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Nouvel entretien (10.10.14) du Café pédagogique avec Aziz Jellab, auteur "L’Émancipation scolaire. Pour un lycée professionnel de la réussite, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 2014

13 octobre 2014

Additif du 10.10.14
« L’émancipation par le LP est d’abord scolaire, et la thèse de la reproduction sociale n’est pas convaincante dès lors que les parcours des élèves restent hétérogènes au niveau de leur réussite alors qu’ils proviennent majoritairement de milieu populaire. » Comment expliquer le désintérêt dont est victime la voie professionnelle ? Garde -t-il une fonction de tri social ? S’y ajoute-il un tri ethnique ?
Inspecteur général et sociologue, Aziz Jellab a publié un ouvrage remarqué sur l’enseignement professionnel. Il revient ici sur les questions du rôle émancipateur de cet enseignement et des raisons qui amènent les enfants d’ouvriers à choisir cette voie et ceux des enseignants à la fuir..

[...] La question de l’ethnicisation de l’orientation relève de manière plus générale de la place de la « question ethnique » au sein de l’école aujourd’hui. Nous savons que c’est une question sensible et que les enquêtes de terrain introduisent des biais méthodologiques comme ce fut le cas, par exemple, avec le travail mené sur des collèges par Georges Felouzis et son équipe en 2005. J’ai rencontré des élèves issus de l’immigration à l’occasion de mes enquêtes de terrain et notamment dans des lycées industriels. Leur concentration dans certaines spécialités appelle à s’interroger sur les choix d’orientation mais aussi sur les non-choix dès lors que certains domaines professionnels leur semblent inaccessibles.

[...] Je dois souligner que contrairement au discours dominant, mais aussi à certains travaux sociologiques, la proportion des bacheliers professionnels inscrits à l’université est très faible comparée à celle des inscrits en STS (moins de 7% dans le premier cas, contre près de 20% dans le second cas), et je soupçonne derrière la compassion affichée pour les bacheliers professionnels inscrits à l’université un vrai mépris concernant ce public et sa supposée incapacité à accéder à la « culture légitime » ! Cela ne signifie pas que les bacheliers professionnels peuvent envisager de poursuivre des études universitaires sans condition.
Ceux qui s’inscrivent à l’université ont souvent été refusés en STS ou en IUT et ils sont peu nombreux à franchir le palier de la licence 1

Extrait de cafepedagogique.net du 10.10.14 : Comment expliquer la dévalorisation de la voie professionnelle ?

 

L’intention annoncée de l’ouvrage est de déconstruire la vision misérabiliste du lycée professionnel (LP) qu’avancent les recherches mobilisant les théories de la reproduction. Grâce à une sociologie du LP, construite à partir de plusieurs recherches Aziz Jellab apporte aussi un éclairage éclatant de réalisme d’un espace d’enseignement encore trop méconnu par la recherche ou déqualifié aujourd’hui.

La quantité et la richesse du recueil de données, composé de nombreux entretiens recueillis depuis 1997, auprès d’élèves, d’enseignants et autres acteurs des LP, dont la diversité est aussi prise en compte, d’observations et d’analyse de référentiels, contribuent à nourrir la démonstration. La connaissance fine du terrain, les nombreuses données, quantitatives, sur les enseignants, les élèves et les diplômes (effectifs, évolution) associée à une approche socio-historique de l’enseignement professionnel viennent étayer le propos qui visent aussi à mieux comprendre les dynamiques actuelles et les dernières évolutions du LP.

Réfutant l’hypothèse, défendue par les tenants de la théorie de la reproduction, selon laquelle les «  lycéens pro  » sont socialement dominés et voués à le rester, Jellab observe des élèves intéressés par les savoirs et délibérément mobilisés dans leurs apprentissages, acteurs de leur socialisation scolaire, grâce aux interactions avec les enseignants et autres acteurs du LP, comme les professionnels rencontrés lors de stages. Ces élèves construisent leur carrière scolaire, en engageant aussi les différentes facettes de leur vie sociale, qui ne peut être considérée comme résultant de l’intériorisation d’un habitus (chapitre  I).

[...] Majoritairement issus de milieux sociaux modestes, ces élèves présentent différents types d’affiliation au savoir : un rapport pratique aux savoirs, avec une centration sur les apprentissages professionnels ; un rapport réflexif aux savoirs, prolongeant de façon positive l’expérience du collège ; un rapport désimpliqué aux savoirs, expression d’un faible engagement (absentéisme, décrochage) mais pas pour autant significatif d’une domination ; un rapport intégratif-évolutif aux savoirs propice à la construction de compétences favorisant le développement personnel (culturel, social) et professionnel. La compréhension de ces différents rapports au savoir explique non pas des trajectoires d’élèves soumis à un système les broyant mais des itinéraires d’élèves qui se réapproprient le goût d’apprendre, la saveur de la réussite scolaire et la fierté retrouvée d’être un élève comme les autres brandissant ses bons résultats. [...]

Extrait de cahierspedagogiques.com du 10.09.14 : L’émancipation scolaire. Pour un lycée professionnel de la réussite

Voir aussi
"L’émancipation scolaire. Pour un lycée professionnel de la réussite", Aziz Jellab (Presses Universitaires du Mirail, 2014).
Long entretien avec le Café pédagogique (12.05.14)

 

Note du QZ : La liste des 28 lycées "participant au programme ECLAIR" comprend 17 lycées professionnels (BO du 7 juillet 2011)

Pour faire une recherche sur les lycées professionnels, croiser les mots-clés "Lycées (tous doc.)" et "Enseignement professionnel" (tous les deux en col. 5)

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