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" Que "perd" une école qui sort de ZEP ?", une note de François-Régis Guillaume, membre du bureau de l’OZP

2 décembre 2014

Que « perd » une école qui sort de ZEP ?

Pour une fois que l’éducation prioritaire fait l’objet de débats, presque quotidiens, dans la presse, on devrait se réjouir. Mais ces débats ne portent pas sur la mise en œuvre et les conditions de réussite d’une éducation prioritaire refondée et atteignant enfin ses objectifs ! Ils sont déclenchés par les protestations contre les « sorties de ZEP ».

Ces protestations sont centrées sur le nombre d’élèves par classe, avancent que celui-ci devrait connaître une augmentation catastrophique et oublient le plus souvent ce qui est l’essentiel de l’éducation prioritaire refondée.

Le nombre d’élèves par classe :
1 - L’écart entre les REP et les autres écoles est de deux élèves par classe (entre 3 et 4 pour les REP+). Donc les alarmes prédisant un passage de 22 à 30 élèves par classe dans les écoles sont sans fondement.

2 - Mais surtout, l’attribution des moyens « proportionnelle à la difficulté sociale » supprimera les effets de seuil entre écoles selon qu’elles font partie ou non de l’éducation prioritaire. La ministre vient d’annoncer qu’elle s’appliquerait dès Janvier 2015 avec effet à la rentrée de septembre.
Alors certains demandent : Si "sortir de l’EP, ça ne va rien changer", pourquoi les faire sortir ?

Que perd donc une école qui n’est pas reconduite dans le nouveau dispositif de l’éducation prioritaire refondée ?

L’éducation prioritaire refondée n’est plus dans la logique du « donner plus à ceux qui ont moins » mais dans la logique « de faire plus et mieux pour ceux qui sont menacés par la relégation sociale ». Les moyens de l’éducation prioritaire ne sont pas d’abord destinés à faire baisser le nombre d’élèves par classe mais à permettre la prise en charge de tous les élèves par une évolution des pratiques professionnelles, un accompagnement et une formation continue.

Au cœur de l’éducation prioritaire, les REP+ (350 à la rentrée prochaine), des moyens spécifiques sont affectés à ces objectifs : 4 professeurs référents par réseau, un coordonnateur, du temps pour le travail en commun et la formation continue, un accompagnement dense.

Les REP ordinaires (près de 750) se caractérisent par le fonctionnement en réseau écoles-collège, avec un projet de réseau, des partenariats dans le cadre de la politique de la Ville, l’extension progressive du dispositif « plus de maîtres que de classes », un coordonnateur d’éducation prioritaire et un pilotage renouvelé.
Voilà donc ce que perd une école qui n’est pas reconduite dans le nouveau dispositif de l’éducation prioritaire refondée. Ce n’est pas ce qui a motivé les protestations.
Rappelons aussi que la présence de nombreux enfants des classes populaires n’est pas une anomalie et que l’école de la République doit aussi pouvoir les faire réussir.

Alors, puisqu’il ne s’agit pas de concentrer les moyens budgétaires comme les medias le rapportent à tort, pourquoi des sorties du dispositif ? Parce que les ressources les plus rares, ce sont les ressources en ingénierie de formation, les pilotes, les formateurs, les collègues capables d’accompagner l’évolution de la culture professionnelle et des pratiques pédagogiques, de la vie des établissements et de leurs relations au milieu environnant et aux familles.

Alors, débattons de ces évolutions et de la mise en œuvre effective de la nouvelle éducation prioritaire ! Ce n’est pas gagné d’avance !

Tribune libre de François-Régis Guillaume
membre du Bureau de l’OZP

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4 Messages de forum

  • Voici une tribune libre et... technocratique. Accuser les parents de ne pas avoir compris les enjeux de la réforme, c’est avant tout omettre la complexité d’un système jargonnant et opaque pour un profane.
    Ensuite, je pense qu’il est de bon ton que les gens de terrain informent ceux qui, manifestement, s’en tiennent trop éloignés. Aujourd’hui, le principal grief de ceux qui s’opposent à cette nouvelle carte pour l’école primaire, c’est l’obligation d’un collège de rattachement. Les cartes scolaires sont parfois trompeuses : on trouve, bien heureusement, des collèges dans lesquels cohabitent des enfants issus d’écoles très défavorisées et d’autres issus de milieux très favorisés. On peut d’ailleurs se féliciter de cet état de fait. Avec la réforme actuelle, aussi nécessiteuse soit l’école, si le collège est mixte, l’école ne peut accéder aux moyens de l’EP. Voici plusieurs années que l’enjeu se trouve ici. Il a deux origines :
    1/ La volonté de coordonner l’intégralité de la scolarité obligatoire, ce qui est plutôt louable.
    2/L’éducation nationale ne dispose d’aucun chiffre utilisable sur la situation sociale des écoles primaires. Au collège, on a le taux de boursiers, et les CSP déclaratives à l’entrée en 6ème, qui, bien que bancales (elles sont déclaratives !) offrent une vision souvent assez juste des situations des collèges.
    Reste la politique de la Ville et ses analyses, le quotient familial dont disposent les mairies. Ces chiffres sont à la disposition du ministère, mais, au grand regret des municipalité et des sous-préfets en charge de la politique de la ville, l’éducation nationale ne les utilise pas.
    Ce manque de clairvoyance et de coopération conduit à des situations de terrain où des écoles primaires, situées en zone urbaine sensible, dont tous les indicateurs sociaux sont au plus bas, vont devoir se contenter de maigres compensations suite à leur éviction de l’EP.
    Mon école a des indicateurs au niveau des REP+, mais est menacée de sortie. Alors, oui, pour les parents, les effectifs sont un combat. L’autre combat, c’est la stabilité des équipes. Comment vais-je pouvoir empêcher mon équipe de quitter une école dans laquelle les effectifs vont augmenter, dans laquelle les projets seront contraints (interventions en EPS, en musique, projet périscolaire renforcé, scolarisation des 2 ans, je tiens la liste à votre disposition !)et pour laquelle ils seront moins payés ? Certes, nous aurons une close de sauvegarde de 3 ans pour préparer notre départ et regarder nos collègues de REP dont la prime augmente de 50%, mais comble du cynisme pour les parents, nous aurons aussi le droit à une bonification de points pour quitter l’établissement rapidement, et intégrer un réseau qui, lui, aura eu la chance de rentrer dans le cadre technocratique.
    Qui pourra demain demander à intégrer cette école, à part de jeunes enseignants inexpérimentés ? Qui voudra demain de la direction d’une école pour laquelle j’étais déjà le seul postulant il y a 3 ans, avec les moyens de l’EP ? Je ne souhaite à aucun IEN de devoir venir s’expliquer dans quelques mois au conseil d’école, lorsqu’il faudra gérer les conséquences.
    Vous le savez surement, ces écoles sont des lieux d’engagement, dans lesquels les rencontres humaines forgent des projets et des fonctionnements qui font la richesse de nos établissements. Cette force du travail d’équipe et ce sens de l’engagement, on le le mesure pas dans des tableaux excel et des notes de synthèse.
    Si vous souhaitez en humer l’atmosphère les portes de mon école vous sont ouvertes.
    Bien à vous,

    Alexandre, directeur d’école RRS.

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  • Bonjour
    Pour commencer à vous répondre je vais partir de mon experience personnelle car votre logique comptable me heurte profondément. J’enseigne depuis plus de 20 ans en Seine st Denis. Je n’ai fait que deux établissements tous deux bénéficiant de multiples labels de l’éducation prioritaire.
    Le 2ème celui ou j’enseigne actuellement vient d’être exclu de l’EP. Ce que vous dites dans votre papier est extrêmement choquant. En effet vous semblez dire que les personnes mobilisées actuellement (dans mon etablissments le corps enseignant dans son ensemble edt en Greve depuis Le 20/11. Effectivement nous sommes inquiets pour nos effectifs car le bas montreuil limitrophe de Paris connait une croissance démographique sans précédent liee à 3 phénomènes superposés : l’attractivité de sa situation, sa relative accessibilité /Paris et le boom des naissances de l’an 2000. Chaque année nous refusons des inscriptions et cest le fait d’être en zep qui maintien nos effectifs à 24 par classe. L’explosion de ces derniers dans les années a venir n’a rien d’une chimère monsieur. Vous m’expliquerez ensuite s’il vous plait comment dans ces conditions nous pourrons intégrer nos élèves issus de classe d’accueil (juste francophones) en classe normale par exemple avec des effectifs à 28. J’ajoute que sur la question des effectifs /classe un récent rapport a été transmis à la ministre insistant sur son rôle determinant dans la réussite des élèves. Ce dernier étrangement a été ignoré.
    Mais j’en reviens à mon cas personnel. Cela fait donc qq années maintenant, presque une demie carrière que je m’investis avec mes Collegues aupres des élèves du 93. Nous faisons des projets, pour lesquels chaque annee il faut se battre pour conserver les heures qui permettent de les mener à bien. Nous restons en poste malgré les crises violentes liées ici à un contexte social degradé. Nous faisons face avec les miettes que nous laisse l’institution. Continuons à nous battre pour accueillir des populations fragiles et stigmatisées. La question des effectifs n’est pas la seule en Jeu pour nous monsieur. Nous n’avons pas l’œil rive sur notte calculette sinon nous n’aurions pas consenti à tant d’efforts. Et pourtant pour nous remercier de cet investissement aujourd’hui l’éducation nationale nous éjecte comme des malpropres de l’EP. Aucune negociation aucun préavis, la décision est Tombee comme un couperet et nous en avons ete les derniers informés. Alors que perd un école qui perd la ZEP ? Je crois que si vous lisez attentivement mon témoignage je crois qu’en spécialiste de l’EP vous comprendrez qu’elle perd autre chose et perdra autre chose que le verrou qui limite le nombre d’élèves par classe. votre discours est celui d’un pilote en ressources humaines. Il est surplombant et pose le postulat que la politiqe de l’EP redefinie se fait sur des critères valides. Soyons sérieux. Vous savez sans doute qu’ils posent un nombre de pb important. Par ex. Pour mon college 10% des familles n’ont pas renseigné leur CSP. Par ex le revenu médian du quartier ou j’enseigne est de 1500 € par mois par foyer fiscal. La pédagogie les projets la formation nous la prenons en main nous enseignants. Quand l’état cessera t-il de dépouiller les pauvres en les culpabilisant de surcroit pour aider les plus démunis ?
    Votre note est bien lacunaire et est tres choquante je le réitère pour les acteurs de terrain et les parents qui le soutiennent fermement
    Bien cordialement.
    V servat clg Eluard Montreuil 93. En Greve depuis 12 jours.

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    • "Qui en éducation prioritaire ?" 3 décembre 2014 18:44, par F R Guillaume

      "Qui en éducation prioritaire ?"
      Bonjour, Merci de votre témoignage argumenté qui permet la discussion.
      Vous partez de votre expérience personnelle. Vous avez fait le choix de rester dans le même collège malgré les crises violentes et le contexte social dégradé et d’être solidaires de populations fragiles et stigmatisées. Et vous vivez la sortie de l’éducation prioritaire comme une expulsion.
      La note qui vous a choquée est basée sur 3 idées :
      1) L’éducation prioritaire est destinée aux territoires menacés de relégation sociale où le service public ne parvient pas à remplir normalement sa mission. Un fonctionnement en réseaux écoles-collèges, le partenariat avec le milieu environnant, un projet éducatif et pédagogique, le travail collectif des enseignants peuvent contribuer à retrouver une situation normale. Dans les plus difficiles, les 350 REP+, un coordonnateur, 4 professeurs référents, un temps de service affecté à la formation continue et au travail collectif, les maîtres en plus dans le primaire représentent des moyens importants, beaucoup plus décisifs que 2 ou 3 élèves en moins par classe. Dans les autres REP, ces moyens sont beaucoup plus limités.
      L’éducation prioritaire est donc bien autre chose qu’un verrou limitant le nombre d’élèves par classe.

      2) L’école ordinaire doit être capable d’accueillir normalement et de faire réussir les enfants des classes populaires (je préfère ce terme à celui de « catégories défavorisées » de la nomenclature officielle). Les indicateurs qui servent à déterminer les territoires en éducation prioritaires ne sont pas automatiques : c’est l’importance de la précarité qui est clivante, or elle n’est bien identifiée que localement. Est-ce le cas de votre quartier de Montreuil ?

      Que des moyens horaires plus importants soient attribués aux territoires où les classes populaires sont plus nombreuses est nécessaire. Nous avons demandé, lors de la consultation de l’été 2012, que les moyens soient répartis proportionnellement aux difficultés sociales et scolaires. La ministre s’est engagée à la mettre en œuvre pour limiter les effets de seuil entre ZEP et hors ZEP. J’espère n’être pas trop naÏf en pensant que le ministère et les recteurs seront capables de l’appliquer malgré les protestations probables de ceux qui sont actuellement privilégiés.

      3) C’est l’ensemble du système qui doit être refondé. Les perspectives sont beaucoup plus floues.
      Cordialement F R Guillaume

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  • très belle synthèse, à envoyer à la rédaction de France Inter qui ce matin a laissé raconter, on ne va pas dire n’importe quoi, mais de grosses erreurs à une parente d’élève.
    bonne continuation !
    Franck IRJUD
    coordonnateur REP+

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