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Le débat français sur la discrimination positive, vu d’Alger

26 octobre 2005

Extrait de « La Nouvelle République » du 25.10.05 : Une polémique qui fait rage

C’est une expression qui sonne au creux de l’oreille des opposants comme un outrage aux principes de la République, pour les partisans, c’est la seule solution pour lutter contre le racisme endémique de la société qui entrave l’accès au travail, à l’éducation et à la santé, principalement.

Un concept manié avec d’infinies précautions dans le débat public où la bataille sémantique fait rage. Le plus atteint de cette affection est sans aucun doute l’actuel et précédent ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy. Quand ce grand policier de la nation défend avec véhémence le principe, a-t-il en arrière-pensée une révision de la Constitution de 1958 qui interdit aux pouvoirs publics d’établir des distinctions de race, d’origine ou de religion ? Certes non, s’exclame son entourage.

(...)

Mais il n’y a pas que « des peaux de vaches » dans cette France des débats, heureusement, car les plus farouches opposants à cette politique crient à l’outrage à la République. Les polémiques s’embrasent au constat d’échec des politiques d’intégration depuis une trentaine d’années et à la montée du communautarisme qui en résulte. Pour les partisans de cette politique, ils disent ne pas voir d’autre solution pour enrayer le racisme endémique de la société française qui place des obstacles à l’accès au logement, à l’éducation, à l’emploi et à la santé.

Pour les opposants, ils y voient une altération aux principes républicains car privilégier certaines personnes, mettrait en péril la cohésion nationale. En effet, le système des quotas, cher à tous les gouvernements, fait horreur. Il agite le spectre de l’« affirmation action ». Selon un sondage fait par le CSA le 2 décembre dernier, 55 à 60 % des Français réfutent l’instauration de quotas de places dans les grandes écoles, les entreprises et les administrations. Rarement le poids des mots n’aura autant compté dans le débat public. La guerre sémantique fait rage. Qu’on se débarrasse du terme « discrimination », disent même les proches de Nicolas Sarkozy et qu’on le remplace par « action positive », « mobilisation positive », « mesures incitatives » ou encore « volontarisme à l’égard des minorités visibles ».

Prudents sont les ténors de l’Assemblée nationale et des partis politiques. Ils craignent d’être accusés d’user de concepts raciaux ou ethniques. Complexés à mort, ils refusent de mettre un mot sur le phénomène : la discrimination, même si elle ne dit pas son nom, existe déjà, dans le fait d’essayer d’aider davantage une catégorie de la population plutôt qu’une autre, sinon qu’est-ce que les ZEP (zone d’éducation prioritaire).

Dans le système éducatif, dès 1981, il est permis à certains établissements de bénéficier de crédits et de postes supplémentaires et l’initiative lancée par la branche sciences politiques d’intégrer les lycéens issus de ces zones par voies de recrutement spécifique et les entreprises qui s’implantent dans des zones franches urbaines de bénéficier d’exonération fiscales, depuis 1987 vont dans ce sens.

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F. Amalou

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1 Message

  • La bataillle sémantique fait rage. Et c’est bien. Personnellement, je ne peux accepter ce terme de "discrimination positive" quand elle pointe des mises en oeuvres sociales . Doit-on envelopper d’un mot spécifique ce qui relève du devoir démocratique ?. Oublie-t-on qu’une société républicaine telle que la nôtre a pour rôle d’offrir les réparations légitimes aux dégâts de l’histoire ? Sommes-nous en train de découvrir tout à coup, comme nous éveillant d’un rêve (lequel ? L’américain ? Noon !)que la société discrimine à tour de bras ? Si on est femme, si on n’est pas trop riche, si on a tel prénom, nom, origine, profil, intonation de voix, diplôme, si on parle avec les mains, si papa dirige , si papa ne dirige pas, si on fréquente le parvis, la mosquée, la synagogue, si on est vieux, si on est jeune... Allons, on semble oublier que la société est plurielle, que toute réalité est le contact harmonieux ou pas entre son histoire personnelle et la réalité extérieure. On ne résoud pas les questions à coup de mobilisations de mots tels que ceux évoqués. Sauf, si l’implicite (que mon Dieu me pardonne) il y a derrière un objectif inavouable:est-on en train de créer une entité d’intervention artificielle, pour gommer, cacher ce qui est dans les faits, déjà le résultat d’une intégration réussie. En effet, sommes-nous aveugles pour ne pas voir que les noms étrangers, les visages "visibles" pour reprendre les termes mobilisés par certains, apparaissent dans toutes les entreprises, les magasins, les administrations, les écoles, les métiers ? Tout ce brouhaha autour de ce concept, ne viendrait-il pas pour freiner cette intégration naturelle dont l’Education Nationale est la forge et maître d’oeuvre ?
    Dans 1984 on décrivait une société dont on faisait disparaître les mots pour escamoter la réalité de référence. Nous sommes en train de vivre la création d’ une entité sémantique pour annuler la prise de conscience qu’une intégration est largement réussie.
    Cordialement,
    Generosa di-Filippo

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