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Le Parisien-Aujourd’hui en France publie "en exclusivité les premiers résultats" d’une enquête menée par Georges Fotinos sur les relations entre les parents d’élèves et les directeurs d’école. Quatre sur dix d’entre eux estiment que "les relations se sont détériorées ces dernières années" et 49 % d’entre eux disent avoir été victimes au moins une fois durant la précédente année scolaire d’une agression relevant du harcèlement, des menaces ou des insultes, exceptionnellement des coups (0,7 %). Les différends concernent le plus souvent des punitions ou des sanctions infligées aux élèves. Pour lui, cela signifie que "certains parents ne reconnaissent plus l’autorité de l’école sur leurs enfants", et cette opposition est relativement nouvelle. La polémique sur le genre et les ABCD de l’égalité ont donné "une illustration" cet hiver d’un phénomène de fond, "à bas bruit" : "il y a une cassure entre la culture familiale et la culture enseignée par l’école".
[...]
6 directeurs sur 10 ne sont pas d’accord pour faire de la relation École/Parents, l’axe prioritaire du projet d’école et 3 sur 4 sont opposés à l’idée de médiation externe. Ils sont 6 sur 10 à penser que les délégués représentent bien les parents d’élèves et ils pensent presque tous que les parents ont confiance en eux. 1 sur 2 pense que les parents n’inculquent pas à leurs enfants "le respect des valeurs de l’école républicaine" et qu’ils ne se sentent pas concernés par la vie de l’école. A noter que les conflits sont plus fréquents quand les parents sont défavorisés.
Pour Georges Fotinos, il faudrait "redéfinir le métier d’enseignant de l’école primaire", "prendre en compte la nécessité de création d’un statut de délégué parent d’élèves", "former les enseignants à la relation avec les parents", créer sur le modèle du collège ouvert un dispositif "école ouverte aux parents".
L’enquête portant sur l’année scolaire 2012-2013 a été réalisée par la passation en ligne d’un questionnaire comportant 73 questions, qui a reçu 3 320 réponses valables.
Télécharger l’étude sur le site de la CASDEN : L’état des relations école/parents : "entre méfiance, défiance et bienveillance" (120 pages)
Présenté par le quotidien comme "chercheur associé" à l’Observatoire international de la violence à l’école, Georges Fotinos a mené des enquêtes sur le climat scolaire, et notamment, avec Eric Debarbieux, une "enquête de victimation et climat scolaire auprès des personnels de l’école maternelle et élémentaire". Toutefois Catherine Blaya dément "formellement l’association de Monsieur Fotinos" à l’OIVE qu’elle préside depuis deux ans, après Eric Debarbieux. Elle indique n’avoir pas eu connaissance de ce sondage dont l’OIVE ne peut "garantir la démarche scientifique tant au niveau de la collecte des données qu’à celui de l’analyse". Elle dénonce des "informations sensationnalistes" qui sont, estime-t-elle, "totalement contre-productives".
Interview de Catherine Blaya sur 20minutes.fr du 29.04.2014
Site de l’Observatoire international de la violence à l’école
Extrait de touteduc.fr du 29.04.2014 : G. Fotinos : "je constate une dégradation très nette des relations entre l’école et les parents" (Le Parisien)
Extraits concernant l’Education prioritaire :
[p. 23]
73 questions fermées et ouvertes qui se répartissent en quatre groupes, dont :
17 variables indépendantes habituelles : âge, genre, fonction, carrière, lieu d’exercice, urbain, rural, effectifs PCS des parents, dispositifs d’éducation prioritaire, signalements, etc. et 3 variables concernant la qualité du climat scolaire, climat général, sécurité des élèves.
[p. 26]
Quant aux répartitions par catégorie d’école et selon le caractère d’éducation prioritaire, elles correspondent précisément aux répartitions nationales :
• École maternelle : 32,3 % (mn : 33 %) ;
• École élémentaire : 67,7 % (mn : 67 %) ;
• Éducation prioritaire – Éclair et Réseau Réussite Scolaire : 6 % et 12,5 % (mn : 6,3 % et 11,4 %).
[p. 28]
Dans la mesure où il n’existe pas de bases de données vraiment fiables sur la répartition géographique des écoles et celle de la composition sociale de la population des parents d’élèves, nous avons demandé aux répondants de situer leur école à partir de critères sociogéographiques qui apparaissent notamment en bonne corrélation avec l’éducation prioritaire et le climat scolaire et comme des variables a priori pertinentes de la forme et des contenus du partenariat École/Parents. On considérera ces catégorisations avec prudence et comme des indicateurs supplémentaires.
[p. 52]
En conclusion, il semble que les directeurs sans décharge, de sexe féminin et enseignant dans des classes à peu de niveaux, ont des relations moins conflictuelles
avec les parents. Il apparaît également que les directeurs d’écoles élémentaires, dont l’école participe à un réseau d’éducation prioritaire, dont l’école est située en zone urbaine périphérique et dont les parents d’élèves sont issus de PCS défavorisées sont plus fréquemment en conflits avec les parents.
Le nombre de signalements pour 100 élèves apparaît comme un bon indicateur de relations conflictuelles entre parents et enseignants, au vu de sa forte corrélation avec la plupart des variables descriptives des différends entre directeurs et parents.
Il apparaît toutefois que les opinions et perceptions des directeurs sur les parents sont des éléments qui entretiennent une plus grande électivité avec ce champ de relation École/Parents.
[p. 55]
Tableau de croisement entre l’appartenance de l’école à un réseau d’éducation prioritaire et l’accord des directeurs pour faire du développement des relations parents-école l’axe prioritaire du prochain projet de leur école.
Concernant les caractéristiques des écoles, les deux variables prépondérantes vis-à-vis de la politique de relation avec les parents sont le type d’école (élémentaire ou maternelle) et la zone dans laquelle est située l’école (rurale, péri-urbaine, urbaine). Il faut considérer également la participation de l’école à un réseau d’éducation prioritaire, les PCS des parents d’élèves et le nombre de classes pour expliquer l’avis des directeurs sur une intervention extérieure dans les relations parents-enseignants (médiation, formation) ainsi que sur la définition de ces relations comme un axe prioritaire du projet d’école. Par ailleurs, la PCS et le nombre de classes sont des variables à prendre en compte pour caractériser le nombre de réunions et le nombre de projets.
[p. 58-61]
Tableau de croisement entre la participation de l’école à un réseau d’éducation prioritaire et l’avis des directeurs sur la responsabilité des parents dans la dégradation des relations parents-enseignants.
De plus, les caractéristiques prépondérantes des écoles dans la perception des parents par les directeurs sont la participation de l’école à un réseau d’éducation prioritaire, la PCS dont sont issus les parents et le nombre de signalements pour 100 élèves. En ce qui concerne la responsabilité des parents dans le climat des relations, ainsi que la capacité des parents à aider leurs enfants, il faut également rendre en compte le type d’école, la zone dans laquelle se situe l’école et le nombre de classes. Ainsi, il semble que les directeurs d’école élémentaire aient une perception un peu plus négative des parents que les directeurs d’écoles maternelles. De même, les directeurs d’école en réseau d’éducation prioritaire donnent peu de réponses positives concernant les parents d’élèves. Enfin, il semble que les directeurs fassent moins confiance aux parents d’élèves quand l’école est en zone urbaine (centre-ville ou périphérie) et que la PCS dont sont issus les parents est une PCS défavorisée.
[...] Toutefois, il semble bien que tous ces liens passent par la perception et l’opinion qu’ont les directeurs sur les parents. Ainsi les différends et les agressions sont plus fréquents lorsque les directeurs ont le sentiment que les parents ne respectent pas leur autorité sur les enfants, qu’ils n’inculquent pas les valeurs républicaines de l’école, qu’ils ne leur font pas confiance, qu’ils ne participent pas à la vie générale de l’école.
[p. 64-65]
Enfin, l’analyse des liens de l’utilisation de la médiation externe comme le choix de faire de la relation École/Parents l’axe prioritaire du projet d’école montre que ce sont les directeurs d’école situées en « Éducation prioritaire » qui privilégient l’utilisation de ces « outils ». Parmi les facteurs explicatifs qui apparaissent comme la trame de fond de ces décisions, ressort la nécessité permanente face aux situations de détresse scolaire et aux problèmes de comportement des élèves plus fréquents dans ces écoles d’associer d’une part le parent co-éducateur à la résolution des difficultés, d’autre part de légitimer et d’institutionnaliser cette coopération dans le fonctionnement ordinaire de l’établissement.
[...]
Il apparaît très nettement que ce sont les directeurs « hors ZEP » qui font porter la responsabilité de la dégradation de la situation partenariale aux parents. Un des éléments explicatifs nous est apporté par la réponse à une question de cette étude relative aux critiques régulières des parents sur les contenus des enseignements et/ou des devoirs. Elles sont beaucoup plus fréquentes dans les écoles « hors ZEP » et à cette cause, on peut ajouter le plus grand manque de disponibilité des parents d’élèves des écoles situées en ZEP ainsi que leur plus grand éloignement de la culture scolaire.
[p. 98]
Tableau de croisement entre le type de réseau auquel appartient l’école et l’avis des directeurs sur les rendez-vous avec les parents d’élèves.
Primaire : Le grand fossé entre l’Ecole et les parents mis à nu
Comment combler le vide entre l’Ecole et les parents ? Près d’un directeur d’école sur deux rencontre des problèmes avec les parents selon une étude de Georges Fotinos menée auprès d’environ 3300 directeurs d’école et publiée le 29 avril. Ses résultats avaient été révélés en janvier dernier par Le Café pédagogique. L’étude, épaulée par des analyses de Philippe Meirieu et Denis Meuret montre l’urgence qu’il y a à construire la relation entre les enseignants et les parents. Mais par où commencer ?
Extrait de cafepedagogique.net du 30.04.2014 : Primaire : Le grand fossé entre l’Ecole et les parents mis à nu
Consulter aussi
Entretien de "VousNousIls" avec Georges Fotinos après son audition par l’Assemblée nationale sur la question de la relation école-parents