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Une thèse sur "Le bien-être de l’élève au collège. Représentations des professeurs et des élèves" (Marianne Lenoir. médecin scolaire) compare systématiquement la situation en ZEP et hors-ZEP

3 avril 2014

Le bien-être de l’élève au collège : Représentations des professeurs et des élèves
Marianne LENOIR
Thèse de doctorat de sciences de l’éducation dirigée par François BALUTEAU
Décembre 2012

Synthèse

Extraits concernant l’éducation prioritaire

[p.2-3]
Le but de ce travail de thèse était de comparer les représentations des élèves et des professeurs concernant le bien-être de l’élève au collège. Le postulat principal était que ces représentations sont différentes. Pour ce faire, nous avons posé huit hypothèses explorant les différentes dimensions du bien-être au collège : le bien-être matériel, le bien-être relationnel, le bien-être psychologique et le bien-être pédagogique.
Pour confirmer ou infirmer ces hypothèses, nous avons cherché des indicateurs de bien-être à l’aide d’entretiens semi -directifs réalisés auprès de professeurs d’un collège en ZEP [classe de 6eme du collège de ZEP de Macon] et à l’aide de focus groupes réalisés auprès d’élèves de deux collèges, un collège en ZEP et un collège rural. Ces indicateurs nous ont permis de construire un questionnaire qui a été distribué aux professeurs et aux élèves des collèges du département de Saône-et-Loire.
Dans ce questionnaire, nous avons également posé la question principale de la réalité de la prise en charge du bien-être au collège. Nous avons enrichi les réponses au questionnaire d’une question ouverte sur les indicateurs de bien-être non encore envisagés. Les éléments obtenus à l’aide de cette question ouverte nous permettent de préciser certaines réponses au questionnaire.

Les réponses ne peuvent être que nuancées, Les représentations des élèves et des professeurs concernant le bien-être de l’élève au collège se rejoignent sur de nombreux indicateurs, mais diffèrent pour certains autres.

[p.10-11]
Contrairement aux élèves scolarisés en collèges en zone hors ZEP, les élèves scolarisés en ZEP ressentent beaucoup plus l’intervention négative des rythmes scolaires sur leur bien-être. Les insultes sont beaucoup plus choisies comme indicateur négatif de bien-être par les élèves en ZEP, et la violence physique beaucoup moins. Contrairement aux idées reçues, les élèves en ZEP se sentent plus agressés par les insultes que par la violence physique, pourtant plus médiatisée. Nous aurions pu croire que les assistants d’éducation, travaillant au plus près des élèves auraient pu avoir une grande importance pour les élèves de ZEP dans ce contexte, en fait, il n’en est rien. Ils interviennent plus pour le bien-être dans les collèges hors ZEP par rapport aux collèges en ZEP. L’ambiance de classe est plus importante en ZEP pour les professeurs que pour les élèves.

En ce qui concerne la pédagogie différenciée, il n’y a pas de différence entre les élèves et les professeurs pour l’intérêt qu’elle présente dans le bien-être. Ce n’était pas le cas dans les autres lieux de scolarisation où les professeurs la trouvaient plus importante que les élèves.
L’EPS est plus choisie par les élèves de ZEP que par les élèves qui ne sont pas scolarisés en ZEP comme indicateur de bien-être.
Par contre, la scolarisation ou le fait d’enseigner en ZEP n’influence pas ce que pensent les élèves ou les professeurs sur la prise en charge du bien-être au collège par rapport aux collèges qui ne situent pas en ZEP. De plus, les élèves et les professeurs de ZEP présentent, comme dans le privé, des pourcentages très voisins, faisant ressortir le fait que les élèves et les professeurs pensent de la même manière que le bien-être est pris en compte au collège.

La mixité comme indicateur de bien-être n’est pas influencée par le lieu de scolarisation. Il en est de même pour le bien-être psychologique.

[p.15-16]
Un dernier point à aborder est la dégradation constatée du bien-être entre la sixième et la troisième. Ceci avait déjà été noté dans des études plus anciennes comme celle Marianne LE NOIR Le bien-être de l’élève au collège d’Aletta Grisay, la diminution de la sensation de bien-être intervenant même dès la classe de cinquième. Les élèves de troisième ont moins le moral, moins de plaisir à venir le matin et moins d’intérêt pour les matières enseignées. Les élèves de troisième trouvent beaucoup moins que les élèves de sixième que leur bien-être est pris en compte au collège. Comment expliquer cette dégradation en quatre ans ?

D’autres modalités éducatives ont été tentées en France. Des collèges appelés « collèges différents » et étudiés par Marie-Laure Viaud dans sa thèse sont centrés sur l’épanouissement de l’élève. Ces collèges prennent en compte les rythmes et les besoins des adolescents. L’espace et l’organisation de la journée est repensée et les enseignants accordent beaucoup d’importance à l’écoute et au respect des jeunes tout en exerçant une autorité en souplesse et en douceur. La pédagogie est elle aussi adaptée. Lorsque les élèves sont interrogés, ils se disent plus heureux que dans les collèges où ils étaient scolarisés auparavant. Ce sont pourtant des élèves en difficulté, souvent en rupture avec le milieu scolaire. Dans l’enquête PISA 2009, des systèmes scolaires ont été identifiés par les élèves comme favorisant leur bien-être. Ces systèmes ont, d’après les élèves, des professeurs s’intéressant à leur bien-être.

Lorsque l’enquête PISA interroge les élèves scolarisés aux Etats-Unis, 81% d’entre eux répondent que la plupart des enseignants se soucient de leur bien-être (contre 53% en France). Lorsque nous examinons le système scolaire des Etats-Unis, nous trouvons une différence dans la manière de considérer l’élève. Le système scolaire des USA est moins élitiste qu’en France : il n’existe pas de redoublement ni de sélection avant 18 ans. Il n’existe pas de coefficient entre les matières qui sont toutes aussi importantes les unes que les autres. Deux matières sont obligatoires, l’anglais et l’histoire américaine. Pour les autres matières étudiées, l’élève organise son emploi du temps comme il le souhaite pour valider ses crédits.
Des élèves étrangers scolarisés en France et des élèves français scolarisés aux USA ont été interrogés sur les différences entre les deux systèmes scolaires. Il semble bien qu’une des différences majeure, au-delà des rythmes scolaires, concerne les relations entre élèves et professeurs. Elles sont jugées plus amicales, agréables, ouvertes et décontractées aux USA qu’en France. Les professeurs sont plus attentifs aux élèves, plus disponibles au cours de la journée. Il n’y a pas que leur
enseignement qui compte et ils respectent les élèves comme des personnes à part entière. Ils passent plus de temps autour des cas particuliers. L’école française semble attacher plus d’importance au savoir et à la connaissance, l’école américaine semble plus attachée à l’épanouissement de la personnalité et à l’apprentissage de la vie sociale.

Une refondation du système scolaire en France est envisagée. Les éléments relevés dans d’autres systèmes d’enseignement ou dans d’autres pays pourraient constituer des pistes de travail utiles.

Un résumé de la thèse (17 pages)

 

Texte intégral

Détail des analyses avec des tableaux comparatifs notamment p. 69, p. 71, p. 124-125, p. 139-141, p. 146-147, p. 157-160, p. 168-169, p. 173-174, p. 178-179, p. 184-186, p. 189, p. 199-200, p. 204, p. 207-209du PDF

La thèse complète (323 pages)

 

Bien-être scolaire : Un seul lit pour deux rêves

Les élèves ont-ils leur mot à dire sur le bien être à l’Ecole ? Médecin scolaire, Marianne Lenoir publie une thèse originale sur le bien être scolaire. Originale déjà par le sujet : la bibliographie montre que peu d’auteurs ont travaillé sur ce sujet depuis la fin du 20ème siècle. Originale aussi par la méthode. Tous les travaux antérieurs ne se sont intéressés qu’aux déclarations des adultes. L’idée de départ de Marianne Lenoir c’est d’interroger les élèves et de confronter leurs représentations à celles des adultes.

Propos recueillis par François Jarraud

Le bien-être à l’école est un sujet très peu traité. Dans votre thèse on trouve par exemple l’étude de D. Meuret qui remonte à 1997. Pourquoi ce manque d’intérêt pour ce sujet ?
Beaucoup d’enseignants trouvent que le bien-être ne fait pas partie des objectifs du collège. Par exemple la puberté, qui éclate durant les années collège, n’est pas prise en compte. On délègue volontiers à l’infirmière l’éducation à la sexualité alors que cela concerne tout le monde.

Vous-même pourquoi avoir choisi ce sujet de thèse ?
Pour devenir médecin scolaire, j’ai commencé à l’école de santé publique une étude sur l’incontinence urinaire chez les élèves. J’ai interrogé des élèves. Et ce sont eux qui m’ont parlé du mal être au collège et m’ont proposé des préconisations pour rendre le collège plus vivable. C’est là que je me suis rendu compte, en lisant la bibliographie, qu’on n’avait jamais interrogé les élèves sur le bien-être. J’ai trouvé intéressant de le faire et de comparer les représentations des enseignants et des élèves. [...]

Quelles préconisations feriez-vous pour améliorer le bien-être des élèves ?
L’essentiel c’est de mettre vraiment l’élève au centre du collège. Qu’il puisse agir sur sa vie au collège, y compris sur la pédagogie. Dans beaucoup de pays on demande leur avis aux élèves sur la qualité de l’enseignement. Ne rien faire ici ne me paraît pas une bonne idée.

Extrait de cafepedagogique.net du 01.04.2014 : Bien-être scolaire : Un seul lit pour deux rêves

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