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Suite de la Journée AFEV : "Les enfants de pauvres sont-ils tous des fainéants ?", une tribune dans "Libé" d’Emmanuel Davidenkoff, François Taddéi et Christophe Paris . Le commentaire des Cahiers pédagogiques

30 septembre 2014

Emmanuel DAVIDENKOFF Directeur de la rédaction de l’Etudiant, François TADDEI biologiste, fondateu de l’Association Paris-Montagne et Christophe PARIS Directeur général de l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev)

[...] Pour appréhender la réalité vécue par nombre d’enfants de milieu populaire, représentons-nous le parcours type d’un des 150 000 jeunes qui quittent chaque année le système scolaire sans diplôme.

Arrivé en dernière année de maternelle, il a moins profité des apports de l’école que ceux qui sont dans un bain culturel favorable (1) et se retrouve au moment de l’apprentissage de la lecture en CP face à un mur. 90% des élèves en difficulté en 6e l’étaient déjà au CP. Il suit avec difficulté sa scolarité en école primaire, intériorisant à chaque zéro pointé le fait qu’il est nul.

Dans un collège pensé comme un petit lycée au climat scolaire très dur (2), il commence à décrocher ou subit son orientation vers le lycée professionnel. Là, soit il décroche au bout de la première année, soit il se reconstruit scolairement et obtient son bac pro.

Mais, à défaut de trouver une place en BTS, pris d’assaut par les lycéens de filière générale, il échoue à la fac (3) ou tenter de trouver un travail en mesurant, à chaque étape de son parcours professionnel, le poids du diplôme en France..."

[...] Au-delà des réformes déjà engagées, deux questions nous apparaissent urgentes dans une perspective de lutte contre les inégalités : la réforme du collège et le soutien à la fonction parentale.
Le collège, car on sait que ces difficultés s’accroissent dans les territoires les plus fragiles, entraînant un système scolaire à deux vitesses, en fonction du lieu de scolarisation. Le soutien à la fonction parentale, car dans un contexte social en forte mutation, ce soutien aux familles populaires dans leur mission éducative et dans leur lien à l’école doit constituer un acte fondateur d’une nouvelle approche des inégalités. La deuxième est pragmatique.

Extrait de liberation.fr du 25.09.14 : Les enfants de pauvres sont-ils tous des fainéants ?

 

[...] Je voudrais revenir à la question posée. Car celle-ci n’est pas une question si incongrue tant elle reflète des positions déjà entendues dans les salles des profs.
Combien de fois n’entend t-on pas dire dans cet “entre-soi” ou même en conseil de classe que tel élève n’est pas courageux, qu’il ne travaille pas assez, qu’il n’a pas de méthodes, etc. Bien sûr, c’est possible. Mais la tendance est forte de “naturaliser” la difficulté scolaire et de considérer que les difficultés sont seulement dues à l’individu, à ses qualités supposées (“il n’est pas doué”) ou à son travail. Et ainsi on néglige ou on nie le poids des déterminismes sociaux et des conditions de vie.
Deux arguments : il est plus facile de travailler quand on a un lieu à soi pour le faire que quand c’est sur un coin de la table du salon après s’être occupé de tous ses frères et sœurs... Et il est plus facile de réussir quand on sait précisément ce qu’on attend de vous et que l’évaluation est au service des apprentissages (et que ceux ci sont les plus explicites possibles). En tout cas, un peu plus de connaissance sociologique et réflexion pédagogique ne seraient pas de trop dans la formation des enseignants...

Extrait de cahiers-pédagogiques.com : Bloc notes de la semaine du 22 au 28 septembre 2014

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