviers de la refondation. (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Séminaire professionnel OZP 2014 : Les leviers de la refondation. Intervention de Marc Bablet, chef du bureau de l’éducation prioritaire

19 décembre 2014

7ème Séminaire professionnel OZP, 13 décembre 2014
La mise en œuvre des leviers de la refondation de l’éducation prioritaire

 

INTERVENTION DE MARC BABLET
chef du bureau de l’Education prioritaire

Note : Nous remercions Marc Bablet d’avoir accepté d’introduire ce séminaire, Béatrice Gille, rectrice de l’académie de Créteil, étant indisponible.

Le propos de Marc Bablet s’est organisé autour de la cohérence de la refondation de l’éducation prioritaire dans sa mise en œuvre, des moyens qui lui sont alloués, de la nouvelle carte et s’est conclu sur ce qui est déterminant en éducation : la pédagogie.

« Tous les élèves peuvent progresser dans une une école qui ne stigmatise pas les difficultés mais qui accompagne pédagogiquement tous ses enfants. » La base de la refondation de l’école est dans cette phrase, affirme Marc Bablet en ouverture de ce séminaire, rappelant que l’éducation prioritaire s’inscrit dans la refondation de l’école dans son ensemble.

Sa mise en œuvre a commencé dès la rentrée de septembre 2014 avec de nouveaux dispositifs, auxquels le pilotage national est attentif. Même si l’urgence ne doit pas être celle qui stresse mais celle qui stimule, il importe que le niveau national puisse apprécier sans tarder comment les équipes sur le terrain s’emparent de ces changements. C’est par des échanges et du dialogue avec les acteurs que devront s’exprimer aussi bien les avancées que les freins, dans la perspective de réajuster, d’accompagner, d’expliciter et de d’affiner aux mieux les conditions de la réussite.
Ces évolutions, ces changements se sont appuyés essentiellement sur la circulaire du 4 juin 2014, le référentiel, la recherche et les travaux de la recherche. L’édifice se veut cohérent.
Pourtant, on sait que la réussite dépend d’abord des pratiques. Comment l’accent mis sur les pratiques s’est-il traduit dans la refondation de l’éducation prioritaire ? Marc Bablet fait référence à plusieurs textes officiels.

- Celui sur la formation des enseignants et notamment le texte du référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation, qui précise bien que tout professionnel est un professionnel des apprentissages et de l’éducation. L’évaluation et la consultation sur le socle ont permis de constater que les enseignants sont préoccupés par cette question qui leur permet d’être au cœur des apprentissages. L’élève est pris dans sa globalité, comme un adulte en devenir.

- Le texte sur la relation écoles-parents , qui est particulièrement concentré sur la difficulté des parents à comprendre le sens de l’école. Cette circulaire précise les leviers d’action qui doivent permettre de privilégier la relation avec les parents, notamment avec ceux qui sont le plus éloignés de l’école.

- Et enfin, le décret paru en novembre sur le suivi et l’accompagnement pédagogiques des élèves, qui concerne le redoublement et qui clôture la liste des textes reflétant bien l’idée d’une refondation de l’école attentive aux pratiques pédagogiques.

En ce qui concerne les moyens de l’Éducation prioritaire et l’utilisation qui en est faite, Marc Bablet souligne que le rapport de la MAP (Modernisation de l’Action Publique) en 2013 insistait particulièrement sur l’idée que ce n’était pas tant les moyens alloués qui sont déterminants mais l’usage qui en est fait.

Les moyens sont centrés sur :
La formation : elle est décisive d’où le travail important mené sur les ESPÉ. L’école a aujourd’hui besoin d’enseignants formés et bien formés mais il faut du temps pour reconstruire ce qui a été remis en question auparavant.
La hausse de la démographie, importante jusqu’à la rentrée 2015, nécessite également des moyens. La courbe s’infléchira par la suite.
Il y a aussi les 18 demi-journées dans le primaire et la pondération dans le secondaire.
Au total, en 2012, 1 milliard 81 millions d’euros étaient dégagés pour l’éducation prioritaire. Ce sont maintenant 352 millions de plus qui vont lui être alloués. C’est un effort qui a du sens pour l’avenir.
Ajoutons enfin que la refondation de l’éducation prioritaire bénéficiera de la réforme des programmes et du socle dont un travail de réécriture est en cours.

Marc Bablet oriente ensuite son propos vers la carte de l’Éducation prioritaire en précisant que la volonté a été de travailler sur des données aussi objectives que possible pour identifier de manière précise et plus juste les zones de difficulté. Une diversité d’indicateurs ont été pris en compte : les indicateurs sociaux, ceux de l’éducation nationale (retards d’entrée en 6e, taux de boursiers), les indicateurs disponibles de l’Insée (revenu médian, taux de chômage, de personnes sans diplôme), et la mise en cohérence avec la politique de la Ville (pourcentage d’enfants résidant en ZUS).

Aujourd’hui, après quatre mois de mise en place, des avancées et des difficultés sont observées. En ce qui concerne le pilotage, Marc Bablet reconnaît qu’il faudra clarifier certains points comme la pondération, qui est un sujet de crispation entre le pilote et les équipes enseignantes. Cela pose aussi des questions comme : Qu’est-ce que "faire autorité" ? comment pilote-t-on ?.
Cependant, le travail avec l’ensemble des corps chargés de faire évoluer le système semble être en phase avec l’éducation prioritaire. Le pilotage académique, le travail avec le territoire et le rôle des coordonnateurs semblent bien inscrits dans les REP+. En revanche, le temps de travail collectif reste une difficulté.

La formation s’appuie sur le Centre Alain Savary et sur les universitaires. Depuis la rentrée, ce sont 102 acteurs qui ont été formés. Au regard des difficultés rencontrées par ces nouveaux formateurs, les pilotes doivent à la fois garantir leur intégration dans des dispositifs existants et les accompagner afin qu’ils puissent trouver leur place et jouer leur rôle auprès des équipes de circonscription comme des équipes enseignantes. Ce dispositif de formation est au stade de la construction, souligne Marc Bablet, et son évaluation n’interviendra que dans quatre ans, tout comme la révision de la carte qui sera effectué à la même période. Il faut donc prendre le temps, s’inscrire dans la durée, viser la cohérence et la convergence des actions éducatives.

En conclusion est abordée la question des apprentissages. Il faut de l’"exigence", résume Marc Bablet, celle qui vise la réussite de tous, et cette exigence s’applique à la pédagogie et aux pratiques. Pour cela, le référentiel est un outil sur lequel il est indispensable de s’appuyer.

 

DEBAT

Q - Comment ont été recrutés les formateurs ?
M.B. - Les recteurs sont intervenus dans le choix de personnes qui avaient les compétences pour devenir formateurs. Ce peut être des professeurs en classe, des formateurs en place, des responsables CAREP et des conseillers pédagogiques, tous investis de la mission d’accompagnement de l’éducation prioritaire. Les recteurs vont recevoir très vite le profil de poste à recruter pour la prochaine rentrée.

Q - Quel est l’avenir des CAREP ?
M.B. - Il n’y avait aucune volonté politique d’aller vers des centres de ressources ; cependant, dans certaines académies, on voit des CAREP qui se renforcent. Cette espace doit être un centre de ressources « humain » parce que beaucoup de documents numériques existent par ailleurs. En revanche, nous attendons des formateurs qu’ils puissent accompagner les équipes vers les centres de ressources existants comme Canopé ou le centre Alain Savary. Ils doivent leur permettre de s’emparer de ces ressources pédagogiques.

Q - Et en ce qui concerne les Espé ?
M.B. - Ils doivent répondre aux grands enjeux que l’on trouve dans le référentiel. Pour cela, il faut prendre le temps parce que tout est à faire. Mais nous porterons l’idée que la diversité dans l’appréhension des apprentissages est fondamentale.

Q - L’Éducation prioritaire va-t-elle concerner les lycées ?
M.B. - Aujourd’hui, ils se mettent en grève parce qu’ils ne savent pas ce qui va se passer mais aucune décision ne sera prise dans l’immédiat. Une réflexion est menée actuellement sur ce sujet, sur les contenus également en ce qui concerne la classe de seconde, l’explicitation, etc.

Q - Entre REP et REP+, quelles sont les nouveautés ?
M.B. - Plusieurs dispositifs seront renforcés à la rentrée 2015 et s’accroîtront aux prochaines suivantes.
Cela concerne d’abord le dispositif « plus de maîtres que de classes », qui a été plutôt très bien accueilli. Il doit permettre de répondre aux conditions de la réussite dans les différentes manières de faire.
Ensuite, l’accueil des moins de de trois ans, qui nécessite que l’on interroge à la fois du sens et du contenu de cet accueil précoce.
Enfin, l’accompagnement continu en classe de 6e qui est décisif pour la suite de la scolarité. Marc Bablet précise qu’il ne s’agit absolument pas de réduire ce dispositif à une aide aux devoirs mais davantage de réfléchir à la manière dont il faut accompagner un élève en 6e qui présente des difficultés. Il faut penser la pédagogie de cet accompagnement.
L’accueil des familles, le travail à conduire auprès des collectivités territoriales sont des questions tout aussi déterminantes.
Un autre enjeu important est la possibilité que le terrain aura de procéder à des réajustements en fonction des freins et des avancées.

Q - En ce qui concerne la carte, il y a des cas de figures difficiles à comprendre
M.B. - Les indicateurs peuvent être parfois discutables, on a tenté de faire au mieux mais nous savons que certaines situations crispent les équipes enseignantes qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.
La logique de réseau a été respectée. Si un collège est maintenant confronté à moins de difficultés que certaines des écoles qui relevaient de son réseau, ces écoles seront soutenues.

Q - Quelle reconnaissance pour le coordonnateur dans ses nouvelles fonctions ?
M.B. - Leur rôle est clairement reconnu mais il y a certainement un travail à conduire pour aller plus loin. Un travail est en cours avec la direction des ressources humaines pour les professions à profil particulier exerçant en éducation prioritaire. Ce sera présenté à la rentrée 2015.

Q - Comment rapprocher les parents éloignés de l’école ?
M.B. - La circulaire sur la relation avec les parents est très explicite concernant les relations avec les familles mais on sait que c’est loin d’être facile. Faire comprendre aux parents qu’ils sont les bienvenus dans l’enceinte scolaire, qu’ils sont les premiers éducateurs de leurs enfants et que nous pouvons faire ensemble, chacun de sa place et dans son rôle, sont essentiels. Et pour cela, il faut travailler avec les partenaires.

Compte rendu rédigé par Brigitte d’Agostini

Répondre à cet article