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EXCLUSIF Entrevue de l’OZP avec Eric Tournier, conseiller chargé de l’éducation prioritaire au cabinet de Najat Vallaud Belkacem. Le compte rendu détaillé

4 décembre 2014

Une délégation de l’OZP a été invitée le 2 décembre à une rencontre au ministère avec Eric Tournier, conseiller chargé de l’éducation prioritaire au cabinet de Najat Vallaud-Belkacem.
Cet entretien s’est déroulé dans une atmosphère cordiale et a permis à notre interlocuteur de répondre aux nombreuses questions de l’OZP.

Le calendrier des annonces
La ministre présentera à la mi-décembre la nouvelle carte de l’éducation prioritaire. Elle comprendra la liste des écoles en REP+. La liste des écoles en REP sera publiée les jours suivants.
En même temps que la nouvelle carte, la ministre présentera les principes et les critères de l’allocation des moyens proportionnelle aux difficultés sociales et scolaires des établissements. Cette nouvelle modalité de répartition, qui devra être rôdée, permettra d’éliminer les effets de seuil entre territoires dans et hors éducation prioritaire.

Le rôle déterminant des pilotes académiques et locaux
Nous avons retenu de cet entretien le rôle décisif des pilotes académiques (recteur et Dasen) dans la mise en œuvre de la refondation. Cela a d’abord concerné la carte de l’éducation prioritaire (REP+, REP et sorties de ZEP, ajustement avec la politique de la Ville) : les critères retenus ne sont pas des automatismes, la concentration de situations de précarité n’est bien connue qu’au niveau local. Or ces situations sont beaucoup plus clivantes que le simple % de catégories dites défavorisées (l’OZP préfère parler de classes populaires).

La mise en œuvre de l’allocation des moyens proportionnelle aux difficultés sociales et scolaires des établissements (ou allocation progressive des moyens).
L’outil qui servira pour la répartition au niveau national entre les académies sera à la disposition des recteurs et pourra être dupliqué au niveau des départements, des communes, mais aussi des quartiers pour une répartition fine. C’est à ce niveau et grâce à cet outil que seront prises en compte les situations des écoles et collèges non reconduits dans le nouveau dispositif. Les instances académiques pourront décider le maintien de réseaux écoles-collèges, hors éducation prioritaire, la fonction de coordonnateur étant conservée.

Ce sont aussi ces pilotes qui auront un rôle déterminant dans la définition des fonctions des personnes ressources spécifiques à l’éducation prioritaire (maîtres en plus, professeurs référents, coordonnateurs de niveau) affectées dans les réseaux. Leurs missions seront définies dans le cadre des projets de réseau. Seules les fonctions de coordonnateur d’éducation prioritaire resteront identifiées au niveau national.

Ce rôle sera encore plus déterminant pour l’utilisation du temps de service affecté au travail collectif et à la formation (1h30 par enseignant en collège et 18 demi-journées dans les écoles). L’OZP a exprimé des craintes devant le risque d’une interprétation laxiste de la phrase de la circulaire sur ce temps « qui n’a pas vocation à être comptabilisé ». L’évolution vers un exercice plus collectif du métier pourrait en être compromise.
Le comité de pilotage composé du cabinet et de la DGESCO travaille sur cette question qui représente un « enjeu énorme ». Pour l’instant, le système semble bien fonctionner dans le primaire (cela correspond à sa culture professionnelle), grâce aux IEN, qui ont pu régler le problème du remplacement et de la formation.
C’est manifestement plus compliqué dans le secondaire.
On attend des remontées du terrain pour préciser et articuler les initiatives prises dans les premier et second degrés dans le cadre d’un réseau.

Le pilotage académique
L’OZP insiste pour que le pilotage national soit effectif et qu’au niveau académique le référent éducation prioritaire soit bien identifié par tous les acteurs, ce qui n’est pas encore le cas.
La DGESCO réunit régulièrement les correspondants et référents académiques. Des binômes associant un « gestionnaire » et un « pédagogue », par exemple un DASEN ou DASENA et un IA-IPR, sont souhaitables.

Y-aura-t-il des lycées en éducation prioritaire ? (l’OZP rappelle qu’il n’est pas favorable à cette extension)
La question est posée mais n’est pas d’actualité dans le cadre de publication de la nouvelle carte. Il faut tenir compte aussi des différents labels attribués dans le cadre du plan Espoir banlieues, qui sont encore opérants. Une décision sera prise ultérieurement.

L’effort supplémentaire en direction de l’Education prioritaire
Il est estimé à 350 millions d’euros, 100 pour les indemnités, 220 pour les postes et 30 pour la formation. Ces moyens supplémentaires devraient permettre, avec l’allocation progressive des moyens, d’éviter les « effets de seuil ».

Les inquiétudes de l’OZP sur le fonctionnement des ESPE, « laminés par les interventions des universitaires »
Les ESPE sont jeunes. La ministre leur a fait des recommandations. La solution passe par une modification des programmes de concours, seul moyen vraiment à la main du Ministère face à l’autonomie de ces structures de formation.

L’éducation prioritaire, laboratoire d’innovation
L’OZP rappelle à ce propos l’importante base de données d’actions innovantes qu’il a mise en ligne et qu’il continue à alimenter depuis plusieurs années.
Le cabinet est sensible à la fonction traditionnelle d’innovation de l’éducation prioritaire et souhaite qu’elle continue à s’exercer, notamment à partir des initiatives et impulsions locales.
Il souligne également le rôle essentiel du référentiel [que l’OZP a soutenu, NDLR] dans le pilotage et la vie des réseaux.
Il souhaite enfin que les IPR référents jouent un rôle plus important en éducation prioritaire.

L’OZP favorable à une relance des CAREP, pour rompre l’isolement des réseaux et des personnels spécifiques, travailler en réseau avec le Centre Alain Savary sur la formation, aider au repérage de formateurs académiques et éventuellement utiliser les compétences des coordonnateurs expérimentés.
Eric Tournier est favorable à cette relance qui ne pourra être examinée qu’après la phase de préparation de la rentrée Une masse critique de réseaux est par ailleurs nécessaire pour créer ou développer un centre de ressources dans une académie.

L’OZP souhaite l’organisation de journées nationales, pour donner de l’éclat à la refondation, mobiliser les cadres…
Eric Tournier répond qu’il y a eu la réunion des 102 réseaux préfigurateurs à la Sorbonne et qu’une nouvelle réunion pourrait être envisagée avec les 350 REP+. L’OZP insiste sur l’impact politique que pourraient avoir des journées nationales et reposera la question à la ministre qu’il demandera à rencontrer après son séminaire du 13 décembre.

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