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Comptes rendus des rencontres du GFEN des 5 et 6 avril 2014 : Comment savoir et pourquoi ?

8 avril 2014

Une centaine de participants à ces rencontres centrées sur le second degré d’enseignement. Organisées en partenariat avec l’OZP, la FESPI et le Café pédagogique, elles se sont déroulé les 5 et 6 avril, à l’IUT de Saint Denis. Plus que jamais, il est urgent de démocratiser le savoir et construire une école qui parle à tous. Au-delà de l’incontournable question des moyens nécessaires au bon fonctionnement des établissements, ne faut-il pas revisiter les pratiques pédagogiques pour débusquer ce qui pose problème et contribue à perpétuer les difficultés ? Trois demi-journées pour interroger ce qui peut faire obstacle à l’entrée dans les apprentissages et s’interroger sur l’approche des contenus de savoir à privilégier. 14 ateliers et 3 interventions, programme dense sur lequel chaque participant s’est appuyé pour se construire un itinéraire singulier afin d’explorer différentes problématiques autour du savoir.

[...] Des interactions inaperçues qui relèguent

C’est dans la banalité des situations du quotidien, expliquait Jean-Yves Rochex, professeur en sciences de l’éducation, dans son propos sur Processus de différenciation et inégalités scolaires, que se jouent progressivement les écarts entre les parcours des élèves. Tout se trame dans des situations d’apprentissage vécues par des élèves inégalement armés et préparées par des enseignants inégalement conscients des mécanismes qui opèrent. Là où les inégalités s’exacerbent, dans les ZEP, et en particulier pour les garçons, qui subissent davantage la différenciation négative, les différences d’interaction conduisent à mettre progressivement certains élèves à l’écart des tâches intellectuelles au profit de tâches plus simples d’exécution. Ainsi les séquences canoniques d’apprentissage par « découverte » en élémentaire s’appuient sur le présupposé d’une évidence implicite des enjeux d’apprentissage, dont l’élucidation et l’articulation sont laissées aux élèves. Or de tels enjeux, dont à la fois l’explicitation par l’enseignant et la compréhension par l’élève posent des difficultés, sont parmi les plus déterminants dans la réussite de l’apprentissage.

Le leurre des « fausses » réussites
Plus le contexte scolaire est difficile, plus l’atomisation des tâches est fréquente, pour favoriser « quand même » des moments de réussite. Aux élèves moins performants, on confie les tâches de bas niveau cognitif (ex. : trouver le nom du personnage dans le texte) tandis que les autres vont être chargés de construire des relations d’inférence complexes ; ou l’enseignant, par souci d’aider l’élève plus faible, prend à sa charge la difficulté par souci de faire avancer le travail. Or les modalités d’évaluation du primaire ne permettent pas de repérer les « fausses » réussites, et l’évaluation nationale du Brevet des Collèges peut révéler brutalement les écarts, encore creusés par des parcours sans redoublement ni orientation précoce – non que ce soient des solutions, précise J.Y Rochex, mais leur disparition contribue davantage à dissimuler les disparités de carrière, plus qu’il ne contribue à les atténuer. La prise en charge de ce problème par l’Éducation prioritaire a été amorcée sous le Ministère Peillon, conclut-il, il faut espérer que ce progrès soit poursuivi. A défaut, on risque de voir proliférer un autre tendance : externaliser l’aide scolaire vers des acteurs moins qualifiés que les enseignants, dans le secteur public (collectivités locales) ou privé (marchand ou associatif).

Pour une bonne part des professionnels présents aux Rencontres, en effet, la perspective d’un abandon du projet de refondation de l’école initié par Vincent Peillon représenterait un grave risque de dispersion des moyens de lutte contre l’échec scolaire, à l’extérieur de l’école, entre acteurs publics et privés, mais surtout de manière très inégalitaire et au risque d’un accroissement de l’injustice sociale. L’attente est donc très forte à l’égard du nouveau Ministre, quant à son positionnement sur ce dossier.

Lire le compte rendu complet du GFEN

 

Qu’est-ce que savoir ? Quels impensés cette notion porte-t-elle dans son usage scolaire et comment l’expliciter ? Ces questions étaient au centre des 7èmes Rencontres Nationales du GFEN (Groupe Français d’Éducation nouvelle), organisées en partenariat avec l’OZP, la FESPI et le Café Pédagogique, les 5 - 6 avril 2014, à l’IUT de St Denis, sous le titre « Réussir, du collège au lycée : Quelle approche des savoirs ? ». [...]

Jacques Bernardin
[...] Pris en tenaille entre la difficulté de faire entrer les élèves dans la démarche scolaire et l’impératif de produire des résultats conformes aux évaluations attendues, les enseignants seraient tentés de « faire » le programme, au risque de le faire tout seuls, aggravant les inégalités liées aux présupposés culturels qu’un petit nombre seulement partagent. C’est au contraire à faire vivre les savoirs, à « réchauffer les sédimentations cristallisées » qu’il faut s’employer, affirme J. Bernardin citant Yves Clot. Peut-être en clarifiant ce qui est en jeu et en explicitant ce qui est attendu, plutôt qu’en abandonnant, par excès de rigorisme ou surcroît de bienveillance, ce difficile travail de médiation.

Ateliers

Tous capables, mais comment ?
[..] Dans un atelier consacré à la question de Comprendre la logique des élèves face aux apprentissages, J. Bernardin soulevait l’obstacle d’une opinion bien ancrée concernant l’incapacité définitive de certains élèves. La théorie innéiste des « dons » (dispositions naturelles innées) d’une part, et celle, plus récente, du « handicap socioculturel », qui voit dans les déterminismes sociaux un facteur inéluctable d’échec ou de réussite, de l’autre, grèvent lourdement le postulat de l’éducabilité des tous les élèves. On ne cherche pas comment dépasser une situation qui semble inscrite dans l’ordre des choses.
Or, la recherche indique, à l’inverse, que la plasticité du cerveau humain peut déjouer tous les déterminismes naturels ou sociaux ; les travaux d’ESCOL sur les inégalités sociales de réussite scolaire et la manière dont elles se construisent, établissent par microsociologie les variations qui échappent aux statistiques : cas atypiques, caractéristiques très différentes du rapport des élèves à la scolarité, types d’adaptation cognitifs exigés par les apprentissages scolaires. L’étude attentive des cas particuliers réfute le fatalisme de la reproduction dans l’échec. [...]

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Des interactions inaperçues qui relèguent
C’est dans la banalité des situations du quotidien, expliquait Jean-Yves Rochex, professeur en sciences de l’éducation, dans son propos sur Processus de différenciation et inégalités scolaires, que se jouent progressivement les écarts entre les parcours des élèves. Tout se trame dans des situations d’apprentissage vécues par des élèves inégalement armés et préparées par des enseignants inégalement conscients des mécanismes qui opèrent. Là où les inégalités s’exacerbent, dans les ZEP, et en particulier pour les garçons, qui subissent davantage la différenciation négative, les différences d’interaction conduisent à mettre progressivement certains élèves à l’écart des tâches intellectuelles au profit de tâches plus simples d’exécution. Ainsi les séquences canoniques d’apprentissage par « découverte » en élémentaire s’appuient sur le présupposé d’une évidence implicite des enjeux d’apprentissage, dont l’élucidation et l’articulation sont laissées aux élèves. Or de tels enjeux, dont à la fois l’explicitation par l’enseignant et la compréhension par l’élève posent des difficultés, sont parmi les plus déterminants dans la réussite de l’apprentissage.

Le leurre des « fausses » réussites
[...] les modalités d’évaluation du primaire ne permettent pas de repérer les « fausses » réussites, et l’évaluation nationale du Brevet des Collèges peut révéler brutalement les écarts, encore creusés par des parcours sans redoublement ni orientation précoce – non que ce soient des solutions, précise J.Y Rochex, mais leur disparition contribue davantage à dissimuler les disparités de carrière, plus qu’il ne contribue à les atténuer. La prise en charge de ce problème par l’Éducation prioritaire a été amorcée sous le Ministère Peillon, conclut-il, il faut espérer que ce progrès soit poursuivi. A défaut, on risque de voir proliférer un autre tendance : externaliser l’aide scolaire vers des acteurs moins qualifiés que les enseignants, dans le secteur public (collectivités locales) ou privé (marchand ou associatif).
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Extrait de cafepedagogique.net du 07.04.2014 : Rencontres du GFEN : Comment savoir et pourquoi ?

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